Episode Transcript
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J-F Morel (00:06):
C'est une chose
d'avoir un prototype en
laboratoire qui peutfonctionner, c'est complètement
une autre problème detransformer une nouvelle
technologie dans une capacitéopérationnelle. Donc ça, c'est
vraiment quelque chose aveclesquels on travaille
étroitement avec les Forcesarmées canadiennes.
Capt Orton (00:26):
Salut, ici capitaine
Adam Orton pour Le balado de
l'Armée canadienne. Recherche etDéveloppement pour la défense
Canada ou RDDC est le cerveauderrière beaucoup de projets qui
sont mis en oeuvre dans lesForces armées canadiennes.
L'organisation règle lesproblèmes et propose des
technologies intéressantes queles militaires peuvent utiliser
dans leur vie quotidienne. Pouren parler, nous accueillons
(00:47):
Jean-François Morel qui est leDirecteur général des sciences
et de l'ingénierie, recherche etdéveloppement à RDDC.
J-F Morel (00:56):
Merci beaucoup de me
recevoir.
Capt Orton (00:58):
Peut-être pour
ouvrir les portes, pourquoi
est-ce que la science estimportante dans la conduite de
la guerre?
J-F Morel (01:04):
Si on y pense de tout
temps, la conduite de la guerre
a mené à de nombreusesinnovations. Ça a été le cas
essentiellement depuisl'antiquité où à chaque moment,
il y a eu des nouvellestechnologies qui ont été
intégrées dans la conduite desbatailles, dans la conduite de
la guerre. Et puisqu' il y aplusieurs exemples qui existent,
on peut penser par exemple toutsimplement à l'intégration de
(01:24):
l'aviation durant la premièreguerre mondiale ou plus
récemment les munitions guidéesavec précision lors de la guerre
du Golfe. Puis maintenant si onregarde ce qui se passe sur le
champ de bataille en Ukraine, onvoit que l'utilisation de
drones, d'engins autonomesessentiellement est en train de
aussi complètement révolutionnerla conduite des opérations.
Alors la science, elle estintimement intégrée dans la
(01:46):
conduite de la guerre de touttemps.
Et c'est important pour lesForces armées canadiennes d'être
au fait des développementstechnologiques, d'être au fait
des avancées scientifiques pourêtre en mesure non seulement de
se préparer aux menacesactuelles qui sont présentes
dans l'environnement desécurité, mais aussi de se
positionner pour faire face auxmenaces qui vont émerger dans
l'avenir et pour lesquelles ilfaut aussi être prêt.
Capt Orton (02:08):
Et c'est quoi le
rôle de RDDC dans le contexte de
ces développements-là Commentest-ce que ça fonctionne
J-F Morel (02:15):
Le rôle de RDDC en
tant qu'organisation, c'est de
comprendre les problèmes,comprendre les besoins des
Forces armées canadiennes entermes de recherche et
développement et d'ensuited'appliquer la méthode
scientifique pour trouver leplus rapidement possible des
solutions à ces problèmes-là.Notre force de travail est
composée principalementd'employés civils, donc du
(02:36):
ministère de la Défensenationale et dont une grande
proportion de scientifiques dela défense. Ces scientifiques de
la défense ont acquis au coursdes années une expérience très
très large en matière deconnaissances scientifiques dans
leurs domaines d'expertiserespectifs. Et le travail se
fait pas en isolation évidemmentà RDDC. On le fait avec toute
(02:58):
une série de partenariats l'onmaintient à la fois avec les
universités canadiennes, desuniversités aussi étrangères,
américaines ou ou européennes leplus souvent, qu'on fait
également avec l'industriecanadienne, mais aussi avec les
autres organisations de défensedes pays alliés que ce soit les
Five Eyes, que ce soit aussi lesorganisations au sein de l'OTAN,
(03:21):
il faut que les Forces arméescanadiennes demeurent
interopérables avec ses alliés.
