Episode Transcript
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(00:00):
Cette série de balados aborde la consommation de drogues et la sexualité.
Si vous ou une personne de votre entourage avez besoin de soutien,
des hyperliens vers des ressources d’aide sont disponibles dans le texte
de présentation de l’épisode et sur le site chemstory.ca
Vous écoutez Chemstory,
(00:23):
une série balado créée par des personnes ayant une expérience vécue de chemsex.
Éric :
Une affaire qu’il faudrait enregistrer.
Félix (00:35):
Oui.
Éric (00:36):
Toi qui mettons, dirait comme
premier épisode de nos consommations. On va essayer de parler plus de rétablissement.
Félix (00:45):
Ok. Allo Éric !
Éric (00:47):
Allo Félix !
Félix :
On vient d’enregistrer une première partie qui couvre un peu plus notre
consommation. Maintenant, j’ai envie qu’on aborde un peu plus notre établissement.
J’ai envie de te poser une question bien
simple (01:01):
qu’est-ce qui a fait que toi à un moment
donné tu t’es dit
Félix (01:06):
Bien moi ça m’a
surtout fait peur. La dernière fin de semaine de consommation que j’ai eue, à fin, l’appartement
dans lequel je me trouvais, la configuration, avait l’air totalement différente de quand je
suis arrivé. Genre sortir de là bien trop trash pour rentrer chez mon père tout de
suite puis j’étais comme bien trop high fait que next thing I know, je black-out dans la salle de
(01:32):
bain d’amis d’amis que je me suis ramassés. Il me paye le taxi de Montréal jusqu’à Chambly.
Puis la semaine qui a suivi, c’est comme si je me sentais de plus en plus déconnecté du vrai monde.
Éric (01:45):
Ouais…
Félix (01:46):
Mais vraiment,
tu sais… Puis il y avait plus de lumière qui passait là. Ça s’en venait vraiment,
vraiment dark. Moi, je rentrais à l’université à l’automne à Concordia. Je voyais Concordia est là,
puis moi je suis là. Puis je sentais le fossé qui se creusait parce que j’étais comme…
Éric (02:04):
« Comment je vais me
rendre là ? » [simultanément]
Félix (02:05):
« Comment je vais faire ça ? » Je sens que
j’ai… Tu sais, ça concordait pas là, tu sais…
Éric (02:12):
Ah, « concorde ».
Félix (02:14):
[rire] Puis c’est
ça des épisodes à la job d’entendre des voix. Tu sais, c’était trash, assez dans le passé pour que
j’aille en thérapie et tout ça, mais là, c’était comme un autre niveau de trash. Là, je m’enfonçais
dans quelque chose qui tu sais, par rapport à mon développement professionnel, personnel,
au niveau de mon cerveau, juste comment je me développe en tant que personne. Puis tu sais,
le Félix que je me voyais être puis là, la personne que j’étais en train de devenir.
(02:38):
J’étais comme ça, ça fonctionne pas. Fait que j’ai arrêté de consommer du crystal. Puis c’est un gars
avec qui je consommais, la dernière personne avec qui j’ai consommé, qui m’a parlé de CMA en
fait. Puis, ouais, c’est ça.
