Episode Transcript
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(00:00):
Music.
(00:33):
Amine. Coucou les gars, comment allez-vous ? Coucou Thier, comment ça va ?
Très bien, merci pour l'invitation.
Oui, ça va, t'as passé une bonne semaine ?
Oui, c'était bien, c'était facile, mais cool. Et toi ? Comme d'habitude.
Mais ça va, tranquillement.
Écoutez, aujourd'hui, nous continuons notre série sur les défis et les réalités
(00:56):
du continent africain, en mettant focus aujourd'hui sur un sujet particulièrement
sensible, le système médical en Afrique.
Lors d'une de nos conversations récemment sur un des épisodes,
nous avions évoqué les lacunes dans la formation des professionnels de santé
et aussi le laissé-aller médical qu'on observe dans certains hôpitaux.
On avait notamment mentionné l'accident de mon frère.
(01:20):
Ces questions touchent à la fois à la santé publique, mais aussi à la vie quotidienne
de millions de personnes à travers le continent.
Donc, c'est un sujet qui nous tient vraiment à cœur parce qu'il a des implications
directes sur la population africaine.
Donc aujourd'hui, on a voulu plonger un peu plus en profondeur dans ces problématiques,
réfléchir ensemble à certaines pistes peut-être d'amélioration.
(01:44):
Donc aujourd'hui, on n'a pas un invité, mais deux.
On a d'abord Djili, qui est médecin, je peux dire, en huitième année d'année
de médecine, mais qui va faire une spécialité en chirurgie cancérologue et qui
est actuellement interne un peu partout au Sénégal.
Il a une expérience du système, travaillant et aussi vivant en première ligne
(02:06):
ses dysfonctionnements.
Et on a Martha qui a subi ces dites conséquences de ses dysfonctionnements.
Nous trouvons que c'est important d'avoir le point de vue des deux en temps
pour comprendre la situation.
Ils vont se présenter, profilement et tout. Et ensuite, on va prendre le vis du sujet.
(02:27):
Donc, Dili, à toi l'honneur.
Bonsoir, bonsoir, chers amis. Bonsoir. Bonsoir.
Merci aussi pour l'invitation. Bonsoir, Chouard. J'espère que tu vas bien. Bonsoir à toi aussi.
Salut. Je vais juste faire une petite présentation. C'est Dili Gissé.
(02:49):
Mon prénom, c'est Abdoukhad, Abdoukhad Gissé.
Je suis en huitième année de médecine au Sénégal.
En ce moment, je suis au niveau de mes stages cliniques au niveau des hôpitaux du Sénégal.
C'est un plaisir de partager avec vous pour ce sujet qui touche.
La population africaine et sénégalaise en particulier.
(03:13):
Merci, Gilles, d'avoir essayé de nous parler. Du coup, bonsoir tout le monde.
Gilles, Thierry, Aïcha, moi, c'est Maxa.
Aujourd'hui, moi, je vais vous parler de l'histoire, de l'expérience que j'ai
eue avec le système de santé au Sénégal. Et voilà.
OK. Du coup, en fait, quand Aïcha et moi, on a parlé de ce sujet-là,
(03:35):
Je disais à Aïcha que je trouve que dans toutes les choses, il faut vraiment
aller à la source même du problème.
Parce que je lui expliquais des réalités, parce que je suis ivoirienne,
des réalités qu'on voit en fait au Côte d'Ivoire par rapport aux erreurs en médecine et tout.
Vraiment un laisser-aller qui est limite effrayant.
(03:56):
Et je me suis dit que la base, même peut-être que la formation,
il y a un truc dans la formation qu'on a raté.
Parce que vivant en France maintenant, on voit que des fois,
oui, il peut y avoir des ratés aussi, comme dans tout, mais il y a des erreurs
vraiment qu'ils ne commettent pas ici.
Vraiment des trucs un peu basiques. Donc, la question que je vais poser à Dilila aujourd'hui,
(04:18):
est-ce que dans sa formation de médecine, est-ce qu'il a observé quelques lacunes,
en fait, par rapport peut-être… Déjà,
est-ce que quand il apprenait pendant tout son cursus et tout,
il a essayé des fois peut-être de comparer ce qu'il apprenait avec des choses à l'étranger ?
Comment est-ce qu'il a observé des lacunes, en fait, dans sa formation ?
(04:39):
Est-ce qu'il y a des choses qu'il s'est dit, mais j'aurais dû apprendre ça à
tel ou tel moment, j'ai appris ça sur le tard ?
Pour cette question, je me dis, d'abord, on peut parler de la formation en tant
que telle, la formation des médecins.
Je pense au Sénégal, dans la sous-région, on fait partie des meilleurs sur le plan de la formation.
(05:00):
Parce que, par exemple, dans notre UFR, nous, on compte, je pense, 23 nationalités.
Qui sont issus un peu partout en Afrique.
Le plan de la formation, il faut savoir aussi que c'est bien vrai qu'on va donner
des cours, qu'on va donner des explications, il y a des stages,
mais en matière de médecine, la formation, c'est continu et c'est presque personnel, entre guillemets.
(05:23):
Parce que pour être un bon médecin, entre guillemets, il faut se donner les moyens.
C'est vrai, on va essayer de comparer par rapport aux références au niveau mondial.
Par exemple, c'est plus facile pour un Sénégalais de prendre comme référence
ce qui se fait en France parce que les systèmes de formation diffèrent,
comme pour le modèle français que pour le modèle anglais, par exemple.
(05:45):
Parce que je pense qu'ils vont faire quatre ans de pure théorie.
Ensuite, ils vont faire les autres quatre ans pratiques pour le système anglais,
alors que pour le système français, ils vont rallier stage, c'est en alternation,
faire stage et cours à la fois.
Donc si on compare nous par rapport à ce qui se fait en France,
c'est vrai qu'on est en retard sur le plan de la formation parce que le plateau
(06:11):
médical quand même ne le permet pas assez.
Mais je pense théoriquement, si on parle que de la formation, on est bien formé.
Maintenant, il y a une différence entre être bien formé et être un bon praticien quand même.
Donc, c'est là-bas où on peut trouver certains discordants entre la formation
et la pratique qui est du ressort personnel du médecin ingénieur.
(06:34):
De mon côté, moi, pour revenir à la question, j'ai quelques amis qui font de
la médecine hors du Sénégal.
J'ai une amie qui fait de la médecine en France, une aussi qui fait ça aux États-Unis.
Mais pour dire vrai quand même, il y a une grande différence,
(06:55):
une très grande différence qui est très, très notable.
Mais je pense qu'au Sénégal, on est bien, on est bien formés.
Mais quand, lorsque tu parles de différentes idées, est-ce que je peux prendre
un exemple un peu palpable, en fait, pour essayer de voir quelque chose, où la différence,
elle est située au niveau des modules d'apprentissage ou vraiment par rapport
(07:16):
à des sujets qui sont mieux maîtrisés, par exemple, par tes amis en Occident que par toi-même?
C'est quoi, par exemple, la différence que tu as pu observer?
OK, bon, sur cette différence, je veux dire aussi que pour chaque contexte et
chaque région, il y a aussi des urgences sur le plan médical.
C'est-à-dire qu'il y a certaines maladies qu'on ne va pas trouver en Afrique
(07:40):
ou bien qui sont sous-diagnostiquées.
Il y a certains types de maladies qui seront diagnostiquées en Afrique parce
que ce ne sont pas les maladies qu'on a habituellement, qu'on va avoir habituellement à l'hôpital.
Parce que si on prend par exemple les maladies infectieuses,
Ebola, c'est sûr que ce n'est pas très fréquent de les trouver en Occident.
(08:02):
Par exemple, les fièvres hétéro-hémorragiques, on va les trouver en Afrique.
Donc sur le plan de la formation, on va plus se focaliser sur nos réalités par
rapport aux maladies et eux aussi vont plus se focaliser sur leurs réalités
par rapport aux maladies.
Parce que tout ce qui est allergie aux pollens et autres au Sénégal,
c'est sûr que si on fait le cours, c'est pour juste avider les didactiques pour
(08:26):
celui qui veut exercer ailleurs. mais c'est sûr qu'on ne va pas trouver pratiquement
de patients qui sont allégés aux problèmes.
Même s'ils sont allégés aux problèmes, bon, est-ce qu'ils sont exposés ?
C'est des choses qui sont très subjectives, mais sur le plan pratique,
je pense qu'on est bien formés.
Mais comme je vous ai dit, le plateau technique qu'ils ont, par exemple,
(08:48):
pour faire certains actes chirurgicaux, nous, on n'a pas ça.
Donc, pour la prise en charge, quand même, ça diffère parce qu'ils sont plus en avant que nous.
On attend la plupart du temps des références qui viennent en France ou bien aux États-Unis.
Les recommandations qu'on fait, c'est au niveau des congrès et c'est là-bas,
malheureusement, qu'on va prendre comme référence parce qu'ici,
(09:12):
pour faire certaines études sur des maladies, c'est très onéreux.
Et vous savez l'état de nos finances dans certains pays.
Bah du coup, moi la question, enfin ce que je comprends quand Julie explique,
c'est que la médecine de base, c'est un peu comme un métier de vocation,
c'est-à-dire vraiment qu'il faut
vraiment sentir vraiment que tu es appelé vraiment à soigner les gens,
il y a vraiment une disposition personnelle qui doit être mise en place au-delà de tout ça.
(09:37):
Et que par rapport au plateau technique au Sénégal, par rapport à ce qu'on leur
donne comme information,
normalement, tout est maîtrisé pour quelqu'un qui est consciencieux des études
qu'il fait et que par la suite, il est censé pouvoir être un bon praticien.
Effectivement. Ok. Mais en fait, moi, de ce que nous on perçoit,
(09:59):
quand on n'est pas dans le domaine, on a l'impression que,
comme si c'est pour ça qu'on se dit je ne parle pas de la Côte d'Ivoire mais
c'est vrai qu'énormément de personnes qui sont en études de médecine ou en pharmacie
décident d'aller au Sénégal pour se former parce que c'est mieux mais on trouve que par exemple.
On laisse trop de choses qui doivent être
(10:22):
de la responsabilité de la personne parce que le cas de la formation par exemple
ici peu importe je pense que Aïcha a étudié ici, Martha aussi pareil pareil,
on te donne énormément, en fait, le savoir est vraiment bien porté,
les choses sont vraiment approfondies.
Oui, c'est vrai que tu dois aussi effectivement pousser ton apprentissage toi-même,
(10:44):
ça c'est sûr, mais on trouve que quand même, il y a vraiment un puits de savoir incroyable.
Est-ce que tu me confirmes, par exemple, que c'est vraiment le cas aussi au
Sénégal où vraiment, des fois, il y a quand même de grosses difficultés qui
peuvent ralentir en fait certaines personnes ?
Oui, c'est vrai, c'est des choses qu'on rencontre ici.
(11:06):
Sur ce côté, comme tu l'as bien expliqué.