Et si eux décident d'investirmassivement dans des nouvelles
technologies qui vont amenerleurs forces armées dans un
autre paradigme essentiellement,il faut que nous aussi on soit
capable de suivre cetteparade-là et puis de continuer à
pouvoir interopérer avec
Capt Orton (03:38):
Et en termes de
personnel, en termes de
grandeur, RDDC, c'est commentgrand et puis c'est quoi les
divisions internes
J-F Morel (03:46):
Donc RDDC, c'est une
organisation d'environ 1,500
personnes au sein de la défense,dont à peu près 700
scientifiques de la défense,plus d'autres travailleurs
scientifiques, par exemple desingénieurs ou des technologues
qui travaillent avec avec nosscientifiques. On a six centres
de recherche qui sont dédiésspécifiquement aux problèmes de
la défense et un centre derecherche qui est aussi dédié
(04:07):
aux problèmes de sécuritépublique, parce qu'on a aussi ce
mandat de soutenir lesministères fédéraux de sécurité
publique. Donc nos centres derecherche sont situés à travers
le Canada. On a un centre derecherche à Atlantique, un à
Québec sur la base deValcartier. On a deux centres de
recherche situés ici dans larégion de la capitale nationale
à Ottawa, un à Toronto et un àSuffield sur la base militaire
(04:29):
de Suffield.
Donc vraiment notre distributionest partout à travers le Canada
et on a des scientifiques quitravaillent majoritairement dans
chacun de ces centres derecherche-là.
Capt Orton (04:39):
Quel rôle est-ce que
disons la popularité de
certaines technologies joue dansqu'est-ce que vous recherchez?
Par exemple, des drones, c'estquelque chose qu'on voit sur le
champ de bataille toujoursmaintenant, tu sais, on a des
imprimantes en 3D, disonsl'intelligence artificielle,
souvent ça c'est dans lesnouvelles, certainement que d'un
côté technologique, on regardeces choses-là, puis on regarde
(05:00):
qu'est-ce que ça fait, est-ceque vous décidez de regarder un
problème dans ce domaine-là
J-F Morel (05:06):
Oui, c'est une très
bonne question, puis je dirais
que les recherches scientifiquesqu'on fait au sein de RDDC
peuvent grosso modo se regroupersous trois grandes catégories.
Je dirais que la premièrecatégorie, c'est justement ce
que vous évoquez, c'est-à-diredes problèmes qui nous sont
amenés directement par lesFforces, souvent par les
opérateurs qui vont nous direbon, mais en termes de, soit en
utilisant une plateforme enparticulier ou lors d'un
(05:28):
entraînement ou lors d'undéploiement sur le terrain, on
se rend compte qu'on fait face àtel ou tel autre problème.
Est-ce que RDDC, vous êtescapable de nous aider avec ça?
Donc des problèmes vraiment trèsrapides à régler ou parfois on
va développer de nouveauxsystèmes, des prototypes pour
aider à régler des problèmes ouparfois simplement faire une
évaluation technique puis amenerdes solutions qui peuvent être
(05:50):
mises en oeuvre rapidement. Doncça, c'est le premier type de
problème auquel on fait facepuis c'est souvent ça dans ce
domaine-là où les avancées qu'onvoit de façon la plus évidente
sur le champ de bataille, c'estcomme ça que ça va nous être
apporté. Donc si on pense parexemple au à l'utilisation des
drones présentement et puis dela nécessité de se protéger
contre les drones, c'estvraiment un problème très actuel
(06:11):
sur lequel on doit se pencherimmédiatement.
D'un autre côté, il y a aussi larecherche à beaucoup plus long
terme parce que c'est une chosed'être conscient des problèmes
auxquels on fait face maintenantqui nécessite des réponses
scientifiques, mais à plus longterme, on a des défis encore je
dirais plus grands. Donc quellesseront les menaces auxquelles
vont faire face les Forcesarmées canadiennes dans 10,
quinze, vingt ans. Et RDDC,c'est vraiment l'organisation
(06:33):
qui est capable de se penchersur ces problèmes-là, voir venir
essentiellement ces futuresmenaces-là qui vont définir
l'environnement de sécurité ettout de suite de commencer à
comprendre les fondementsscientifiques de ces menaces-là,
mais non pas seulement du pointde vue de la menace, mais aussi
du point de vue des capacitésdes Forces armées canadiennes
pour être capable d'avoir nousles capacités qui sont
(06:54):
nécessaires pour être capabled'opérer dans l'environnement du
futur. Et finalement, il y aaussi un autre type de recherche
qu'on fait dans lequel on estgrandement investi, qui est
l'aide à des décisions.C'est-à-dire que RDDC va faire
toute une série de recherchespour appuyer les Forces armées
canadiennes ou les décideurs duministère de la Défense dans
toute une série de décisionscomplexes.