Éric (02:53):
Moi, j’ai l’impression dès que j’ai
commencé, j’ai voulu arrêter là. Je sortais
de l’École nationale de théâtre, j’avais eu une pièce jouée professionnellement,
j’avais gagné un prix puis je voulais être a star, c’était ça mon but. Puis là, ma consommation est
arrivée là-dedans. Puis moi, j’avais des downs… Je voyais des gens qui avaient les downs de crystal,
moins pire que… Mais moi c’était vraiment… Ce que je me disais dans ma tête était vraiment,
(03:15):
vraiment. Je me tapais dessus. Le nombre de fois où j’ai jeté tout mon stock, tu sais… Je sortais,
je prenais ma pipe, je prenais mon stock et là je le crissait dans une poubelle en me disant :
« Plus jamais ! » Deux semaines après, je rachetais tout. Je l’ai faite plein plein
plein de fois. Moi, j’étais toujours… J’arrivais à rien accomplir à côté, tu sais. Fait que moi,
comment ça s’est passé (03:34):
j’avais le sentiment
vraiment qu’il fallait que je change profondément
des choses dans ma vie. Fait que j’ai commencé une thérapie. Puis quatre-cinq mois après le début de
cette thérapie-là, j’ai eu une autre rechute, puis là. Qu’est-ce que je fais ? T’arrêtes, puis tu
focus, puis t’espères que la vie va t’amener ailleurs, puis tu laisses la porte ouverte à
(03:57):
où va me mener cette thérapie-là, ce travail-là que je fais sur moi. OU vraiment consciemment,
je décide de… « hey, moi je vais consommer dans la vie ! ». Moi, arrêter le crystal,
c’est vraiment… Ça a vraiment été un deuil. Puis comme un deuil, ça a duré longtemps, puis ça dure
encore longtemps parce qu’encore aujourd’hui. Tu sais ma dernière consommation de crystal. C’était
(04:19):
le 29 mai 2019. J’avais continué ma thérapie, j’ai commencé à aller à CMA toutes les semaines. J’ai
fait ça pendant un an. Puis après un an, j’ai… décidé d’arrêter de boire, puis d’arrêter de fumer
des joints aussi parce que pendant la pandémie, c’était devenu, même chose, un problème pour
moi. Je compensais au boute là-dedans. Là tout seul chez nous en pandémie, puis je buvais et
je fumais des joints tous les jours. Fait qu’à un moment donné, j’étais comme : « Ça le fait pas non
(04:42):
plus… » Puis dans le fond, ça a été de réaliser que j’étais un addict. Je suis un dépendant moi,
dans la vie. Puis c’est correct. De faire la paix avec qui on est vraiment finalement,
puis de se retrouver. Puis… ça nous amène sur la question d’identité de genre, je pense. Je
sentais, tu sais, que dans ma consommation il y a quelque chose là, dans la raison pour laquelle
(05:03):
j’avais consommé, qui allait pas, puis, a émergé pour moi. Cette compréhension-là, que j’étais une
personne non binaire.
Félix (05:10):
Moi, c’est venu après parce que je pense
que j’étais pas là. Tu sais, je me laissais pas
aller là. Ou du moins ça se montrait pas à moi. Puis, de te voir… embrace ça. Pas seulement toi,
mais de voir ça plus dans mon entourage. Tu sais, je suis devenue amie avec une femme
(05:32):
qui est trans. Puis, j’ai comme réalisé que je me conformais beaucoup comme personne. Tu sais,
pour moi le crystal, le chemsex, pour moi, ça me permettait d’accéder à des rôles,
d’accéder à quelque chose de très féminin et que c’était correct. D’accéder à quelque chose
de bien masculin, c’était moins fluide, mais j’y avais accès à ça. Puis c’est quelque chose que
(05:59):
j’avais jamais eu la confiance ou le… Ou c’était juste pas naturel pour moi d’aller
là. Tu sais d’embrace ma féminité, puis de m’en foutre. Si je suis assez ci, si je suis assez ça,
ma génitalité ou… Dans le crystal pour moi, ça faisait juste que j’avais du cul. J’étais désiré,
je me laissais aller là-dedans. Mais quand que j’ai Get Sober, tu arrêtes de consommer,
(06:23):
puis tu fais du travail sur toi pour devenir la personne que t’as envie de devenir.