Ici, on nous donne du savoir, mais pas assez par rapport à ceux qui sont formés en France, par exemple.
Parce que moi-même, j'ai eu à bénéficier de certains trucs qu'ils ont partagé.
Mais quand tu regardes, ils ont des idées beaucoup plus pointues.
(11:28):
Alors qu'ici, il va falloir du temps que tout ça soit confirmé par d'autres
études, que ça soit adopté par tout le monde et qu'on puisse en profiter.
Parce que c'est lors du congrès qu'on met les dernières recommandations par
rapport à une telle maladie, par rapport à une telle prise en charge.
Donc, c'est vrai qu'en France, par exemple, qu'on pouvait avoir beaucoup plus
(11:51):
de liberté de marche, de manœuvre pour l'étudiant, c'est différent ici.
Parce qu'ici, l'étudiant, je ne vous le cache pas, intrigué,
mais il est limité par ce qu'on lui donne au niveau de l'école.
Maintenant, il va faire ses recherches, mais ce ne sont pas des recherches aussi approfondies.
La culture de la recherche n'est pas bien africaine.
(12:15):
Désolé de le dire, mais la recherche, quand même, c'est notre dernier souci.
Mais est-ce que, par exemple, tu as des ressources, en fait,
quand tu veux vraiment faire des recherches et tout, Est-ce que tu trouves vraiment
de la matière pour approfondir, à part Internet ou quoi que ce soit,
les bibliothèques et tout ça,
tu trouves des ressources en fait ? Oui, effectivement.
(12:36):
Maintenant, il y a un travail qui se fait.
Ah, c'est bon. Oui, il y a un travail qui se fait. Il y a les bibliothèques
numériques qui sont disponibles, qui sont à la disposition des étudiants.
Donc ça, je pense qu'on est en train d'évoluer sur ce côté.
Mais ça reste encore. Par rapport aux autres qui sont bien formés en France
ou quelque part ailleurs, ça reste encore.
(12:58):
Mais on est sur le bon chemin.
Excusez-moi, sur le bon chemin, excusez-moi.
J'ai tout mélangé.
C'est que toi, la reine du whipping, en fait, c'est la reine du whipping.
Elle whip tout. Elle mélange tout. On a abîmé.
(13:21):
Je m'attends juste pour me moquer de quelqu'un pour qu'aujourd'hui,
ça soit pas. Non, c'est ça. Super.
Non, du coup, pendant que je disais tout ça, ma réflexion, c'était que c'est
totalement normal qu'on voit autant d'erreurs et qu'on se pose la question,
est-ce que la formation, elle est bonne ?
(13:42):
Parce que si à l'école, on te donne, mais pas aussi pointu et qu'il faut que
tu ailles rechercher, peut-être aussi expérimenter, donc ça veut dire que les
étudiants, une fois en interne ou en stage,
ils ont besoin de, entre guillemets, tester pour trouver eux-mêmes,
parce que peut-être ils n'ont pas eu cette certitude avec leur formation, non ?
(14:05):
Ou je me trompe et que la conclusion, j'ai dû sauter à la conclusion,
mais ça ne s'est pas avancé.
Bon, pour la conclusion, quand même, je veux apporter quelques éclaircissements là-dessus.
C'est-à-dire, si on part en stage, si on fait comme vous le dites,
si on est en termes là-bas, parce que nous, il y a deux définitions d'inter.
(14:25):
Il y a les inters des hôpitaux, là tu passes par concours, on va prendre par
exemple 40 sur je ne sais pas 1000,
ici c'est ça qu'on appelle un terme les stages cliniques tu es évidemment en
stage clinique même si tu passes tout ton temps à l'hôpital,
mais il y a le service qui est là pour superviser,
(14:46):
genre il y a tes anciens qui sont là.
Donc il y a certaines personnes qui sont là pour confirmer ce que tu dois faire
pour valider ce que tu dois faire donc c'est une formation que tu vas recevoir aussi à l'hôpital.
On te laisse pas, bon tu finis pas tes études directes, on te laisse comme ça.
C'est une formation qui est continue.
(15:06):
Quand tu seras jusqu'en stage rural, c'est là-bas que tu auras cette liberté
parce qu'on t'a assez bien formé je pense.
Parce que de la deuxième année à la huitième année, tu es à l'hôpital mais sous
la supervision d'un chef de service.
Il y a aussi deux-trois aînés qui sont là-bas, les spécialistes et les DS.
Les deux sont des docteurs en spécialisation.
(15:29):
Les internes aussi sont des docteurs en spécialisation, mais il y a une différence de...
Je ne sais pas. Il y a une différence parce que l'un est passé en concours,
l'autre s'est inscrit. Je vois, là, je comprends mieux.
Mais genre, on ne te laisse pas directement, genre, comme je quitte ici,
on me laisse face à un patient, genre, en troisième, quatrième année,
non, non, on va bien te former jusqu'à sixième, septième, là-bas,
(15:53):
où tu as commencé à maîtriser.
Bon, juste, des fois, on peut trouver certaines erreurs, c'est-à-dire,
il y a des gens qui vont prendre des gardes quelque part alors qu'ils ne sont
pas bien expérimentés. C'est là-bas où se trouve le problème, en fait.
Oui. les gens vont prendre des gardes par-ci, par-là. Tu vas voir des étudiants
de cinquième, sixième année qui se cherchent dans la médecine.
(16:13):
Ils ne peuvent pas encore trouver les réflexes. Les réflexes pour bien prendre
en charge un patient qui est venu à l'urgence et tout.
Tu vas prendre une garde quelque part, tu n'as rien à faire.
Il peut y avoir un homicide involontaire, tout ça.
Il peut y avoir une négligence médicale. Il peut y avoir un retard de prise
en charge ou bien une prise en charge qui n'a pas bien arrêté. Ça, on va en trouver.
(16:36):
Mais la responsabilité, là-bas, il va falloir bien structurer la responsabilité.
C'est la structure qui a donné la responsabilité à quelqu'un qui n'est pas censé tenir cette chose.
C'est la responsabilité directe de la structure qui a pris le 5e,
6e année et le confie en service d'urgence.
(16:57):
Ça c'est aberrant mais on va en trouver on va en trouver je te dis on va en
trouver toujours et ça va continuer si les autorités compétentes ne prennent
pas leur disposition là-dessus.
Et quand est-ce que tu fais les stages ? À partir de quelle année tu commences les stages ?
(17:18):
On commence les stages à partir de la deuxième année, normalement, au Sénégal.
Au Sénégal, tu commences la première année, c'est l'année d'initiation normale.
On commence là-bas, on vous donne les cours, tout ça. À partir de la deuxième
année, c'est alternance le matin.
Tu fais les cours le soir. Non, le matin, c'est les stages, excusez-moi.
(17:39):
Et le soir, penser les cours.
Donc, c'est comme ça que ça se fait. Maintenant, à partir de la 6e année,
là-bas, il y a plus d'examens.
Donc, tu vas enchaîner avec les états juste à la fin et soutenir la thèse de doctorat en médecine.
Je suis pas fort. Moi, j'avais une question, du coup, d'Ile.
Donc, ça veut dire que la formation, elle est parfaite.
(18:03):
Bon, parfaite, entre guillemets. En tout cas, ça fait partie de meilleure formation en Afrique.
Vous êtes bien formés, vous pratiquez bien. vous avez beaucoup de stages etc,
donc ça veut dire que le problème se situe au niveau administratif si je comprends,
ça veut dire qu'on met des gens qui sont peut-être pas assez compétents pour faire ce qu'il faut.
Et ces gens là maintenant se retrouvent dans des situations comme tu disais
(18:25):
tout à l'heure mauvaise prise en charge tout ça,
après quand il y a un problème chacun se jette la patate chaude comment on va
dire ah c'est pas moi, on cherche,
c'est qui au final et on sait aussi que dans notre culture, par exemple au Sénégal,
on a tendance à tout le temps à dire « Yalla barna » « Dieu est bien » et on
(18:47):
laisse tout entre les mains de Dieu.
On ne cherche pas trop à chercher la source du problème et d'aller le régler.
Donc si je comprends bien, le problème pour toi c'est surtout au niveau administratif,
de comment on gère tout ça après.
Ouais, moi ma perception de la chose c'est ça.
Le truc c'est que, par exemple, pour être directeur d'hôpital,
(19:08):
tu n'as pas besoin entre guillemets de faire de la médecine.
Si tu fais, comment dirais-je, le master en administration des structures hospitalières,
tu n'as pas besoin d'être médecin. Non, c'est sérieux? Oui.
C'est sérieux. C'est sérieux. Le truc, c'est que il y a un moment où l'humain
(19:31):
s'est dit que l'hôpital est devenu une entreprise.
Je ne sais pas si vous comprenez un petit peu. L'hôpital, c'est à ce moment-là
là que tout est gâté, tout est gâté en même temps, c'est là où se trouve le problème,
c'est-à-dire du moment où on a pensé que l'hôpital est une entreprise,
maintenant l'hôpital doit faire entrer de l'argent, l'hôpital doit faire des
(19:51):
recettes, l'hôpital doit faire ceci, l'hôpital doit faire cela,
alors que normalement, ça c'est le ressort de, c'est pas d'une clinique ou quelque chose du genre.
Mais l'hôpital en tant que tel, si on donnait ça aux gens qui ont vécu l'hôpital,
qui connaissent l'hôpital, au moins s'il y a des choses, ça n'allait jamais se passer.
Ça, tu as soulevé un très bon point. Parce que je ne sais pas si tu es la même
(20:15):
chose à Abidjan, mais au Sénégal, il y a des malades qui arrivent, par exemple.
Je suis malade, j'arrive, je suis dans un état grave. On me dit,
tant que je n'ai pas payé, on ne me touche pas. « Ah, Martha,
laisse-moi t'expliquer ça.
Laisse-moi te parler de ce phénomène. Tu as conscience ? On te demande 12 mois
(20:36):
de conscience d'une résidence meublée ? » Alors que tu es en train de mourir agonisé.
Des fois, même le même médecin, il officie devant un hôpital public.
Le même médecin, il te laisse là-bas, il te dit « Tu sais quoi ?
Je ne peux pas te recevoir ici.
Va payer l'autre côté où je… là-bas, là. quand tu payes là-bas,
je peux te recevoir là-bas plus rapidement.
(20:57):
Tu arrives, des fois, tu viens de mourir, mais on te dit, toi,
on peut te faire quelque chose pour toi, c'est pas la peine.
J'ai vu des personnes devant moi, on leur a dit que il nous reste,
par exemple, tel nombre de médicaments, tel nombre de poches,
de tel, comment on appelle ça, produit, on ne peut pas vous injecter ça,
parce qu'il est déjà en train de mourir.
Si on lui donne ça à lui, ça ne sert à rien, il va mourir à 16h.
(21:19):
C'est mieux, on va économiser pour l'autre personne.
Oui! C'est terrible. Véritablement.
On voit des gens qui vivent des choses. C'est incroyable.