(07:15):
On peut penser par exemple lesprojets d'acquisition majeurs
que l'Armée canadienne doitmener souvent avoir une bonne
compréhension de de la mixitéd'une flotte par exemple en
prenant en considération lenombre de soldats qui vont avoir
à utiliser une capacitéparticulière là où les
plateformes doivent êtrelocalisées sur les bases, les
(07:36):
besoins en maintenance, lebudget alloué. Donc c'est un
problème d'optimisation parfoisqui peut devenir très très
complexe et on a desscientifiques à RDDC qui peuvent
aider à faire des modélisationspour arriver au meilleur choix
possible, aux meilleuresdécisions.
Capt Orton (07:49):
Qu'est ce qu'on
regarde en ce moment pour
l'armée en termes de leurspriorités
J-F Morel (07:54):
Donc en termes de
notre soutien à l'Armée, il est
très diversifié à l'heureactuelle au sein de RDDC, donc
on est investi par exemple àl'appui de nombreux projets
d'acquisition courant de l'Arméecanadienne. Donc l'Armée
canadienne a plusieurs projetsnotamment qui sont liés au
commandement contrôle à l'heureactuelle. Alors on on développe
divers prototypes justement devisualisation des données qui
(08:17):
aident à mieux comprendrecomment ces données-là peuvent
non seulement être intégréesensemble pour offrir un meilleur
portrait du théâtreopérationnel, mais aussi en
gardant en tête un peul'opérateur dans tout ça. Donc
l'opérateur qui est derrière lesystème et qui doit l'opérer
jour après jour, est-ce qu'ilest capable lui ou elle de
recevoir toutes ces données-là,de faire du sens avec tout ça.
(08:41):
Il y a aussi bon plusieurs typesde recherches en termes d'appui
justement à la décision comme jel'ai expliqué un petit peu plus
tôt dans encore une fois essayerde voir c'est quoi le meilleur
type de de flotte par exemplepour les grands projets
d'acquisition, on met quand mêmepas mal de ressources là-dedans
également.
Et à plus long terme, il y ad'autres projets qui sont liés
par exemple à la vision de nuit,dans lequel on investit beaucoup
(09:03):
à l'heure actuelle. Par exemple,la visualisation 3D en termes de
vision de nuit. Donc, qu'est-ceque ça veut dire? Est-ce que ça
peut vraiment être quelque chosequi va améliorer les capacités?
Est-ce que d'un point de vuetechnologique, ça peut être très
très intéressant, puis ça peutamener une capacité complètement
nouvelle pour l'Arméecanadienne, les Forces armées
canadiennes? Mais aussi en mêmetemps, ça aussi, il faut garder
(09:25):
l'opérateur en tête, donc il y atoute une série de recherches
qui a lieu sur, est-ce que lesopérateurs sont capables de
maintenir ou d'opérer avec cescapacités-là pendant une bonne
période de temps, est-ce que çacause par exemple des maux de
coeur ou ou de la difficultéavec la vision ou quoi que ce
soit après un certain temps.
Donc ça aussi, c'est des typesde recherches qu'on mène à
l'heure actuelle.
Capt Orton (09:46):
Ça me fait penser,
tu sais surtout avec la vision
de nuit ou est-ce que ça vajuste sur un oeil, tu ne peux
pas voir tout justement en 3D,tu poigne sur toutes sortes
d'affaires, tu fonces sur deschoses, mais en même temps, ça,
faire l'échange entre ça, puisc'est avoir des maux de coeur
parce que tu n'es pas capable degérer comme qu'est-ce qui se
passe dans ton imagerie.