Éric (06:29):
Moi j’ai passé toute ma vie d’homme,
quand j’ai vécu en homme gai, à essayer de correspondre à des standards, puis à des critères,
puis à être masculin, puis à jouer le tough. Tu sais jouer cette espèce de truc un peu, quand
tu sors le soir au Stud, tu vas, tu vas maner up, un peu… À un moment donné, moi je peux pas,
j’ai le corps que j’ai. Puis ce que le crystal me permettait, j’arrivais à croire au personnage
(06:51):
que je créais, cette espèce de bombe sexuelle masculine que j’avais donc l’impression qu’il
fallait être dans le milieu gai, tu sais. Puis je le croyais tout à coup. Puis moi,
ça a vraiment pris le rétablissement pour me permettre de comprendre que mon problème
c’était pas la drogue. Puis que la drogue, pour moi, c’était une solution. Pour être capable de
(07:14):
vivre dans le monde binaire. C’était ma manière de coper. Avec le monde dans lequel on vit. Tu sais,
on va shamer beaucoup les gens qui prennent de la drogue. Excuse-moi, as-tu vu le monde dans lequel
on vit ? Et on dirait que quand on dit ça on a l’air de se victimiser puis tout ça, mais c’est
(07:34):
pas ça ! C’est qu’on vit des choses difficiles…
Félix (07:37):
Ouais. [simultanéement]
Éric (07:37):
…Puis à un moment donné, on trouve quelque
chose qui apaise, une espèce de souffrance qui est
là depuis l’enfance des fois pour beaucoup d’entre nous. Fait que oui, après ça, cette
solution-là déclenche une série d’autres problèmes qui sont encore bien plus graves que les premiers,
puis qui sont bien plus dangereux. Mais ça prend un temps avant de s’en rendre compte. Puis après
(07:58):
ça, tu sais, c’est une phrase un peu classique de rétablissement : « On choisit de consommer, mais
on ne choisit pas d’être dépendant ! » Personne ne veut ça tu sais… En fait moi la première
fois. Tu sais, quand j’ai commencé à fréquenter CMAA, c’était de me rendre compte que même le gars
que moi je trouvais, je m’étais disait (08:11):
« ah, il
est super masculin, super beau. » Ben criss tout
le monde s’aime pas. Tout le monde se pose les mêmes questions. Tout le monde est victime des
standards, tout le monde, tout le monde souffre de la binari[té]. Genre, ça fait souffrir tout le
monde, même ceux qui sont des hommes et des femmes cis. De devoir correspondre à ça, de
devoir rentrer dans ces cases-là. Fait que moi je me suis rendu compte qu’il y avait tout ce côté-là
(08:37):
féminin que j’enfouissait, puis avec laquelle j’avais besoin de reconnecter pour moi. Ça c’est
ce que moi j’avais besoin. Et puis moi ça c’était. C’était loin dans ma liste d’importance. Genre mes
besoins à moi. Moi c’était comment je fais pour séduire les autres, mais le tu sais un moment
donné dans le rétablissement, puis en travaillant sur moi, en allant à CMA, en faisant de la
(08:58):
thérapie, c’était comme moi, je suis pas un homme, j’ai besoin, à tout prix, pour ma survie,
de sortir de cette case-là. Je sauve ma peau. Je m’extrais de ça. Je suis pas un homme, pas une
femme. À la fois dans mon identité de genre, dans mon expression de genre, ça m’a libéré,
puis dans ce que j’attends aussi de mon intimité, puis de ma sexualité. Ça c’est encore, pour moi,
(09:20):
c’est ce qui est encore en gros chantier. Puis c’est toujours la grosse question quand on parle
de chemsex, c’est après. Après le chemsex, c’est quoi ta sexualité ? C’est différent. Moi en tout
cas, tout de suite après, j’ai continué à aller sur Grinder, puis à rencontrer frénétiquement,
puis tout puis… puis surtout ça me mettait dans des états d’obsessions. Je m’en rendais compte
encore une fois, ok, je pensais que la drogue était mon problème, mais non, mon désir de plaire,
(09:43):
mon désir de séduire, le fait que je veux tout le temps en avoir un autre, un autre,
un autre. Puis je dirais que ma non-binarité m’a sauvée là-dedans. Parce que fallait que j’arrête.
Mais j’étais tellement habitué, de me déguiser en homme pour pouvoir avoir ce que je veux, puis
obtenir, puis coucher avec du monde. Mais quand j’ai commencé à dire non, je ne fais plus ça et
j’assume mon identité, pis qui je suis… je pognais bien moins sur Grindr. Les gens m’écrivaient pu. À
(10:09):
partir du moment où j’ai linké mon Instagram avec mon Grindr, les messages ont arrêté de rentrer et
je me suis dit (10:15):
« Ah bien fine ! » En même temps
que j’ai arrêté de boire ou presque, j’ai arrêté
d’être sur les réseaux de rencontres. Oui, je pense que ça a autant changer ma vie que d’arrêter
de boire. Fait que là en ce moment j’ai pas de sexualité. Parce que…j’en veux pas. Puis, que j’ai
besoin de savoir avant… Puis de comprendre. Puis j’ai besoin de me protéger aussi.
Félix (10:41):
Le sexe en consommation, ça
m’avait comme marqué au fer rouge. Tu sais, tout était fluide, la sexualité, quand je consommais,
tout était facile. Puis là c’était comme j’avais plus de retenue ou je sais pas, mais c’était pas,
c’était pas pareil. Puis c’était… Tu sais, je n’étais pas capable de dissocier en fait,
j’avais du sexe puis là ça me faisait penser à quand je faisais du crystal.