Et comme il a dit là, du moment que maintenant l'hôpital est devenu une entreprise,
on réfléchit en mode business.
Tu vends des tomates, c'est 100 francs. Tu n'as pas les 100 francs.
(21:41):
Bouge. C'est le bien, non ?
Voilà, on ne parle plus de santé. Il n'y a plus la question de c'est un être
humain qui a besoin de se soigner. Non. Public, privé, tout est mélangé.
T'as pas d'argent et du coup voilà justement je vous
parle de la formation parce que je me suis dit que quelqu'un quand même qui
a et je pense que Dilly a bien dit de dire aussi que mine de rien c'est vraiment
(22:04):
personnel aussi parce que c'est un peu comme une vocation parce que si tu es
vraiment étudiant vraiment quand tu vois tu dois soigner sauver des vies tu
peux pas étudier pendant tel nombre d'années,
et laisser quelqu'un agoniser mourir comme ça ou avoir vraiment un salaire total
mais pour essayer de passer sur ce niveau de formation et de passer au sujet
(22:26):
du laisser-aller véritablement qui est le sujet de cet épisode-là,
je veux savoir juste une dernière question, est-ce que,
pour toi, il y a quelques aspects que je te dis, bon, c'est vrai que tu dis
que c'est assez bien, pour ce qu'on nous donne quand même, c'est suffisant mais
est-ce que tu penses qu'il y a des aspects qui peuvent être améliorés que tu as pu voir,
dans ta formation ou des choses que tu te dis on peut juste retirer ça en fait
(22:52):
de la formation si tu as deux ou trois exemples en fait.
Ok. Bon, de mon côté, si j'ai rencontré quelque chose qu'on pourrait enlever
de la formation, je ne pense pas.
Des choses qu'on pourrait améliorer, oui, c'est-à-dire les simulations.
Et ça a commencé pour certains établissements.
Nous, le mien, les gens font les simulations, mais toujours comme je vous dis,
(23:16):
ce n'est pas comme chez vous à ce moment-là, mais quand même, on est sur la bonne voie.
Ce qui est sûr, c'est que la facilité que les pays développés ont,
c'est qu'ils peuvent tout essayer sans utiliser comme combat à la personne.
Ils peuvent faire l'assimilation à distance, essayer, se tromper,
(23:38):
on te forme et il n'y a pas de conséquences directes pour la personne.
Alors que nous, je vous dis, votre premier patient, il va bien se souvenir de toi, ça c'est sûr.
Parce que tu es un petit peu maladroit, tu es en face de la personne alors que
(23:59):
tu te dis, c'est là où tu vas commencer. De toute façon, tu vas commencer par une personne.
Maintenant, tu vas bien le faire, tu vas mal le faire. Ce sont des choses à
corriger, mais il y aura toujours quelqu'un qui sera là pour te superviser, pour te montrer la voie.
Donc, il n'y aura pas d'impact direct, mais je vous assure que le patient va
bien se souvenir de ta situation.
(24:21):
J'ai une dernière petite question. Je me suis rappelé d'une question que Martha avait posée là.
Est-ce que tu as des amis étudiants avec qui tu as fait de la vie de médecine,
qui tu sais personnellement qu'ils ne sont pas vraiment forts en pratique,
même théorique c'est un peu limite, limite, mais ils continuent d'évoluer,
(24:43):
d'avancer et vous allez être médecins ensemble ?
Non, non, il faut sauter les noms.
En tout cas, ce que je veux vous dire, c'est dans tous les corps de métier.
(25:11):
Par exemple, là où vous êtes, vous connaissez des gens qui sont là,
vous vous demandez comment ils sont arrivés là. C'est clair.
Tu vas voir des personnes, tu vas les confier des tâches, toi-même tu as honte, ça c'est sûr.
Mais il y en a, je suis d'accord, il y en a un bon paquet, mais quand même,
le truc est toute tes réputations, surtout en médecine.
(25:35):
C'est-à-dire que c'est par rapport à ta réputation que tu vas recevoir des malades.
C'est par rapport à ta réputation que tu vas plus recevoir des malades.
Il y a des gens qui vont passer pour une consultation une fois de ta vie.
Tu ne vas jamais y retourner.
Ça fait que c'est une appréciation qui est personnelle déjà du patient,
(25:56):
mais aussi entre collègues.
Si j'ai le choix entre référer, par exemple, si ce n'est pas ma spécialité,
toi tu viens me rendre de visite, tu viens pour une consultation,
je vois que ton problème, il te faut un ORL, par exemple.
J'ai un choix entre Martha et Aïcha.
Je les connais les deux. Je sais qui est plus sérieux. Donc,
(26:16):
naturellement, je vais t'orienter là où la ministre sera mieux.
C'est Aïcha. C'est Aïcha.
Martha, accepte ton respect. Accepte.
Je posais la question parce que je me suis dit, dans tous les corps de métier,
(26:40):
c'est comme ça, c'est vrai.
Mais vu qu'on parle vraiment de la santé, de la vie des personnes,
je me dis que c'est un peu plus important.
Et je me dis que quand même, il y a des professeurs, il y a aussi des médecins,
des professeurs en médecine qui, des fois, laissent passer dans les mailles
du filet, en fait, des personnes qui peuvent les recaler dès le départ.
Ils peuvent... Tu vois ce que je veux dire. Donc, dans le départ,
(27:02):
nous, par exemple, dans notre corps d'activité, je veux dire,
peu importe ce qu'on fait là, je ne vous montrerai pas forcément dans la santé,
le but, c'est de faire de l'argent guillemets.
À part que le gars devienne un mamayeur, un voleur, il n'y a pas de tuer quelqu'un, en fait.
Tu vois ? Mais il y a vraiment quelqu'un qui va potentiellement être tué ou rendu handicapé à vie.
(27:23):
Donc, je me dis, pour les trucs qui sont quand même flagrants,
c'est visible, en fait. Mais bon, l'autre truc c'est que pour le faire,
il va falloir mettre à l'épreuve la personne d'abord. C'est ça.
Il faut le mettre à l'épreuve parce que de là, tu peux pas dire sur le plan
théorique que bon, cette personne-là doit passer ou pas parce que la personne
(27:44):
passe à travers les examens et les examens, bon,
c'est des choses que nous tous on a fait, on donne un sujet à toute la classe
et si Si la personne a la moyenne, si la personne fait ses stages bien,
on ne peut pas décider si c'est un bon ou bien c'est un mauvais.
Il y a deux choses, c'est-à-dire, vous, par exemple, pour les autres citoyens,
s'ils font une erreur dans leur corps d'activité, par exemple,
(28:07):
là-bas, on va dire que, bon, on va laisser ça à la loi.
Alors que nous, on a un tribunal qui nous juge d'abord avant de nous libérer à la loi, en tant que tel.
Tu vois, nous, quand on fait une erreur, par exemple, le juge,
il ne peut pas venir me dire que tu as fait telle erreur.
Parce que sinon, ce n'est pas grand-chose. Il ne peut pas dire sur le plan de
(28:31):
la prise en charge que j'ai enfreint la loi. C'est ça.
Ce n'est pas ses compétences, ce n'est pas sa domaine d'activité.
Il ne peut pas venir me dire non, là, tu as fait une erreur.
Mais il y a l'ordre des médecins qui va faire cette contre-expertise.
C'est pour cela que les dossiers médicaux sont très importants.
(28:56):
On va donner à un expert qui va faire contre-expertise qui
va exploiter le dossier là où tu devrais
faire telle chose que tu ne l'as pas fait là que
tu as pris du temps à poser une indication par exemple à poser en thérapeutique
là-bas on peut dire maintenant au niveau de l'ordre des médecins que telle personne
a fait telle erreur et ça c'est purement médical maintenant c'est l'ordre des
(29:20):
médecins qui va voir si on doit te sanctionner si on doit radier,
si on doit te suspendre,
maintenant si ça sort carrément dans le cadre de la médecine là-bas on va te
livrer à la loi qui avec des chefs d'accusation que l'ordre des médecins va
trouver par ce part là pour dire que ça c'est homicide volontaire ou quelque chose du genre là-bas,
(29:41):
Tu seras seul face à la loi. Parce que chaque patient a ses droits et que tu dois respecter.
Mais du coup, Gilly, est-ce que vous vous protégez entre vous ?
Parce que moi, je n'ai jamais entendu au Sénégal un médecin qui a été radié
ou sanctionné parce qu'il a fait une erreur, par exemple.
Gilly, excuse-moi avant de
répondre à une question qui est reliée à ce que Mme a posé comme question.
(30:03):
Parce que je sais que, par exemple, vous avez des professeurs en médecine qui
sont intouchables. C'est-à-dire que lui,
c'est le seul professeur en telle spécialité, lui, on ne le touche pas.
Et tous ceux qui travaillent avec lui et tout, ils ne font jamais d'erreur aussi. On dirait un village.
Bon, je vais en revenir sur ça parce que les professeurs d'université, autant,
(30:26):
tu pouvais voir un seul prof pour une spécialité dans un pays mais là tu peux voir 5,
6, 7 profs qui sont là qui font la même spécialité et qui ne sont pas dans des
services dans les mêmes services et chacun aussi a sa école,
c'est pour cela qu'on dit des fois que la présidence est une école dépendante,
c'est-à-dire qu'il y a sa propre école c'est-à-dire que dans son service,
(30:48):
il y a des choses qu'on peut faire dans son service on peut procéder d'une certaine
manière et dans d'autres services, on peut changer de prise en charge.
Maintenant, la finalité, c'est quoi?
La finalité, c'est quoi? Est-ce que le patient a eu un bon suivi?
Est-ce que le patient est resté vivant, par exemple?
Est-ce qu'on a guéri le patient? C'est là-bas où va se trouver le problème.
(31:11):
Parce qu'en réalité, c'est une science, mais ce n'est pas une science exacte, la médecine.
Parce qu'on ne maîtrise pas tous les paramètres pour bien prendre en charge un patient,
on peut faire le même protocole pour un patient, ça marche on fait le même protocole
pour l'autre, ça marche pas parce que vous savez que les êtres humains diffèrent
d'une personne à l'autre donc il y a ces trucs là on peut pas dire avec certitude,
(31:35):
que cette personne a fait telle erreur.
Mais il y a de ces erreurs qui sont flagrantes. Il y a ces choses, tu le fais.
Même une personne qui n'est pas professionnelle de la santé va te dire que là,
tu as merdé, par exemple.
Mais est-ce qu'on les radia à ce moment-là, comme Martha a demandé ?
Bien sûr, bien sûr, bien sûr. Il y a des suspensions, il y a des radiations.
(31:58):
Il y en a beaucoup, il y en a beaucoup.
Nous, on connaît des gens qui, depuis deux ans ou bien trois ans,
ils n'ont pas exercé la médecine.
C'est un autre cas. Mais tu vois, là, par exemple, comme tu as dit,
est-ce que vous vous protégez parce qu'il y a des personnes qui sont censées ne plus exercer?
Mais avant, par exemple, la clinique était la clinique Salam Clinique,
(32:19):
mais elle est devenue Salem Clinique quelque part d'autre.