J-F Morel (10:05):
Exactement.
Capt Orton (10:06):
Ce n'est pas facile.
J-F Morel (10:07):
Exactement. Donc, il
faut faire attention
lorsqu'évidemment on introduitdes nouvelles technologies comme
ça. C'est c'est une chosed'avoir un prototype en
laboratoire qui peutfonctionner. C'est complètement
une autre problème detransformer une nouvelle
technologie dans une capacitéopérationnelle qui est prouvée
comme étant efficace sur leterrain. Donc ça, c'est vraiment
quelque chose avec lesquels ontravaille étroitement avec les
(10:28):
Forces armées canadiennes parceque nous, on travaille dans les
labos, mais il faut aussi qu'ontransfère cette technologie-là
dans le théâtre opérationnel.
Capt Orton (10:36):
Quel rôle est-ce que
les soldats jouent en termes de
ces développements-là parexemple, tu sais même en y
parlant juste maintenant sur leBalado, je suis sûr qu'il y a un
soldat à quelque part quivoudrait l'essayer là, tu sais,
ils veulent, ils veulent toucherà ça, juste le tester. Comment
est-ce que vous appliquez vosnouvelles technologies envers
les soldats pour faire un testvéritable de l'équipement?
J-F Morel (10:56):
On travaille très
très étroitement avec les
soldats dans la mise en oeuvrede tout ce dont on a parlé. Donc
on va participer par exemple,envoyer nos scientifiques lors
d'entraînement ou d'exercicepour essayer des nouvelles
technologies, voir si ça peutfonctionner. On va faire appel
justement aux militaires aussipour être des des testeurs
essentiellement des desnouvelles technologies qu'on va
(11:16):
mettre en place pour recueillirles les commentaires et voir si
justement on s'en va dans labonne direction parce que
parfois comme je l'ai dit lameilleure idée scientifique
technologique est peut-être pasapplicable sur le terrain
opérationnel alors c'estimportant d'avoir ces
changements-là, cetterétroaction et donc c'est fait
constamment. Un des bonsexemples notamment, c'est tout
ce qui concerne les nouvellescapacités qui existent en termes
(11:40):
de vêtements pour les opérationsdans l'Arctique. Donc on
travaille très très étroitementavec les Forces armées
canadiennes, notamment l'Arméecanadienne pour voir si les
nouvelles technologies quiexistent dans ce domaine-là, des
nouveaux matériaux notamment,est-ce qu'ils fournissent non
seulement la bonne protectioncontre le froid, mais aussi
contre l'humidité, est-ce qu'ilspermettent une bonne mobilité
dans le cadre des opérations, etcaetera, et caetera.
(12:02):
Alors il n'y a rien commetravailler justement avec les
membres des Forces arméescanadiennes pour avoir ces
données-là.
Capt Orton (12:07):
Vrai puis si on
pense par exemple en termes
d'équipement arctique, on se ditah oui c'est ce, seulement
j'avais comme le linge qui sechauffe par lui-même en
utilisant des batteries puis làon réalise que comme de la laine
ça a toujours fonctionné, çafonctionne bien mieux, puis des
batteries ça dure juste uncertain montant de temps tandis
que si on est là pendant commequatre semaines, ben talend ça
va faire la job.
J-F Morel (12:27):
C'est ça, il y a
beaucoup beaucoup de recherches
qui sont investis dans cedomaine-là justement à savoir
est-ce que ces vêtements-là quiexistent maintenant qui
fonctionnent avec des batteries,est-ce que c'est vraiment une
une bonne utilisation de latechnologie pour régler certains
problèmes Peut-être danscertaines circonstances, mais
pas tout le temps. Alors on ades scientifiques qui sont
appelés à travailler sur cesdomaines-là aussi.
Capt Orton (12:45):
Et est-ce qu'il y a
un domaine en particulier où
est-ce qu'on voit vraimentbeaucoup de croissance dans le
domaine de recherche?