Éric (11:00):
Ouais…
Félix (11:02):
Fait que j’ai eu des moments… Tu sais moi,
les relations, les applications de rencontres, ça a été des moments de des fois je l’ai pendant
quatre mois, des fois je l’enlève, des fois… Tu sais moi les applications ça peut jouer
sur plusieurs points, ça peut jouer sur la consommation, ça peut jouer sur l’addiction
à l’application en tant que tel, parce que c’est time consuming, ça prend de l’énergie. Puis passer
(11:22):
bien du temps là-dessus. Puis, pour mon image corporelle, puis tout, moi, ça venait me jouer
dans la tête. Tu sais, de publier des photos de moi en chest no way que je vais avoir une once
de gras… Ça vient jouer dans mon mental, c’est pas, c’est pas super…tu sais dans une démarche
de rétablissement aussi, avec mon image de mon corps, c’est pas optimal. Puis il y a mon identité
(11:45):
de genre…[pause] Moi ça me tentait pas de faire un coming out de non-binaire. Moi ça me tentait
pas de le dire…
Éric (11:57):
Je comprends… [simultanément]
Félix : …Je suis comme (11:57):
crisse, c’est assez
simple ! Regardez-moi, écoutez-moi parler, écoutez
mes idées ! Je sais pas, il me semble que c’est… Pour moi, c’est simple, mon ressenti de comment
je suis, comment je me sens, c’est simple… Puis je me considère non-binaire. Mais cette semaine,
il y avait un gars cis puis tout, puis ça m’a comme vraiment hit parce que j’étais comme ok,
(12:19):
j’ai les goûts d’une femme cis dans le fond. Puis làa, je suis comme « je suis tu trans ? ». Puis je
pense que c’est nécessaire de dire trans non-binaire. Je pense que pour moi et
je le reconnais, que si je veux pas avoir trans dans mon identification, mettons,
c’est… À quelque part, il y a peut-être des affaires internes à aller checker là.
Éric (12:41):
Mais tu sais, tu dis
« moi je ne voulais pas faire de coming out », moi non plus. Puis, c’est parce qu’à partir du moment
où tu le dis. C’est pas plus confortable le rôle. C’est-à-dire tu es pas plus populaire parce que tu
es non-binaire. Non, non !
Félix (12:53):
En tout cas, moi j’ai pas expérimenté ça.
Éric (12:55):
Non ! Non, non. Excuse-moi, mais tu sais…
Je veux dire dans un environnement mainstream gai,
on est pu… C’est ça, tu sais, parce que ça déclenche, la misogynie du milieu gai, qui qui
ne comprend pas et qui a peur du féminin. Puis, à un moment donné, j’avais un ami qui m’avait dit
mais t’as pas l’impression de t’isoler toi-même. De toi même te mettre en dehors du mainstream.
(13:18):
Mais j’ai dis « en fait de quoi je m’isole ? » Je m’éloigne. Je préfère dire « m’éloigner » ou
« je choisis en fait d’aller me tenir proche avec des gens qui ont travaillé sur leur identité,
sur leur misogynie, sur le homophobie internalisé ». Puis oui, effectivement,
je me tiens loin des gars qui aiment pas ça les gars féminins. Bien… j’ai pas envie. Pourquoi,
(13:43):
j’aurais… J’ai passé ma vie à vouloir séduire ces gars-là. Je suis en train de me piler dessus pour
coucher avec un gars parce qu’il représente un idéal de masculinité qui a été mis de l’avant par
des siècles d’oppression masculine sur les femmes, puis sur les homosexuels, puis sur les personnes
queers. Fait que je suis comme « qu’est-ce que je renforce en faisant ça ? » Et c’est là où je dis
(14:06):
qu’à un moment donné, j’ai dû sortir de, j’appelle ça la binari, mais j’ai dû sortir de la binari[té]
pour être en accord avec mes valeurs et avec moi-même. Puis je n’arrivais plus… Je préfère,
moins baisé. Je préfère ne plus avoir accès à certains types de personnes parce que ça me
(14:26):
protège et ça me fait du bien. Puis, je suis plus heureux comme ça tu sais. Fait que c’est c’est ça.