Et on sait qu'ils font ça, en fait.
Ok, bon ça c'est des choses qui sont directes en rapport avec la loi.
Si on t'interdit par exemple d'exercer une certaine profession,
c'est comme si tu tenais un produit illicite.
Donc ça c'est à la loi de faire son rôle comme il se doit. Et je pense,
(32:41):
moi, que les gens qu'on a radiés ou bien les gens qu'on a suspendus,
bon, ils ne font pas leur médecine ici, au Sénégal, non.
Ils ne vont pas le faire. Peut-être qu'ils peuvent sortir et le faire au Burkina
ou bien le faire dans un autre pays.
Je ne dis pas le Burkina pour stigmatiser, mais je fais ça comme exemple. Je suis désolé.
(33:06):
Donc, s'il y a des cas d'exclusion ou bien de radiation, c'est sûr que la personne
ne va pas le faire dans le pays.
Mais aussi, il y a toujours des intrus. Il y avait un cas de,
je ne sais pas, un certain docteur Samba, je ne sais pas, Samba,
le gars, il était tellement bien placé dans les trucs communicationnels du ministère
(33:28):
de la Santé, Si je ne me trompe pas, en 2020,
lors de la COVID-19, alors qu'il avait cartouché à la quatrième année de médecine,
donc il s'est procuré, je ne sais pas, un faux titre de docteur en médecine, quelque chose du genre.
Mais quand on l'a su, quand les gens ont fait l'investigation,
on l'a arrêté et on l'a mis en prison.
(33:49):
Donc, il y a des cas, il y a des cas de radiation et d'exclusion.
Bon, les gens font le tour pour que la justice soit faite.
Maintenant si on se protège entre nous pour certains fautes je dirais oui oui
c'est en langue de bois si on se protège entre nous, oui mais il y a ces choses,
(34:09):
que personne ne va prendre la responsabilité de protéger l'autre il y a des
cas de négligence, je suis d'accord
il y en a beaucoup il y a des cas de négligence il y a des cas de retard de
prise en charge mais des fois aussi il y a des situations qui font qu'il y a
une négligence ou quelque chose du genre parce que le personnel.
On n'a pas l'effectif qu'il faut dans les structures.
(34:31):
Ce n'est pas suffisant. Donc, il y a certains cas où les gens se protègent.
C'est des choses qui arrivent en mortel. Est-ce que tu as déjà observé des cas
très graves où tu étais personnellement dans ce service et que tu as vu des
cas de laisser aller médical où là,
(34:51):
tu t'es posé la question à savoir qu'est-ce que tu fais là ?
Ou non, tu ne l'as pas encore rencontré dans ta carrière?
Pour être franc, oui, il n'y a même pas une semaine.
Ce n'est pas un laisser-aller, tu vois, quelque chose qui est très grave,
mais je me dis que si on avait, parce que c'est un laisser-aller,
(35:13):
je suis d'accord, mais aussi il n'y avait pas,
le personnel n'est pas suffisant parce qu'il y a beaucoup de malades.
Par exemple, je vous donne un exemple seulement, il y a certaines structures,
il y a certaines structures, je vous dis, Tu vas voir des patients,
surtout en gynécologie, tu vas voir des patients qui sont deux par lit parce
qu'il n'y a pas assez de lit.
Et si une personne est venue, genre, dire la tâche en complet,
(35:36):
par exemple, non pas dire la tâche en complet, c'est que l'accouchement est imminent.
L'accouchement est imminent en ce moment, on ne peut pas adresser la patiente
à une autre structure. Donc, on va faire l'accouchement à la voix.
Par exemple, tu vas voir que, surtout en ce mois de septembre où il y a beaucoup
de naissances, tu vas voir qu'il y a beaucoup de patientes et le personnel n'est pas suffisant.
(35:59):
Donc, on néglige par contre à contre-cœur au fait.
Tu ne peux pas faire, par exemple, tu ne peux pas faire des accouchements à
la voix. C'est impossible.
Mais des fois, il y a des cas de laisser aller ou c'est la responsabilité personnelle
d'un agent de santé qui fait qu'on arrive là.
(36:20):
Comme le cas où je vous ai dit, bon, tu vois des fois des patients,
tu te dis que s'il y avait un suivi sérieux, Bon, on n'en est jamais arrivé, là, ça c'est sûr.
Oui. Et on va continuer de voir ça. On va continuer, ça, on va continuer de
voir, du moment où les politiques ne se focalisent pas sur la santé comme l'axe
(36:43):
ou bien l'un des axes de développement.
Bon, là-bas, c'est sûr qu'on va toujours voir des cas de négligence,
des cas de mauvaise prise en charge et autres.
Oui, non, ça c'est sûr. Et Marta, est-ce que tu peux nous partager ton expérience,
du coup, toi qui as subi des conséquences, on va dire, un peu plus sérieuses
de ces SAV dans le système médical ?
(37:06):
Alors du coup, moi, c'était quand j'étais plus petit, je devais avoir moins
de deux ans, ou à peine deux ans.
J'ai suivi mon père, en fait. Il parlait au téléphone.
Il est rentré dans une pièce. J'ai mis ma main sur la porte et la porte s'est
refermée toute seule. Du coup, j'ai eu une petite fracture.
(37:26):
C'était rien de grave sur le coup.
On m'a amené à l'hôpital pour voir
si tout allait bien. d'ailleurs je vais citer le nom hôpital de Louvre.
Attends attends,
on est pas encore arrivé quelque part ce petit potasse là.
(37:51):
Quand on va arriver quand on va réécouter oui tu peux citer en vrai cite je
sais même pas Je ne sais même pas le nom du mec, sinon j'allais citer lui aussi.
Moi, je crois que je connais, mais je cite l'hôpital. Il faut citer l'hôpital
seulement. Du coup, l'hôpital de Louga.
(38:12):
Du coup, j'y vais. Il voit qu'il y avait une fracture.
Donc, je vous laisse imaginer un enfant qui a deux ans. Ça ne sert à rien de
lui mettre un plâtre ou quelque chose qui...
Peut-être une attelle juste pour l'empêcher de se blesser encore plus.
Pour qu'ils voient qu'il y a quelque chose sur sa main.
(38:33):
Maintenant, eux, ils m'ont mis en plâtre. Au instant, ils m'ont mis en plâtre.
Et dès que je suis revenu à la maison, apparemment, je l'ai enlevé en jouant avec.
Mais c'était déjà trop tard. Parce que le fait qu'ils avaient...
En gros, je crois que c'était trop serré, en fait, comment ils l'avaient fait.
(38:56):
Je peux te rappeler. Vas-y. En fait, quand c'est arrivé, tellement t'avais pas mal.
Genre, t'as pleuré qu'au moment de l'accident. Même pas une minute.
Et ensuite, t'as arrêté de pleurer. Tu jouais avec ta main et tout.
En deux jours, ton os qui est cassé, il s'était déjà déplacé et solidifié quelque part.
Genre, il s'est entremis sur un autre os et il a commencé à se solidifier là-bas.
(39:21):
Donc, quand tu es arrivé à l'hôpital, eux, normalement, ils auraient déjà dû voir ça.
Mais non, ils ont quand même décidé de te mettre une plâtre pour encore plus
solidifier ce truc qui n'était pas bien et qu'il fallait qu'ils corrigent tout de suite.
Donc, toi, quand tu es arrivé, le plâtre, ce n'est même pas que c'était serré ou quoi.
C'est que t'étais enfant, t'avais pas mal tu jouais, donc le truc s'est enlevé
(39:42):
et c'est qu'une fois que t'es reparti ils ont dit ah mais attends en fait on
avait pas vu il y a ton truc qui est au mauvais endroit et il avait déjà commencé
à se solidifier mais on t'a aidé encore plus on t'a remis en plâtre pour que
ça se solidifie encore plus,
voilà je crois que t'as oublié comment on peut se solidifier sur l'autre main,
sur l'autre doigt en fait si tu veux comment on dit Nichols,
(40:05):
quand tu fais un point.
C'est les petits os, les phalanges, voilà.
Donc, imagine son phalange, son troisième phalange s'est cassé et il s'est soudé sur le quatrième.
Disons ça comme ça.
Donc, il a deux phalanges qui ont commencé à fuser ensemble, en fait.
(40:27):
Le majeur s'est soudé sous l'annulaire. Non, mais quoi? C'est l'annulaire qui
s'est soudé sur le pinky.
Ah, sur le pinky. Je ne sais pas comment tu sais.
Du coup, c'est mon petit doigt, moi. C'est le petit doigt qui avait eu une fracture.
Oui. Au niveau des phalanges. Du coup, ça s'est...
(40:50):
Je pense qu'ils n'ont pas fait de radio quand je suis arrivé pour voir.
Ils se sont dit, OK, c'est encore un enfant, juste on va lui donner le truc et tout.
Mais j'aimerais... C'est ce que je résume. Par rapport au fait que son doigt,
l'os soit directement soudé sur l'autre os, ça ne se fait pas en un jour.
Peut-être que toi, tu vas te rappeler plus que moi de comment ça s'est passé.
(41:11):
Mais moi, de ce que ma maman m'a raconté, c'est que dès que j'ai eu le problème,
l'accident, le lendemain, on m'a amené à l'hôpital. Je ne suis pas resté deux jours.
Ah, je comprends. En fait, c'est le plat qu'ils ont mis après les deux jours qu'il a soudé. C'est ça.
Ils ont remis notre plat pour resouder, en fait.
(41:31):
Le problème, c'est que je suis arrivé. Ils n'ont pas fait de radio en tant que
tel pour voir qu'en fait, il y a un problème et que l'os qui est cassé là,
il ne peut pas se permettre de faire un plat. En tout cas, pas maintenant.
Parce que peut-être Dili pourra développer plus sur ça, Mais un enfant qui grandit,
ses os en fait ne sont pas bien en place.
(41:53):
C'est juste que tu peux les limiter.
Au Sénégal, on dit que tu peux modifier le corps d'un bébé, d'un enfant encore.
Du coup, le fait qu'ils ont plâtré directement ma main comme ça,
sans vraiment voir... C'est ça en fait le problème.
C'est qu'il ne fallait pas le plâtrer. Peut-être qu'il fallait laisser juste
ma main comme ça, mettre un petit bandage, suivre en fait l'évolution de tout ça.
(42:18):
Maintenant, le fait de l'avoir plâtré, en fait, ils ont collé mes os,
en fait, du poignet jusqu'au début du doigt.
Tout ça, là, ça a formé un seul bloc. Comme si c'était un seul os.
Je ne sais pas si vous comprenez ce que je suis en train de dire.
C'est dommage que je ne peux pas vous partager, par exemple, les photos de la radio.
Par exemple, j'ai une photo de la radio récente. Tu as mes deux doigts en partant
(42:43):
du petit doigt et le deuxième qui suit. Je ne sais pas comment on appelle ça.
En tout cas, vous prenez le petit doigt et celui qui suit.