J-F Morel (12:52):
Il y a beaucoup de
domaines qui nous préoccupent à
l'heure actuelle, donc oninvestit beaucoup d'efforts par
exemple à mieux comprendretoutes les questions liées à
l'autonomie, Donc justementl'utilisation des drones, des
systèmes d'armes autonomes,c'est quelque chose sur lequel
il faut se pencher à l'heureactuelle, reconnaissant
évidemment toutes les limitesaussi politiques et illégales
qui concernent ça, mais entermes de recherche et
(13:14):
développement, c'est importantpour nous de le comprendre, non
seulement pour être en mesure desavoir quelles capacités sont
là, mais aussi pour positionnerles forces armées canadiennes
face aux menaces qu'ils peuventrencontrer sur le terrain de
bataille. Donc ça, c'est undomaine qui nous préoccupe
particulièrement. Le domaine desâmes à haute énergie est aussi
un autre domaine dans lequel oninvestit passablement. C'est un
(13:38):
domaine assez intéressantnotamment pour justement dans le
contexte des contre-mesurescontre les drones entre autres,
c'est peut-être là uneapplication qu'on pourrait voir
à l'avenir aussi pour faire faceaux engins explosifs improvisés
qu'on peut rencontrer sur lechamp de bataille un peu
partout. Donc les armes laserpourraient être une bonne
capacité à mettre en oeuvre dansce domaine-là.
(14:00):
Un autre domaine qui nousintéresse particulièrement et
dans lequel on sait qu'on vadevoir investir davantage ce
qu'on appelle en anglais lasynthetic biology ou les
nouvelles applications en termesde biologie, c'est-à-dire
comment on peut joindre à lafois l'ingénierie et la biologie
pour développer des nouveauxsystèmes biologiques qui
n'existent pas dans la naturenormalement et qui peuvent
(14:20):
peut-être nous donner desnouvelles capacités en termes de
censeurs par exemple. Et ça çapourrait être un domaine très
intéressant dans lequel onsouhaiterait investir davantage.
Capt Orton (14:30):
Est-ce que vous
pouvez nous donner un exemple de
comme la biologie synthétiquequi s'appliquerait dans un
domaine militaire
J-F Morel (14:36):
Par exemple ce qu'on
voit des applications possibles
dont on entend parler, c'estnotamment des plantes qui
pourraient changer de couleurpar exemple ou devenir
luminescentes au contact de gaztoxique. Donc c'est c'est un des
exemples qui est souvent évoqué,qui permettrait justement
d'identifier des problèmes surles champs de bataille ou quoi
(14:56):
que ce soit de façon immédiatesans avoir recours à d'autres
types de censeurs. Donc c'est unpeu des avancées comme ça qu'on
voit vraiment plus tard dansl'avenir. On parle ici de
probablement quelques dizainesd'années avant que ce soit
applicable, mais il y a desrecherches déjà qui sont faites
dans ces domaines-là.
Capt Orton (15:10):
Ça me fait passer un
film de science-fiction je suis
sûr. Et on a exploré déjà dansun balado séparé au sujet de les
sciences humaines, on pense dèsfois que la technologie, tu
sais, c'est, on invente unmeilleur fusil, on invente une
meilleure armure, puis c'esttout un une escalade, mais il y
a aussi tout un domaine endehors des sciences dures qui
(15:33):
est comme la science del'humanité. Comment est-ce que
vous regardez cet aspect-là?
J-F Morel (15:39):
En effet, c'est un
autre domaine dans lequel on est
complètement investi à RDDC.Donc, je dirais que la majorité
de nos scientifiques sont malgrétout des des gens qui ont des
spécialisations soit enphysique, en ingénierie, en
chimie, donc les sciences pures,les sciences naturelles. Mais on
a aussi une bonne proportion descientifiques qui sont davantage
des spécialistes de sciencessociales ou même d'histoire
(16:01):
jusqu'à un certain point parceque pour parfois apprendre les
leçons apprises, c'est très trèsutile pour être capable de se
positionner pour le futur. Donc,on a par exemple beaucoup de
psychologues qui travaillentavec nous et qui ont notamment
appuyé au sein des derniers moistous les efforts de la défense
nationale en matière de conduiteprofessionnelle, des changements
de culture, et caetera. On a desspécialistes en sciences
(16:23):
politiques, par exemple, quipeuvent aider aussi dans
l'analyse, la mise en oeuvre desnouvelles technologies certaines
barrières auxquelles on faitface d'un point de vue
politique, donc ils peuventfaire ce type d'analyse-là.