J’ai des « relancs » des fois, d’avoir envie de saisir tout le monde et que tout le monde m’aime,
mais c’est pas… Tu sais je suis vraiment plus confortable dans un milieu plus réduit, mais de
gens qui m’aiment, puis qui me comprennent, puis qui me respectent pour tout ce que je suis. Pis
moi le rétablissement, c’est ça que ça m’a amené.
Félix (14:43):
Mais parce que tu n’es plus capable
de te bullshiter toi-même de toute façon.
Éric (14:47):
Non, c’est ça.
Félix (14:48):
Fait que quand ça se révèle à toi,
tu as pas le choix....
Éric (14:50):
Ah, je suis capable
encore, de temps en temps !
Félix (14:51):
Oui, oui, malgré… [simultanément]
Éric (14:52):
Oui oui, mais là on parle dans l’absolu,
puis dans ce qu’on souhaite…
Félix (14:55):
Ouais oui, puis tu sais… J’ai lu un texte,
puis au début du travail, la personne elle dit :
« pour lire ce livre-là je te conseille de sortir de la grille de la binarité, tu sais,
à laquelle tu es habitué ». Puis moi ça m’avait comme, ça c’était comme à l’automne passé que j’ai
(15:17):
lu ça, puis ça m’a comme heurté parce que j’ai réalisé que j’essayais d’épouser ma non-binarité,
j’essayais d’épouser qui j’étais en fait. Puis, mais de réaliser que mon œil voyait
les choses encore d’une façon binaire… parce que c’est dans le monde dans lequel on vit.
Éric (15:38):
Bien puis dans lequel on a
grandi. Ce n’est pas parce qu’on est des personnes non binaires, qu’on n’a pas grandi dans le même
monde que tout le monde.
Félix (15:44):
Exactement. J’ai pas essayé de me
conformer pendant tu sais… Tellement… Bien toute
ma vie !
Éric (15:49):
Mais tu sais, c’est drôle… La question
c’est aussi « qu’est-ce que ça nous donne
d’être dans ce monde binaire ? » C’est-à-dire que la seule chose que ça a permis de diviser
en hommes et femmes de façon stricte, puis avec des codes au niveau culturel,
au niveau social, au niveau politique, c’est qu’un sexe puisse oppresser l’autre…
Félix (16:06):
C’est l’oppression. [simultanément]
Éric
ça donne fucking rien !
Me conformer dans un monde
binaire, mais ça je suis pas confortable !
Éric (16:13):
Moi,
je disais des fois que. Je deviens tout ce que je redoutais avant de consommer mettons…
Félix (16:23):
Ouais.
Éric (16:23):
Puis je suis tellement contente,
de me trouver. C’est fou. Tu sais, à quel point j’ai changé, à quel point je réussis à accomplir
des choses, à quel point c’est surprenant aussi. Puis je suis excitée de la suite ! Je suis comme…
Ouais c’est ça ! Alors que pourtant, je trouvais ça donc excitant de consommer, mais maintenant
je me dis (16:43):
« ah mon dieu ! Quand ta vie tourne
juste autour de c’est quand la prochaine fois
que tu vas te geler la face… Qu’est-ce qu’il y a de si excitant là-dedans finalement ?
Félix :
Il y a quelque chose, moi, qui a monté pendant que tu partageais. C’est comme bien maintenant.
Éric (16:57):
« Pendant que je partageais. »
Ahhhhhhh les mots queens de meetings ! [rire]
Félix (17:06):
Mais moi, pendant que tu parlais.
C’est… moi, c’est ça qui est remonté. Bien,
aujourd’hui, je vis de plus en plus en 3D plutôt que simplement à travers mes peurs,
le regard des autres, tu sais…
Éric (17:18):
Oui.
Félix (17:18):
De laisser aller aussi en même temps. Des
affaires que moi j’allais chercher dans la drogue.
Tu sais, que ce soit lubrifiant social, que ce soit sortir de mes peurs ou… Aujourd’hui je suis
capable de goûter à ça sans consommation. Puis, c’est comme partout dans la vie,
c’est pas tous les jours égal. Il y a des jours que c’est de la marde… Mais c’est comme tout le
(17:40):
monde dans la vie.