Ça s'appelle l'annulaire. L'annulaire, voilà.
C'est le poule, le clandest, le majeur, l'annulaire, l'auriculaire.
Ok, l'annulaire et l'auriculaire.
Les deux, en fait, c'est comme s'ils avaient une seule base.
(43:07):
Ils formaient un seul os et ensuite, il y a chaque doigt qui part de son côté.
Et ça, qu'est-ce qu'il a fait ? C'est le fait qu'en fait, ils ont direct immobilisé maman, en fait.
Immobilisé les deux doigts. Ils ont fait deux erreurs. De grosses erreurs.
Déjà, ils n'ont pas bien identifié le problème. Le problème,
(43:29):
à savoir, l'os s'est cassé, mais il s'est aussi déplacé.
Au lieu de rester à son endroit et de casser... C'est comme si ta rotule est
cassée, mais elle a bougé.
Elle est venue de l'autre côté. Derrière ton agent.
Mais eux, ils disent qu'ils n'ont pas vu ça. Donc, comme ils n'ont pas vu ça,
ils plâtrent ta jambe jusqu'au genou.
Et donc, tu vois ce qui se passe ? Ta rotule finit par se fixer derrière ton
(43:52):
genou, au lieu d'être devant ton genou.
C'est la seule analogie que je peux expliquer. Donc, déjà, ils ont mal identifié
que son os s'était déjà déplacé.
Et deuxièmement, de l'avoir plâtré. Donc, ils n'ont non seulement pas eu le
bon diagnostic, mais en plus, ils ont empiré la situation parce qu'ils ont fixé
les os. Et comme Martha le disait, étant jeune, même en une semaine,
(44:15):
ils auraient pu fixer ses os, en fait.
Parce qu'il était vraiment, genre, il avait à peine, il n'avait même pas deux
ans, en fait, Martha. C'était un bébé, littéralement.
Donc, ça s'est passé hyper rapidement. C'est les deux grosses erreurs.
Moi, je ne comprends toujours pas comment ils ont fait pour ne pas avoir vu.
Je ne comprends pas, mais bon, bref. Vas-y, Martha. Martha?
Bon, est-ce que je peux donner quelques appréciations là-dessous?
(44:38):
Vas-y. Bon, je pense que, déjà, comme tu as dit, c'est une erreur de diagnostic, déjà.
Est-ce qu'à l'époque, ils avaient une bonne radio ?
Ah ouais, ouais. Ça, c'est ce qu'on appelle pseudarthrose, c'est-à-dire deux
os qui ne devraient pas se toucher normalement et qu'il y ait un calvitiaire
entre les deux. Et ils m'ont opéré.
(45:00):
C'est-à-dire que quand on est revenu et qu'ils se sont rendus compte de leur
bêtise, ils ont dit « oui, on va l'opérer, on peut le modifier ».
Et là, vous voyez par exemple sur la photo, ça c'était avant parce que j'ai
refait une autre opération il y a 7 ans comme ça vous voyez que mon petit doigt
il part sur le côté et ça c'est à cause de l'opération qu'ils ont fait,
(45:23):
soit disant qu'ils allaient régler le problème si on fait l'opération,
du coup là moi j'ai une cicatrice sur ma main.
Et mon doigt partait sur le côté et j'ai refait une autre opération cette fois-ci
en France et j'ai perdu par exemple un bout de doigt Peut-être que j'ai dû perdre
trois centimètres de doigt pour pouvoir,
en fait, le fait que le petit doigt n'est pas complètement sur le côté droit,
(45:45):
le remettre, en fait, tout droit et limiter les accidents.
Parce que j'ai eu d'autres fractures par la suite parce que… Avec des rangs
? Oui, avec… Lors d'une bagarre, j'ai frappé quelqu'un, direct, ça s'est cassé encore.
Pardon, ici, on ne fait pas la publicité de la violence, s'il te plaît.
Donc, les trucs de pratiquer le terme à demain, c'est cassé, là.
(46:08):
En plus, tu as mal introduit ça, parce que la vérité, c'est que avec la position
de ton doigt, qui part complètement à l'extérieur, il faut dire que ton petit
doigt était presque inutilisable, en fait, parce que tout ce que tu faisais,
tu le pointais vers le haut.
Tu n'arrivais pas à l'utiliser, en fait. Il n'y avait plus cette utilité de,
par exemple, si tu mangeais par la main, d'utiliser tes 5 doigts,
(46:30):
ben non tu mangeais avec des quatre doigts et donc ce que ça fait c'est que
toutes les choses que tu fais MFR c'est à dire tu ne prends pas ça à ticket.
Non je ne savais pas il allait manger avec une cuillère mais en fait tout ça
pour dire que ça qu'il a c'est pas qu'il y en a t'as dit qu'il y en a pour combien
à ticket je ne pouvais pas.
(46:54):
Même moi j'ai foufou moi je pose la question,
Pardon, Dili, tu te poses la question par rapport à ?
Non, vous n'êtes pas sérieux. Si je pouvais manger du foufou, par exemple.
Vous n'êtes pas sérieux. On est en train de parler d'un accident grave.
On est en train de parler d'un accident grave.
Même derrière, Aïcha, je sais que c'est droit. Comment c'est positionné,
(47:15):
là ? Donc, on voit. Tu comptes l'argent, Aïcha.
Pourquoi ça se positionne là ? Tu mets le léas comme ça. Tu mets ton doigt à
côté, puis tu le bloques.
Tu vas Dieu te voir. C'est pourquoi je le dis à Martin.
Tiens, pardon. Tiens, Dieu te voit. J'ai dit que Dieu serait content d'un genre
(47:38):
de lierre de pied. C'est ce qu'il dit.
Il dit Amen seulement, pardon. Amen.
Mais du coup, ça a fragilisé. En fait, ça a impacté tout ton enfance, Martin, je dirais.
Parce que tu jouais au foot, la balle te touche, allez hop, la main est encore
cassée ou enflée ou je ne sais pas quoi.
(47:58):
Tu joues, ça reste un peu trop fort avec quelqu'un, genre vous êtes en train
de rigoler, vous chamaillez un peu et tout.
Allez, bim, la main a un souci encore.
Donc, comment toi, tu as vécu ça pendant ton enfant?
Est-ce que c'est quelque chose auquel tu pensais constamment ou justement,
l'innocence de la jeunesse et tout, tu ne pensais pas, ça ne t'a pas dérangé plus que ça?
(48:20):
Non, à un moment donné, tu t'y es habitué, mais c'est vrai que il y a plein
de choses que tu ne peux pas faire.
Que ce soit des sports, que tu ne peux pas essayer parce que ta main ne te permet pas.
C'était surtout ça. Et aussi le fait que, par exemple, je ne pouvais pas manger à la banque.
C'est des trucs simples, c'est des trucs banals, mais par exemple,
(48:42):
des fois, on peut se moquer de toi sur ça, ou un truc comme ça.
Moi, ça ne m'affectait pas vraiment, mais moi, c'est plus sur l'aspect sport.
Il y a des sports, par exemple, que j'aurais tellement aimé faire et que je n'ai pas réussi à faire.
La bob, le basket. Le basket, j'ai essayé, mais je me blessais à chaque fois.
(49:05):
Est-ce que vous avez changé ?
Qu'est-ce que vous voulez poser en fait ? Est-ce que, en gros,
c'est quand vous avez pu venir faire l'opération en France, quand tu as commencé
à avoir une sorte de répit par rapport à tes multiples fractures là,
ou ça n'a pas vraiment changé grand-chose ?
Oui, ça a changé beaucoup de choses.
Par exemple, depuis que j'ai fait l'opération là, j'ai plus
(49:28):
j'ai plus j'ai pas assez d'accident après ça parce que le sujet de la vidéo
c'est les défis qu'on rencontre en Afrique des fois on parle du domaine médical
et tout mais je me dis encore une fois si t'as ni les moyens ni les ressources
de partir te soigner à l'étranger,
tu restes sur place et il n'y a pas les ressources de permettre en fait peut-être
(49:52):
qu'il y a un point une solution sur place Mais je dirais qu'il n'aurait pas
pu en fait avoir les moyens de se faire soigner à l'extérieur. C'est compliqué.
C'est très compliqué. Par exemple, on peut prendre l'exemple de...
J'ai quelqu'un dans ma famille, par exemple, qui a eu une fracture au pied, au niveau du tibia.
(50:13):
Ça s'est ouvert. Et encore une fois, à la même hôpital, Logan,
il est arrivé, il l'a attiré directement.
En pleine nuit, ils criaient genre de douleur. Le lendemain,
on l'a ramené à l'hôpital.
Quand ils ont ouvert, en fait, c'est comme si son pied avait commencé à s'infecter.
Attends, attends. C'est des maçons qui travaillent là-bas ou c'est comment ? Je ne sais pas.
(50:34):
Ils plafent seulement. Ils plafent seulement.
C'est des maçons. Non, vraiment. C'est comme si son pied avait commencé à pourrir.
Et il a fait plus de 15 ans avec cette plaie. La plaie, elle s'est fermée en 2017.
Attends, la plaie, elle s'est fermée. Tu vois, tu m'apprends des nouvelles.
(50:56):
Pour moi, ils avaient dû lui couper la jambe, je ne sais quoi.
Et à plusieurs reprises, ils lui ont dit, ouais, en fait, il faut qu'on se coupe
la jambe, c'est bien et tout.
Mais lui, il a persisté qu'il voulait garder son pied.
Du coup, il s'est forcé à marcher dessus. Il faisait ses traitements de son
côté, ses penchements, etc.
Et là, il a pu retrouver, il garde toujours sa jambe, mais il va toujours laisser qu'elle.
(51:19):
Et c'est pour revenir à ce que tu disais, c'est-à-dire que si tu n'as pas les
moyens, peut-être pour partir dans des cliniques privées, ou peut-être il y
a des médecins et le matériel qu'il faut en fait pour te soigner,
ou alors sortir, aller à l'étranger pour te soigner, des fois c'est compliqué,
c'est-à-dire pour des familles précaires, c'est très très compliqué,
(51:41):
tu perds ta jambe, tu perds ta main, ou tu perds ta vie.
Et derrière il n'y a pas de répercussions c'est pour ça que je demandais à Adilie
est-ce qu'il ne se protège pas au final il y a tellement.
De cas au Sénégal comme ça et au final ça finit pas en fait,
je vais faire l'avocat du diable parce que la plupart du temps le problème en
(52:05):
Afrique c'est qu'on ne porte pas plainte on ne porte pas plainte là Luga je connais,
au moins 10 personnes qu'ils ont soit tués, soit handicapés d'une manière ou
d'une autre, et il n'y a personne qui a porté plainte.
Il n'y a personne qui a remonté le nom d'un médecin pour dire qu'il y a cette personne.
Que ce soit les sages-femmes, les sages-femmes sont encore pires.
(52:27):
Que ce soit les gynécologues là-bas, tout le monde, je ne connais pas qui n'a
pas fait des dingueries à un être humain, et il n'y a personne qui a porté plainte.