Et puis évidemment, on a desanalyses stratégiques qui
appuient certaines organisationscomme le chef du Développement
de la force et d'autres dans ladéfinition des concepts, des
doctrines parce qu'il y abeaucoup de de recherches qui
(16:45):
doit être faites de ce côté-làaussi parce que c'est ça au
final qui va guider un peu où oùles Forces armées canadiennes
vont investir dans l'avenir doncc'est très important aussi.
Capt Orton (16:55):
Comment est-ce que
vous décidez comment vous allez
former vos équipes? C'est sûrque par exemple, dans un
contexte, admettons on regardedes drones, ça c'est un
environnement spécialisé oùest-ce que peut-être on parle de
la robotique ou des signaux decommunication, mais peut-être
dans l'intelligenceartificielle, ça, c'est un autre
(17:15):
domaine, donc ça prend desexperts dans d'autres domaines.
J'imagine que créer ceséquipes-là, ça doit être un
assez grand défi parce que s'ily a quelque chose qui se
développe, puis on regarde, ahça, il faut travailler là-dessus
maintenant, avoir des ressourcesqui ne sont pas nécessairement
là, il faut les former ceséquipes-là, comment vous gérez
ce problème-là?
J-F Morel (17:33):
C'est une chose qui
me garde réveiller la nuit,
c'est celle-là. Parce que monrôle, c'est essentiellement
celui-là, c'est de s'assurerqu'on a l'expertise scientifique
et les capacités scientifiquespour faire face aux problèmes du
futur. Être un spécialiste de lascience de la défense, donc nos
scientifiques de la défense,c'est pas quelque chose qui peut
se développer facilement àl'extérieur du ministère de la
(17:55):
Défense et à l'extérieur denotre organisation. C'est des
domaines d'expertise très trèsprécis, très ciblés, très
spécialisés. Et puis pour detrès bonnes raisons, c'est aussi
des domaines qui ne s'enseignentpas nécessairement à
l'université.
Par exemple la RDDC, on a desspécialistes en armes chimiques
et biologiques, puis évidemmentque ce n'est pas quelque chose
qu'ils ont appris àl'université, c'est de la
(18:17):
recherche qui est hautementsurveillée, réglementée qu'on
doit mener avec des gardes fousimportants et nombreux. Puis
c'est normal que cetterecherche-là se fasse à
l'interne et sous la bonnesurveillance. Donc cette
recherche-là aussi elle estfaite uniquement dans le
contexte de la défense. Donclégalement on n'a pas le droit
par exemple de développer desarmes chimiques, donc c'est
(18:39):
interdit par des conventionsinternationales. Donc au Canada,
on doit comprendre la menacepour développer des protections
pour nos soldats en particulier.
Donc c'est là-dessus que nosscientifiques se penchent. Et
donc évidemment, développercette connaissance-là, ça prend
des années. On embauche des gensqui ont des doctorats, même des
post-doctorats et malgré tout çaleur prend souvent une fois
qu'ils joignent notreorganisation cinq, six, dix ans
(19:02):
à devenir complètement à l'aisedans les domaines de recherche
qu'ils poursuivent parce quec'est une connaissance qui est
vraiment unique. Donc nous àRDDC qu'on décide d'embaucher un
scientifique, c'est souvent unedécision qu'on prend pour
vingt-cinq, trente ans. C'esttrès important qu'on fasse les
bons choix et la façon de lefaire, on a plusieurs façons
d'évaluer ça.