Éric (17:41):
Oui,
Félix
Bien tu sais, parce qu’il y a quelque
chose tantôt… Tu sais, on gelait nos émotions,
on vivait pas les affaires. C’est aussi pour ça que tu sais, mettons, si on revient à l’intimité,
à la sexualité, c’est dur quand tu deviens sobre, parce que là tu couches avec le monde,
puis tu vis et tu ressens les affaires, puis tu es là pour vrai avec la personne.
Félix (18:02):
Quand que c’est ça qu’on a connu… En
tout cas, quand moi c’est ça que j’ai connu pour rentrer en contact avec d’autres. C’est un travail
quand même d’aller à l’encontre de ça, de faire différemment. Ça demande un effort conscient,
Éric (18:17):
Ça demande un effort, ouais.
Félix
que demain ça sera différent, mais aujourd’hui moi ça m’intéresse pas de comment je faisais
avec ma sexualité, même en sobriété mettons avec les applications tout ça, parce que je me retrouve
pas là-dedans. Puis même, puis ça c’est personnel à moi, ça fait plusieurs mois que j’en ai pas eu
parce que j’ai besoin de ça ! Je suis rendu là !
(18:39):
On est à la même place.
Félix (18:40):
C’est ça ! Moi j’ai besoin de ça. J’avais
un automatisme par défaut de rentrer dans une
certaine case dans ma sexualité ou d’aller chercher tel type de personnes, de plaire à tel
type de personnes. Je te plais, nanana… C’est du cul, merci, bonsoir, on vient, puis bye ! Ce n’est
plus de ça que j’ai envie parce que j’ai envie de sobriété dans ma sexualité. Puis je parle pas de
(19:03):
platitude tu sais, mais je parle de quelque chose qui est sobre, quelque chose qui est cohérent avec
mes valeurs, puis par rapport à qui je suis.
Éric (19:12):
Puis quand tu consommes, quand tu
es en chemsex, c’est tellement important la
sexualité. Fait que l’idée que tu arrêtes, puis que tu n’en auras plus, ça fait peur tu sais.
Félix (19:22):
Oui.
Éric (19:22):
Mais en même temps, c’est pas
que tu en as plus. C’est que tu prends un break. Mais tu sais, mettons. Puis je pense que tout le
monde passe par un moment de break beaucoup. En tout cas, quand tu arrêtes le chemsex, pas tout le
temps, pas tout le temps.. mais beaucoup…
Félix (19:31):
Pas tout le temps, pas tout
le monde, ouais. [simultanément]
Éric (19:33):
Mais
qu’est-ce que je remplis avec cette frénésie sexuelle-là ? Parce que moi aussi ça s’est
pas arrêté en arrêtant de crystal, j’avais une frénésie sexuelle, même sans consommer de crystal,
je buvais. Mais qu’est-ce que tu sais... Je remplis quel vide pour avoir besoin à tous
les jours de baiser avec quelqu’un de nouveau ? J’ai hâte, puis je pense ça va arriver le jour où
je vais réavoir une sexualité ludique, spontanée, le fun, puis tout ça. Mais. Je veux être… tout le
(20:02):
temps moi-même, puis pas avoir besoin de cacher qui je suis, surtout pas dans mon intimité,
puis ma sexualité. Puis, c’est ça, je n’ai plus envie de faire des compromis par rapport à ça…
Félix (20:14):
Same !
Éric (20:14):
On dirait qu’on pourrait…
Félix (20:18):
Clore la patente…
Éric (20:20):
…Conclure ça ?
Félix (20:21):
Comment tu te sens ?
Éric (20:23):
Bien c’était… quel
voyage ! Puis… en même temps…
Félix (20:28):
J’allais faire un mauvais
parallèle, mais ouais continue…
Éric (20:31):
« Quel trip. »
Félix (20:32):
[rire].
Éric
qu’il y a tellement de choses qu’on a pas couvert. On dirait que j’aurais pu
parler encore longtemps…
J’aurais pu continuer. [simultanément]
Éric
Ouais.. mais je suis fatigué. Puis ça fait
du bien ! En tout cas, moi ça m’a fait du bien.
Éric (20:42):
Oui, oui moi aussi… On va
aller prendre une petite Kombucha… [rire]
Félix (20:46):
Ouin, ouin, moi je vais
prendre… [son décroissant]
Éric :… Special K [rire]
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(21:09):
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