Toi-même, tu vois, quand on a demandé aux parents de porter plainte,
qu'est-ce qu'ils ont dit ? Ils ont dit oui, mais c'est déjà fait de toute façon,
c'était ton destin, c'était écrit déjà que ta main allait être comme ça.
Il n'y a personne qui a porté plainte.
(52:48):
Donc là, ce n'est même pas qu'ils se protègent entre eux, parce que probablement,
ils ont vu que leur confrère a fait une erreur.
Mais si le patient ne va pas se plaindre, le médecin ne va pas,
enfin, il pourrait, mais je n'imagine pas que Djili va aller dénoncer à mon
collègue qu'il a fait ci, qu'il a fait ça.
Ça m'étonnerait qu'il fasse ça, tu vois un peu. C'est pas ce que Djibé en pense,
mais moi je pense qu'on a aussi notre part de responsabilité dans le sens où
(53:08):
on n'a pas à porter blanc.
Bon, là, je voulais déjà parler du cas de la main de papa.
Parce que comme tu le disais, Aïssa, s'il y avait une fracture,
s'il y a une fracture même, chez l'enfant, l'enfant, il faut savoir que pour
faire une fracture, c'est très, très, très difficile.
C'est comme si vous prenez, comment dire, les branches d'arbre là,
(53:29):
quand c'est encore, comment dire, mieux.
Je vois ça un peu là. Quand c'est encore humide là, c'est ça qu'on appelle fracture
de bâton humide, je ne sais pas. Oui.
Quand c'est encore humide là, pour casser, vous voyez l'énergie que ça demande.
Ici, ce n'était pas un choc assez violent.
On ne peut pas avoir une fraction, on ne peut pas avoir déjà une luxation,
(53:52):
par exemple, que l'entriculation sort du lieu où ça devait être.
Maintenant, comme tu l'as dit, le fait que ça solidifie là-bas,
c'est très rapide parce que le développement des os de l'enfant, ça reste.
Parce qu'entre l'os en tant que tel et les cartilages, ça reste un espace que
l'enfant va combler avec son alimentation, avec son développement.
(54:14):
Donc si par exemple c'était juste une luxation alors qu'il y a un déplacement,
s'ils n'ont pas fait la radio qu'il fallait, ça a été fait une radio de face
et de profil, parce qu'il faut savoir qu'il y a une superposition des eaux ici,
donc peut-être de face on peut mal apprécier.
C'est pour cela qu'on fait une phase de profil, aussi il y a une troisième incidence de scapholite.
(54:39):
On fait comme ça pour voir réellement si on a sur tous les plans un déplacement ou pas.
Parce que normalement si on avait le scanner assez facile, j'imagine à l'époque,
à l'époque la radiographie ne devait pas être même assez accessible pour tout le monde,
donc on imagine avoir un scanner à cette époque, ça serait assez compliqué,
Mais c'est le scanner qui peut nous le transmettre en trois dimensions,
(55:03):
ce qui se passe réellement.
Parce qu'il ne faut pas oublier que si c'est une radiographie simple,
on n'a que deux dimensions.
Alors qu'il peut y avoir un chevauchement sur un troisième plan que la radio aura du mal à desserrer.
Ou bien des mini-frappures ou quelque chose du genre. Pour cela,
c'est pratique la radio.
(55:25):
De base, c'est pratique, n'est-ce pas, pour avoir un diagnostic.
Mais des fois, ça nous oriente plus à approfondir l'investigation,
à faire un scanner ou quelque chose du genre.
Maintenant, là-bas, je peux comprendre qu'il y ait une erreur médicale de prise
en charge, parce qu'il fallait d'abord situer le problème que tu as dit.
(55:47):
Il fallait situer le problème à savoir si c'était une fracture simple,
si c'était une fracture déplacée, si c'était une luxation ou autre.
Maintenant, le fait de venir d'Ak et de faire le plat directement à Saman,
c'est quelque chose qu'on peut déplorer.
Mais moi, je me souviens quand on était petit, avec Martha, sa main,
pour ne pas être guille, c'était quelque chose qui m'intriguait.
(56:14):
Comment ça se fait que sa main est comme ça ?
Parce que il était vraiment je me souviens quand il était petit genre moi personnellement
j'évitais de jouer avec lui pour ne pas que il se casse quelque chose parce
que tout le temps il avait ses petits soucis avec ça donc,
Donc, la médecine d'alors, quand on était jeune, je pense que c'était pourvahieuse
(56:35):
d'erreurs médicales et de retard de prise en charge ou bien de prise en charge
qui n'étaient pas adaptées.
Ça, moi, je vous l'accorde réellement.
Est-ce que de son expérience, on dit qu'il a été casté il y a longtemps, donc on peut excuser ça.
(56:56):
Mais actuellement, est-ce qu'il a été fatigué de ce moment-là?
Il n'a pas encore excusé l'hôpital de Lourdes.
Il n'a pas excusé. Il t'a dit excuser comment?
(57:17):
Non, non. Actuellement, quand lui, dans sa prise de fonction et tout,
est-ce qu'il rencontre ce genre de manque?
Parce que là, en fait, je pense que, on a parlé de formation au départ,
parce qu'ils ont été incapables on dirait même incapables de poser un diagnostic
ou des hypothèses qui pouvaient leur permettre d'aller vers, vers, vers, vers ok.
(57:41):
Pardon Djili je te coupe pas mais juste pour rajouter Djili va répondre parce
qu'il connait mieux que moi mais je pense pas forcément que ça soit une erreur
de formation parce que le chirurgien qui l'a opéré,
est un chirurgien que eux ils disent que ouais il est très bien que genre c'est
quelqu'un qui est bien qualifié académiquement parlant, mais pour la réalité,
(58:02):
il n'a fait qu'empirer sa main.
Donc, je pense que ça rejoint aussi ce que Djili disait, que la pratique et
le fait d'avoir des bonnes notes, c'est deux choses différentes.
Parce que sur papier, ce chirurgien, c'était censé être quelqu'un qui est très bien.
Mais en pratique, il a empiré sa situation, en fait. Il n'a rien fait.
Limite, il fallait laisser sa main comme elle était avant. Djili l'a dit tout
(58:23):
à l'heure, quand elle disait qu'il faut qu'on améliore la simulation,
parce que des fois, il y a des actes, des interventions, tu les fais directement sur le patient.
Peut-être qu'en cas comme ça, lui, il n'en avait jamais vu. C'est sûr, oui.
Je voulais en venir là-dessus parce qu'il faut savoir que la spécialisation
(58:44):
en chirurgie pédiatrique, c'est quelque chose qui vient d'arriver plus ou moins en Afrique.
Ce n'est pas quelque chose qui est là depuis 20 ans, quelque chose du genre, je ne pense pas.
C'est quelque chose de nouvel en Afrique. Et il faut savoir qu'avant,
c'était les chirurgiens viscéraux qui prenaient en charge des fois les patients orthopédiques.
(59:05):
Ou bien c'est l'orthopédiste même qui prenait en charge l'enfant alors qu'il
ne maîtrise pas forcément la physiologie ou bien l'anatomie fonctionnelle de l'enfant.
Parce que c'est pour cela qu'on a fait une sous-spécialisation qui est la chirurgie pédiatrique.
C'est-à-dire que tout ce qui est pédiatrique, c'est ce chirurgien-là qui est
censé faire l'opération.
(59:26):
Donc c'est ce chirurgien qui est appelé à faire l'opération quand on parle de
chirurgie pédiatrique.
Maintenant, ce que je voulais rajouter là-dessus, c'est que je pense que,
moi, ce que je pense, c'est que, comme Tom Matar l'a dit,
c'était une première pour ce chirurgien d'être en face de ce genre de problème.
(59:50):
Parce que si c'était un chirurgien ou bien un orthopédiste assez expérimenté
ou qui en a vu des cas à la pédiatrie je pense que même s'il ne peut pas régler le souci,
je pense qu'à Dakar par exemple à Farn ou bien à l'hôpital principal ça manquait
un chirurgien pédiatre ça je crois,
donc il y a cela je ne sais pas 10, 15 ans, 20 ans peut-être il y avait cette
(01:00:14):
pénurie mais là actuellement on ne la rencontre pas.
Actuellement on n'en rencontre pas parce que actuellement il y a cet éveil de
conscience qui montre que on ne peut pas tout maîtriser on ne peut pas tout
savoir dans certains pays il y a des gens qui font une sous-spécialisation,
(01:00:35):
de l'armée seulement ils vont faire des chirurgies comme l'armée il y en a qui
vont prendre une seule articulation pour se spécialiser là-bas pour montrer
la complicité de la prévention oui,
Maintenant, on a plus cette humilité de dire là, on ne maîtrise pas.
Là, ce n'est pas de mon ordre de prise en charge. On va référer ça à un autre spécialiste.
(01:00:59):
Donc, actuellement, c'est des choses qu'on voit de moins en moins.
Ça, c'est une bonne nouvelle déjà, si on voit de moins en moins.
Mais Martin, comment ont évolué tes émotions face à cette situation ?
Comment tu l'as ressenti pendant que tu étais jeune, avant que tu te fasses
(01:01:20):
opérer pour la deuxième fois à l'étranger, et maintenant avec du recul ?
Comment tu te ressens par rapport à ça ? Est-ce qu'il y a des moments où tu
te dis, si mon enfant avait subi la même chose, j'aurais fait ça, ça, ça, ça ?
Ou bien est-ce qu'avec du recul, même si tu parles avec, on dirait,
un peu de resentment, un peu de colère ? Est-ce que tu rigoles ?
(01:01:41):
Ou bien, t'es vraiment sérieux ? Tu veux fermer le... Non, je suis très sérieux.
Je suis très sérieux. Je suis très sérieux.
Et je pense que si c'était à refaire, mes parents allaient porter plainte.
Parce qu'après, tout ce que, genre, ils ont dépensé sur ça, pour que je puisse
retrouver une main un peu normale, ou en tout cas, qui se remarque au moins,
(01:02:06):
C'est énorme. Et ça, pas tout le monde peut se le permettre.
Donc, oui, moi, même si je connais juste quelqu'un, que je te connais juste
comme ça, par connaissance, et qu'il t'arrive un problème comme ça,
et que je pense que c'est une erreur médicale, moi, je vais te dire d'aller jusqu'au bout.
Parce que pourquoi ? Parce que pour éviter, en fait, que demain,
(01:02:27):
ça arrive à quelqu'un d'autre.
Parce que peut-être que ce médecin-là, moi, je connais que mon cas,
mais peut-être qu'il s'est trompé sur peut-être dix autres personnes.
Et eux, par contre, n'ont pas eu la chance de régler ça.
Donc, oui, sur ça, je n'ai pas changé.
