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June 1, 2023 24 mins

Mensonges, mensonges, mensonges....  Mentir sur quoi? Mentir à qui? Mentir pourquoi? Mentir pour qui? Dans ce récit autobiographique, Mister Bliny nous invite dans ses réflexions sur sa (double) vie de consommateur. Du déni à l’isolement, de la stigmatisation à la honte, de la réalisation à l’acception, ce balado témoigne de l’évolution des pensées de l’auteur sans filtre ni retenue.  

Un balado proposé par Mister Bliny

Avertissement : Dans cet épisode, vous entendrez des sons liés à la consommation active de crystal meth.

Musique : Otis McDonald | The Fires | No Copyright Music www.otismacmusic.com • https://www.youtube.com/watch?v=sk_XwOwX8NE

 

Si vous souhaitez obtenir du soutien en lien avec le chemsex, consultez la liste de ressources et de services disponibles sur la page: Ressources / services chemsex.

https://qollab.ca/ressources-services-chemsex/

 

Mark as Played
Transcript

Episode Transcript

Available transcripts are automatically generated. Complete accuracy is not guaranteed.
(00:00):
Cette série balado aborde la consommation dedrogues et la sexualité.
Dans cet épisode, vous entendrez des sonsliés à la consommation active de crystal meth.
Si vous ou une personne de votreentourage avez besoin de soutien,
des hyperliens vers des ressources d’aide sontdisponibles dans le texte de présentation de
l’épisode et sur le site chemstory.ca

(00:22):
Vous écoutez Chemstory, une série baladocréée par des
personnes ayant une expérience vécue dechemsex.
[effet sonore, musique intro]

(01:00):
Menteur! C’est ça que t’es, t’es un menteur!
Tu as menti à X, à Y.
Tu leur as menti. Tu leur mens encore.

(01:22):
Tu mènes une double vie, si c’est pas unetriple vie, hein.
Tu as celle angoissée à l’idée de se fairedémasquer au travail.
Tu as celle mal à l’aise des rencontres avecles amis et avec les… membres de ta famille.

(01:44):
Puis tu leur mens, tu leur dis que tu esbien occupé au
travail et que tes fins de semaine sont bienoccupées… Que… que
tu es bien heureux comme ça, que tu mènes lavie parfaite… Mais

(02:14):
tout ça c’est des mensonges… Que tucommences à croire… Parce qu’au fond, tu
es pas si heureux que ça là-dedans.
T’es pas malheureux non plus. C’est pascomme si… c’est pas comme si t’étais en train
de mourir à petit feu. Faudrait pas exagérernon plus!

(02:40):
[inspiration] Ma vie commence à ressemblerà… dans le film Fight
Club. Le personnage principal au début, quidans son petit condo parfait avec tous
ses petits besoins remplis… Son appartementressemble à un magasin d’Ikea.

(03:06):
Quand tu le veux, tu vas sur Amazon, puisc’est réglé.
Mais… j’ai l’impression que ça crée
un vide, mais je le constate pas.

(03:28):
J’ai l’impression que… ça m’a éloigné desgens.
En fait, je me suis éloigné des gens.
C’est pas eux qui se sont éloignés, c’estvraiment moi qui a pas envie de les voir.
Qui… fuis un peu le contact.
Qui répond pas aux 35 messages de mes amis.

(03:53):
Qu’est-ce que je fais dans ce temps-là?
Je mets ça sur mute.
J’ai pas envie de… J’ai pas envie de lireces messages-là, ça ne m’intéresse pas.
Ils me parlent de leurs enfants… Moi je suisoccupé pendant ce temps-là à me chercher une
baise… parce que c’est mercredi soir, puispourquoi pas?

(04:15):
Même si c’est en temps de pandémie, je m’encâlisse.
Je! M’en! Câlisse!
Ce que j’ai besoin c’est de baiser… Briserma solitude.
Fait que je leur mens.

(04:36):
Je leur raconte… ce qu’ils veulent entendre.
«Comment ça va vraiment, toi?» Personne neme le demande… Je leur demande pas moi non
plus. Je le demandais pas avant non plus.
C’est pas vraiment nouveau nouveau ce qui sepasse.
C’est pas à cause de la drogue… C’est pas àcause de… crystal… crystal…

(05:03):
crystal que je prends encore.
Crystal. [bruit du briquet et inspiration defumée de crystal]

(05:29):
Je vais encore passer une nuit à ne pas êtrecapable de dormir.
Heureusement, j’ai mes pilules.
J’ai mes pilules pour dormir, mes pilulespour me réveiller le matin.
C’est pas des pilules pour me réveiller lematin, c’est la tina pour me réveiller le
matin… Un bon café avec une couple de puffsde tina et je suis prêt pour ma journée de

(06:06):
travail. Je suis pas quelqu’un qui parlebeaucoup… Je garde les trucs en dedans… C’est
comme ça que j’ai appris à faire. J’ai beauavoir fait des années de psychothérapie, ça
n’a pas changé grand chose.
Je garde ça en dedans… Puis je mens sur messentiments,

(06:30):
sur mes… passions… dans l’amour…
J’ai menti hier à quelqu’un, un ami.
Ça faisait 15 ans qu’on ne s’était pas vu,si c’est pas plus?
Ça faisait longtemps qu’on s’était pas vu.

(06:51):
Puis on s’est retrouvé sur un site derencontre et puis… Finalement, hier on s’est
vu pour la première fois. J’ai menti.
J’ai pas dit que j’avais une hépatite.
On a baisé… Il va peut-être l’attraper… Ilm’a regardé droit dans les yeux, puis il

m’a dit  (07:19):
«T’es sûr que t’es clean?» J’ai dit «Oui».