(19:22):
Donc on a des équipes deprospective, on se fie aussi
beaucoup à l'expertise même denos scientifiques qui ont une
base de connaissances très trèslarge et qui sont capables de
venir voir si vous voulez lesdifférents domaines
scientifiques, où s'en vont lesdéveloppements. Et donc ça nous
permet de notre côté de faireles meilleures décisions
possibles en termesd'investissement, non seulement
(19:42):
pour avoir les bonnes capacités,mais aussi ça prend la bonne
infrastructure, les bons labos,les bons équipements pour être
capable de de faire le travail.
Capt Orton (19:50):
On voit souvent les
soldats étant assez sceptiques
quand on parle des technologiescomme des lasers, puis toutes
sortes de choses comme ça, dansle sens que, ah ça fait des
années avant qu'on aille ça ouc'est comme je serai même plus
dans les Forces quand ça vaarriver. Les technologies dont
vous parlez, c'est des chosesqu'on travaille dessus en ce
moment-là, comme il y a dessoldats qui ont probablement au
moins un ou deux soldats à uncertain point dans un
(20:12):
laboratoire ou ont touché à cesaffaires-là en ce moment.
J-F Morel (20:15):
Oui absolument. Donc
il y a des domaines qui sont
davantage du domaine du futur,je dirais, on parlait de de
biologie tout à l'heure, des desapplications, ça on parle plus
véritablement, on parle de dix àquinze ans à tout le moins avant
qu'on voit des avancées vraimentimportantes opérationnelles.
Alors qu'il y a d'autresdomaines où les avancées vont
sans doute être beaucoupbeaucoup plus rapides ou même
(20:35):
qui existent déjà. Donc lessystèmes autonomes, il y en a
déjà en application maintenant,ça va simplement s'améliorer et
à vitesse grand v. Ce qu'on voitdans le domaine technologique,
par exemple avec l'intelligenceartificielle, les développements
extrêmement rapides.
Donc, on sait que les systèmesd'armes autonomes vont devenir
une menace de plus en plusgrande dans l'environnement de
(20:56):
sécurité. Donc, comment on faitface à ce problème-là? Ça, c'est
un des questions majeures et ça,c'est très très très actuel. Il
y a d'autres applications, parexemple, on parle beaucoup de la
technologie quantique cestemps-ci, le gouvernement du
Canada a une stratégie pourfaire avancer les les
technologies quantiques auCanada. On voit qu'il y a des
applications très intéressantespour le domaine de la défense
(21:16):
encore une fois en termes dedéveloppement de censeurs, en
termes de capacitésinformatiques, essentiellement
avec l'informatique quantique ouaussi en termes de communication
ou qui nous permettrait entreautres d'avoir des
communications très sécuriséesqui seraient à peu près
impossibles à intercepter ou quinous permettraient d'adresser
(21:37):
des problèmes qui sont tellementcomplexes que les ordinateurs
actuels ne sont pas capables derésoudre.
Donc l'informatique quantiquepourrait nous amener des des
avancées importantes. Donc là,on en est rendu où on, les
scientifiques se penchent surces domaines-là, connaissent la
science, connaissent lesapplications possibles.
Maintenant, on en est dans desproblèmes importants
d'ingénierie. Donc comment onrend ça On passe du laboratoire
(22:01):
justement au terrain et c'est làet et les avancées, on va les
voir peut-être dans les cinq àdix prochaines années où on va
avoir des des avancées vraimenttrès très importantes dans ce
domaine-là.
Capt Orton (22:12):
On vous remercie
vraiment pour votre appui, ça
veut dire qu'on a de besoin.
J-F Morel (22:16):
Merci, ça me fait
plaisir.
Capt Orton (22:17):
Oui, merci d'avoir
participé au Balado.
J-F Morel (22:19):
C'est un véritable
plaisir, merci beaucoup de
m'avoir invité.
Capt Orton (22:21):
Tout à fait. Ça,
c'était Jean-François Morel qui
est le Directeur général dessciences et de l'ingénierie R&D
à RDDC. Moi je suis capitaineOrton pour Le balado de l'Armée
canadienne. Prenez soin de vous!