Pardon c'est un truc à laf en fait parce que je le connais vous ne connaissez
(01:02:51):
pas Marta, Marta c'est vraiment un mec genre on a parlé de l'épisode sur la
rancune mais il fallait qu'on mette Marta aussi dedans non mais en fait,
mais Aïcha tu vois qu'on a parlé du fait que les gens disent que oui il faut
laisser c'est ton destin Dieu et tout ça moi dans ce genre de situation là je
vois plutôt le côté où peut-être qu'il n'aurait pas eu ça il n'aurait pas été
(01:03:12):
aussi sensible à ce genre de problématique-là, en fait.
Parce que là, c'est son doigt, c'est sa main. Ça aurait pu être son pied.
Comment il est grenadier, il marchait comment ?
C'est clair. C'est quand même pour voir. Tu vois ce que je veux dire, non ? C'est clair.
Donc, je veux dire, en fait, que là, encore, c'est son doigt,
mais en fait, c'est comme si c'était un mode... Tu vois, toi, c'est ton petit doigt.
Tu regardes ton petit doigt, tu peux même le mettre dans ta poche,
(01:03:34):
cacher, faire des trucs et tout, si ça te dérange, quoi que ce soit.
Mais il y a d'autres personnes, Tu vois, ça le rend sensible,
vraiment. Et toi, par exemple, qui es sa soeur, voir ton frère dans cette situation,
par exemple, tu es encore plus sensible à cette problématique-là,
tu vois, pour permettre aux gens de communiquer dessus.
Et moi, je me dis que des fois, justement, il peut arriver des choses comme ça, juste pour ça aussi.
(01:03:54):
Ça, tu vois, c'est un peu, voilà, ce côté-là. Mais après, je me dis,
bon, encore, tu vois, encore une fois, tu n'as pas les moyens de pouvoir aller de l'avant.
C'est compliqué. Et je pense aussi que c'est l'éducation qui fait que je te
dis que tu as confiance en toi.
Ce n'est pas ma main qui va changer mon apparence ou quoi que ce soit.
Parce que là, tu vois, Djili même, il le dit, j'avais peur de le bousculer et tout.
(01:04:19):
Parce que, vois, de ne pas trop le bousculer, pas qu'il se blesse.
Oui, non, ça, c'est sûr. Et ça, pour te donner juste un point de vue,
je pense que Djili ou moi, nous, tout autre, on faisait attention à lui,
mais lui, il ne faisait pas attention pour lui.
Tu vois ? Je trouve que c'est mieux comme ça.
Non, il avait du mal à être à la hauteur de la situation en fait.
(01:04:41):
Je te jure, ils sont en foot, ils faisaient karaté, machin. À l'école,
c'était le sanguin qui voulait se battre toutes les semaines.
Il allait jouer, il allait faire du foot, il allait se jeter sur le sol.
Il n'en avait rien à faire, vraiment. C'était nous autour, on faisait attention.
Maman, elle était tout le temps stressée parce que chaque jour,
elle s'attendait à ce qu'il se casse encore la main.
(01:05:01):
Et aussi le stigmatisme. En fait, je pense que c'est ça, on n'en parle pas souvent.
C'est qu'en Afrique, quand tu as un handicap, peu importe ce que c'est,
peut-être juste t'es migraineux et que ce sera ton handicap il
y a quand même comment dire un stigmatisme que
les gens posent sur toi genre par exemple de sortir d'aller dans
une autre maison et de demander une cuillère pour mon
(01:05:22):
frère parce que tu le vois like il mange avec trois doigts avec trois doigts
il y a tout le riz qui tombe en fait il mange 10% de ce qu'il prend dans sa
main il n'y a rien qui rentre dans sa bouche parce qu'il ne peut pas il ne peut
pas plier ses deux autres doigts mais pourtant les gens le regardent ou bien
ils sortent des commentaires Ah bah lui,
il se prend pour un blanc ou je ne sais pas quoi.
(01:05:44):
Non, non, non, pas un blanc. Clairement, tu manges du riz avec trois doigts.
Tu manges du riz avec trois doigts, tu manges comme un raciste.
Clairement. C'est même pas un blanc même en fait. Là, vraiment,
tu as envie de faire peur de pousser le lit.
Non, il ne parle pas du fait que je mange avec les trois doigts, on va dire.
C'est le fait que je demandais en fait une cuillère. Il demande la cuillère.
(01:06:06):
Il parle du fait qu'il demande la cuillère. Ah, je ne mange pas avec sa main.
Il mange avec une cuillère et du coup moi qui étais plus grande je pense qu'il
y a beaucoup de choses j'en parle pas avec Martin parce que je sais pas s'il
s'en rappelle et je vois pas que ça devienne un traumatisme parce que s'il s'en
rappelle pas tant mieux s'il l'a bien vécu tant mieux mais moi genre tu vois
(01:06:26):
les mots les trucs comme ça j'oublie jamais,
Et juste d'entendre des gens faire des commentaires très ignorants,
ne pas même savoir la réalité des choses, pourquoi il a cette main et tout.
Que déjà, ce n'est pas de sa faute, ça n'avait rien à voir avec nous.
Et que voilà, c'était une erreur médicale et puis c'est comme ça.
Après, on est reconnaissant qu'il ait pu avoir cette deuxième opération et le changer.
(01:06:46):
Mais c'est sûr, en tant qu'être humain, il y a des moments où tu t'assoies et
tu te dis, s'il n'avait pas ça ou si seulement il n'avait pas ça,
il aurait pu faire ça, il aurait pu faire ça, il aurait pu faire ça.
Parce qu'il y a toujours cette peur quand même qui te retient et de savoir qu'il
y a beaucoup de choses que tu
ne peux pas faire parce que ta main ne te le permettrait jamais en fait.
Genre, c'est ton destin.
(01:07:07):
C'est au fait que tu ne peux rien y faire.
Mais je ne sais pas. C'est après, Martha, bon, je ne pense pas que ça ait touché
ta confiance mais bon, voilà quoi.
Moi, j'avais une dernière question
pour toi, Djili. Est-ce que tu as déjà ressenti le syndrome de Dieu?
D'ailleurs, je ne sais pas si on vous en parle à l'école et tout.
Pour ceux qui ne savent pas, le syndrome de Dieu, c'est quand les médecins arrivent
(01:07:30):
à un stade où ils se pensent un peu, pas intouchables, mais que c'est eux qui
décident de la vie ou de la mort de quelqu'un.
Mais dans un sens vraiment beaucoup plus poussé que juste soigner quelqu'un.
C'est genre, ils se prennent vraiment pour... Et je te demande la question parce
que j'ai côtoyé des gens qui sont passés par ces phases en étant exposés à plein
(01:07:52):
de trucs dans le milieu médical.
Donc, je voulais savoir, est-ce que tu as déjà eu ça ou est-ce que tu as rencontré
des gens dans ta promo ou des gens que tu as croisés qui ont eu ça ?
Avant que tu répondes, je crois que ce soit la dernière question,
mais juste une question liée à ce que Martha a vécu et tout,
(01:08:12):
et ensuite on termine, ça va être le syndrome de Dieu.
Vraiment, je veux savoir, est-ce que lorsque il y a des problèmes.
Vous basez vraiment aussi sur le psychologique, c'est-à-dire vous apportez vraiment
un soutien psychologique aux personnes qui rencontrent ce genre de problématiques-là, en fait.
Est-ce qu'il y a des choses qui sont mises en place, s'il y a un suivi.
Par exemple, moi, dans mon travail, en fait, on gère des établissements de santé,
(01:08:36):
en fait, du médico-social, du médical et tout ça.
Et en fait, il y a eu une erreur, en fait, sur une petite fille,
et ça a été vraiment un truc vraiment pas possible, en fait, à gérer.
Mais en dehors, en fait, de tout le protocole qui est mis en place dans cette situation-là.
Certains directeurs ont tenu quand même à apporter vraiment du soutien,
à réexpliquer aux familles, à inviter les familles à comprendre,
(01:08:58):
à expliquer vraiment comment ça va se passer, à vraiment envoyer les gens à
comprendre le problème et expliquer que ce n'est pas une fatalité.
J'ai l'impression que, par exemple, dans ce cas-là, c'est que sa famille qui
a géré cette situation-là.
Est-ce que des choses sont mises en place dans les hôpitaux,
par exemple, peut-être que tu
officies, par exemple, pour accompagner des hommes en zone de situation?
(01:09:20):
Pour répondre à la question, il y a une problématique qui est là.
C'est-à-dire que, nous, ce qu'on se base pour définir l'état de santé,
la bonne santé, l'OMS l'a définie comme un état complet de bien-être physique, mental et social.
Il ne consiste pas seulement à une absence de maladies ou d'infirmités.
Mais nous, en Afrique, on se limite à l'état de santé physique, physique seulement.
(01:09:46):
Et ça, je pense qu'on est en phase de remédier ça parce que,
Pour notre ministère de tutelle, maintenant c'est le ministère de la Santé et de l'Action sociale.
Au moins, on tend vers le social, mais sur le plan psychique,
il faut savoir qu'il y a une négligence de la part de la population.
C'est-à-dire, si tu parles de dépression, par exemple au Sénégal,
(01:10:08):
on va dire que celui-là, il s'invente une vie à la française comme ça.
Alors que ce sont des problèmes de santé qui sont là, qu'on doit prendre en charge en fait.
Et je pense qu'il y en a certains qui n'ont pas cette déontologie,
cette éthique, à savoir accompagner le patient sur le plan psychologique.
Et ça, c'est quelque chose de très, très important, mais il faut savoir aussi
(01:10:33):
qu'il n'y a pas un nombre assez important de psys dans les structures.
Moi, dans les structures où je suis passé, je n'ai jamais rencontré un psy,
jamais. et le médecin, il doit faire deux rôles à la fois.
C'est-à-dire, il doit prendre en charge l'état physique, l'état psychique et
parfois même l'état social de la personne.
(01:10:55):
Parce que pour vous dire, il y a les côtés sombres de votre pratique.
Il y a les côtés sombres de votre pratique, c'est-à-dire on peut trouver des
négligences, des erreurs, mais aussi il y a des côtés sur le plan social.
C'est-à-dire, on fait des cotisations. Moi, par exemple, j'ai des patients.
Si ils ont besoin de sang, on n'en a pas.
(01:11:15):
C'est moi qui vais donner mon sang, par exemple.
On va se déplacer dans certaines régions très, très reculées.
On va faire des consultations gratuitement. On va essayer de trouver des partenaires
pour avoir des médicaments, même si c'est une réponse ponctuelle qui demande un suivi après.
(01:11:35):
Mais les moins, ils ne sont pas là pour avoir le suivi. Mais quand même,
on essaie quand même de faire certaines choses pour aider la population.
Mais sur le plan psychique, tellement ça manque,
c'est-à-dire la psychologie des gens, mais ça aussi, il faut savoir que l'Africain,
il n'est pas programmé, par exemple, la société dont on est,
(01:11:59):
on n'est pas programmé à souffrir sur le plan mental.
Parce qu'on se dit que c'est mystérique ou bien quelque chose du genre. C'est des simulations.
Alors que c'est tellement important. Le fait que ton mood peut déterminer ton
état de santé, il y en a plusieurs personnes où, quand ils ont un bad mood,
c'est sûr qu'il y a tout leur corps qui leur fait mal, ils sont mal passés,
(01:12:22):
ils sont mal parlés, ils sont hypochondriacs.
Des douleurs qui ne peuvent pas se situer dans leur corps. Alors que c'est des choses,
lorsqu'on prend la chose à la racine,
c'est des choses qui sont durables par exemple maintenant s'il
y a un problème il va falloir quand même apporter ce
soutien mais comme je vous dis c'est de
la responsabilité personnelle par exemple du médecin ou bien de l'auteur en
(01:12:45):
question pour essayer de remonter le moral au patient ou bien d'essayer de trouver
quelque chose de palliatif pour essayer de gérer la situation mais nous dans notre pratique,
Non, ce que je peux dire, ce que je peux prendre comme exemple,
nous on se base beaucoup, beaucoup, beaucoup sur le plan mental parce que le
(01:13:08):
plan physique c'est quelque chose qui souhaite aller.
Mais des fois il y a des patients qui viennent, qui vous parlent des problèmes
de santé, toi-même, ton premier réflexe va être est-ce que cette personne est
bien dans sa tête ? C'est ça. Je lui demande qu'est-ce qui se passe ?
Tu essaies de pousser un petit peu l'interrogateur en montrant un ton assez
familier. Tu essaies de contourner la personne, de l'expliquer.
(01:13:31):
Des fois, le patient a besoin juste d'une faille pour se livrer à toi-même.
Parce qu'il y a nous-mêmes qui disaient, pour dire l'importance de cet aspect,
c'est-à-dire, il y a un des anciens médecins qui disait, écoutez le patient,
il vous donnera le diagnostic.
C'est-à-dire on n'est pas des superman qui vont voir de loin ou bien des docteurs
(01:13:57):
qui vont voir de loin le patient il a ça et on a le diagnostic il faut écouter
le patient il faut s'inquiéter de la situation il faut se préoccuper de sa situation,
psychique pour qu'il puisse te dire c'est ça que j'ai ou bien c'est ce problème que je présente donc.
(01:14:18):
C'est une bonne nouvelle mais vraiment et en plus de ça je me rends compte en
fait que malgré le fait qu'ils ne soient pas nombreux ils essaient quand même de prendre le temps,
tu vois d'essayer de gérer cette partie-là en fait tu vois parce que sinon la
fin de l'année c'est comme une usine en fait tu rentres tu as quoi tu ne sais
pas tu as quoi tu sors tu as quoi tu sors tu vois sauf que là vraiment c'est
(01:14:39):
pose-toi on essaie de te poser des questions de répondre et que finalement ces
êtres comme nous qui ont 24 heures aussi et 24 heures où ils doivent se concentrer véritablement.
Moi je pense que si en Afrique on avait le
même matériel et le même suivi que les
occidentaux en matière de médecine
mais on allait être des extraterrestres parce que tu vois les médecins africains
(01:15:02):
ils sont des brouillards avec rien du tout ils te font des maladies ils te soignent
de ces maladies parfois ici même ils ne voient rien parce qu'ils sont tellement
orientés sur le détail et sur « non, non, non, normalement, ça doit être comme ça ».
Alors qu'en Afrique, le médecin, il sait que « normalement, ça n'existe pas
». « Normalement », c'est un terme qu'ils ne vont pas te dire parce qu'ils savent,
(01:15:25):
ils sont sur le terrain, ils savent qu'avec rien, ils peuvent se débrouiller.
Donc, bien évidemment, c'est à déplorer, c'est vraiment triste,
mais je pense qu'il nous faut une politique vraiment qui se ressente sur ça,
parce que c'est dommage.
On a des gens tellement talentueux, on a des médecins tellement talentueux,
mais une partie du problème aussi réside dans le fait de leur mettre dans des
(01:15:47):
bonnes conditions d'avoir assez de médecins,
d'avoir du bon matériel, de pouvoir leur donner justement le temps qu'il leur
faut pour consacrer à chaque patient et pouvoir poser des bons diagnostics vraiment surtout pour ça,
moi je pense que c'est les politiques quand même qui doivent.
Appuyer sur ce côté pour que toute la la population puisse se sentir bien sur
(01:16:13):
le plan sanitaire parce que c'est juste les moyens qui manquent.
Il faut mettre les moyens là où il faut, mais comme vous le savez, dans nos pays, bon,
On préfère les métrages. C'est ça. C'est clair.
Pour peut-être clôturer l'épisode, on vous a quand même pris une bonne partie de votre après-midi.
Est-ce que tu veux revenir sur le syndrome de Dieu, peut-être ?
(01:16:36):
Oui. Pour l'information, moi, j'ai bien de connaître ce type, le syndrome de Dieu.
Mais j'ai compris ce que tu veux dire par là.
Mais des fois, on en rencontre des gens qui se prennent vraiment pour l'autopuissant.
Mais moi, personnellement, tout ce que je fais, je ne suis pas là aussi pour
(01:16:57):
inventer quelque chose de genre,
mais tout ce que je fais en matière médicale et aussi en dehors de ça,
je prime sur l'humilité parce que je sais que je n'en sais pas plus que d'autres
et je sais que je ne suis pas plus âgé que d'autres.
Donc, je dois respecter aussi le patient parce que je serai un patient.
Le truc, c'est qu'il y en a qui...
(01:17:19):
Je serai un patient aussi. Parce que ça sera inéluctable, je serai un patient
d'un médecin ou d'un autre. Je serai un patient, je serai appelé un patient.
En ce moment même, il y a une autre appellation. C'est plus médecin-patient, mais soignant-client.
Parce que si tu ne sois pas bien le patient, entre guillemets,
mais bon, il peut en trouver des milliers comme toi, ou bien plus expérimenté
(01:17:43):
que toi, plus compétent que toi, plus entrepreneur que toi.
Donc, c'est une relation qui doit être mutuelle. C'est une relation de coopération.
Tu viens dans mon cabinet pour des soins, tu viens dans mon cabinet pour,
comment dirais-je, pour que je vous donne des propositions ou bien des suggestions,
il va falloir que le médecin aussi,
(01:18:04):
il va falloir que le médecin aussi ait cet auteur de dire que,
bon il est venu vers moi parce qu'il pense que j'ai des compétences mais je
suis pas le seul à les avoir parce que j'ai des collègues tu ne peux pas compter
le nombre quand je te donne mes répertoires,
quand tu mets des R seulement tu ne peux pas compter le nombre qui va sortir d'ici.
(01:18:26):
Eux tous ils sont au Sénégal ou la major part donc ça montre que tu n'es pas
indispensable dans la bonne tenue ou bien la bonne santé d'une personne il y
a des milliers de gens qui peuvent le faire.
Maintenant les patients ils ont cette lecture de se dire, s'ils pensent que
la prise en charge, excusez-moi, n'est pas bonne, bon, ils vont s'orienter vers d'autres structures,
(01:18:47):
ils vont signer des décharges et sortir de la structure et aller voir un autre
médecin qui pourra les prendre en charge.
Mais comme je te dis on va recroiser on va recroiser des gens qui se prennent comme.
L'autopuissant c'est sûr en tout cas on sait que tu es ample mais quand même champion.
(01:19:12):
T'es un super bon médecin faut le dire tu vois on sait que voilà il te reste
encore du chemin moi qui m'a soigné cet été voilà Voilà, non,
et puis soigner, il faut préciser, il faut donner les détails,
soigner à distance, tu te rends compte ?
À distance, je l'appelle à 5h, je lui envoie un message à 5h du matin,
(01:19:32):
je lui dis, man, à l'heure-là, je ne sais pas où je suis.
Vraiment ? Je lui envoie une ordonnance, en deux deux.
C'est pas grave mais non non sérieux on t'a connu toujours très sérieux avec
les études avec vraiment,
être dans detail oriented vraiment quelqu'un qui est soucieux de l'autre donc
(01:19:55):
c'est pas surprenant je te jette pas du tout des fleurs quand même tu sais je
te calme non non je sais que tu vas m'entraîner c'est juste un peu ça.
Profite vraiment mais vraiment pour dire que on sait comment tu travailles dur
et en tout cas que Dieu te facilite tout qu'une des fois sur le podcast on va
t'appeler et on va te présenter en tant que,
(01:20:18):
chirurgien cancérologue et que voilà tu vois t'auras fait
des choses incroyables pour le continent et
on n'en doute pas parce que il faut des jeunes qui
sont motivés qui ont des idées et qui vraiment sont soucieux du bien-être de
la population africaine pour faire évoluer et avancer les choses et on n'en
doute pas que tu peux faire partie de ces personnes et on te souhaite être vraiment
(01:20:39):
que le meilleur et que Dieu te facilite vraiment sur cette route.
Mais voilà, on te remercie beaucoup parce qu'on sait que tu n'as pas le temps
d'avoir pris au moins 1h40 là pour faire cet épisode avec nous.
Martha aussi, merci d'avoir partagé ton expérience et d'avoir bien nommé Luga.
(01:21:01):
Donc, si vous avez vécu des expériences traumatisantes dans cet hôpital,
envoyez-nous un message parce que je sens que Martha, il va les amener au tribunal
bientôt oui je suis en train de former un dossier là,
là j'attends juste le financement de Talcamine et puis c'est bon regarde comment
on se lance maintenant nous c'est quoi le même examen oui.
(01:21:26):
Non mais enfin merci beaucoup Merci à tous, surtout merci à Adili Vraiment l'humilité
on l'a ressenti T'as pris vraiment le temps de nous expliquer Les choses et
vraiment merci C'est le seul mot qu'on peut dire, vraiment merci Beaucoup, beaucoup,
beaucoup Quand ça va péter vous aurez les crédits Ne vous inquiétez pas On va
se rappeler de vous On va se rappeler de vous, ne vous inquiétez même pas Sinon
(01:21:49):
on va vous appeler, t'inquiète pas.
En tout cas, moi, pour mon côté aussi, je vous remercie pour l'invitation.
Je vous remercie aussi pour l'essence qu'on a eue.
Je pense que c'était quelque chose qui va nous apporter en plus chacun comment
se comporter par rapport aux structures sanitaires et autres.
(01:22:13):
C'est une bonne expérience pour moi aussi. j'ai pu profiter de certains témoignages
qui vont me servir dans ma pratique.
Je vous remercie encore une fois.
Merci beaucoup, Dili. Et tu reviens quand tu veux. Marta aussi,
vous revenez quand vous voulez. Dites-les bienvenue.
On se dit à la semaine prochaine alors.
(01:22:36):
On a fini. À la semaine prochaine, ce que je retiens, soigner les gens,
c'est une vocation. On ne t'a pas appelé là-bas. Va faire autre chose.
Les maçons qui se retrouvent à l'hôpital qui placent les gens, on ne veut plus de ça.
Bonne journée, bonne semaine à vous, on vous aime. C'était Talcamine. Ciao, ciao.
(01:23:10):
Music.