Il me dit  (07:25):
«Tu penses que tu me le dirais si t’étais séropositif?» «Bien évidemment que
je le dirais.» Mais… je l’ai pas dit pourl’hépatite.
Est-ce que je le dirais pour le sida, pourle

(07:50):
VIH? [inspiration/soupir] Fait que,
ça fait de moi un menteur. J’ai vraimentmenti.
Pourquoi? Pour baiser.
Des fois, je me demande si je suis pas plus…Si je suis pas plus addict au sexe qu’à la

(08:13):
drogue. C’est vraiment pas un sujet léger.
«Viens nous parler de ta dépendance au sexeet à la drogue.» Je me demande s’il y a moyen
de faire un truc joyeux là-dessus?

(08:34):
Parce qu'à la minute que tu t’arrêtes pour ypenser?
C’est pas gai. C’est plutôt, sombre…
[Grande inspiration] Il y a une de mes baisesqui est décédée récemment.

(09:01):
On sait pas pourquoi.
Il a sa vraie vie et il a sa vie demensonges.
Ceux dans sa vraie vie le savent peut-êtrece qui est arrivé.
Mais, il n’y a pas de lien avec la vie dumensonge.
Son profil est encore en ligne.
Son profil dit qu’il est hors connexiondepuis trois semaines, depuis quatre

(09:26):
semaines. C’est bizarre, sa photo est là.
I’m looking for fun [rire]… [grande pause]
Pourtant, il y a du monde que… Avec qui jeveux pas le dire, mais c’est drôle de dire

(09:50):
ça, non? J’ai des baises avec qui on prendpas de drogue, non… [rire] Je suis crampé.
Oui, je baise systématiquement avec ladrogue, je me cache des fois pour… slammer.
Quand je ne veux pas que… Quand je sens que…Quand c’est évident que la personne va

(10:12):
freaker si elle le sait. Donc je n’en parlepas à tout le monde.
Même dans le milieu. Je me cache.
Je fais des mensonges.
Je suis un menteur… [longue pause]

(10:36):
Je suis présentement enfermé dans mon garde-robe.
Il parait que c’est bon pour le son.
Je suis en petite boule par terre.
L’impression de… l’impression d’être dans uncocon.
Je me demande si je vais m’en sortir unjour…

(11:02):
[effet
sonore aspiration] J’en fais pas mal del’anxiété.
Et puis je pense que c’est évident que c’estla drogue qui a un impact là-dessus.
L'impact de la drogue. J’ai la peaudégueulasse, j’ai des problèmes de dents.

(11:26):
[soupir] j’ai pris du poids.
Je suis essoufflé à rien.
Et je vieillis. Bon, 45 ans.
La nature commence à faire son œuvre.
Ou le temps… Le temps ou la nature?

(11:49):
Les deux?
Hum… C’est un peu comme un journal intime.
C’est… des choses que je dirais même pas àma psy…

(12:14):
De toute façon, je la vois plus.
Je ne la vois plus, parce que elle ne savaitpas du tout comment gérer… comment gérer ma
situation. Elle était soulagée de voir quej’avais un travailleur social qui était prêt
à me suivre. Et puis, qu'y avaitprobablement une ouverture du côté de

(12:35):
l’Université McGill pour un traitement degroupe, duquel j’ai été refusé parce que je
consomme encore. Et puis le travailleursocial, bien on ne se voit plus… Je pense que
tout le monde se dit que ça doit êtrecorrect, quelqu'un s'en occupe en quelque part.
Ça va faire 3 ans que je fume.

(12:57):
Ça me fait plus rien… Ça m’empêche dedormir, à la limite… Ça me rend tendu
parfois. Mais, c’est une consommation detous les instants, je suis tout le temps en
train de fumer… Tout le temps.
Tout le temps. Tout le temps. Le soir,j’arrive à me calmer d’habitude à partir de 8 h,

(13:21):
je fume plus. [expiration]…
J’ai beaucoup pensé ces derniers temps.

(13:44):
J’ai pensé à… à mes amis, à mes proches…avec qui j’ai pas essayé de garder contact.
Des gens qui me manquent. Des épisodes quime manquent.
Des euh… des voyages que j’ai fait, deschoses que je fais plus.

(14:04):
Bon, il y a quand même une pandémie en mêmetemps.
On s’entend que, partir en voyage sur unego, ça se fait pas.
On peut pas. On peut rien faire.
Au moins je baise. Je pense que c’est ça quime sauve.

(14:24):
Je reste tout seul.
Je suis ami avec mon ex.
Puis je baise. Mes amis ont leur famille,les enfants, leur conjoint, t’sais…

(14:46):
Moi j’ai le cul.
Je suis rendu pas mal bon.
À chaque fin de semaine, je me dis hum… quej’appelle ma mère, à soir faudrait que
j’appelle mon père. Ça m’étonne qu’il nem’aille pas appelé.
D’habitude, quand je pense à l’appeler, ilm’appelle… Mon père qui est fier de moi.

(15:10):
La première fois de ma vie… Il est fier demoi.
Maudit qu’il m’a donné de la honte.
Il m’a fait me détester.
Aujourd’hui, il est impressionné.
Esti que ça me donne rien, ça change rien.

(15:33):
Si ça avait pu à l’envers au moins… Esti quej’hais ça être dans la
plainte! C’est tu vraiment le seul moyen defaire ça être dans la plainte?
Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre quela plainte?
Je pourrais appeler un… un ami pis lui dire ce que je pense vraiment.

(16:03):
Je pourrais appeler X ou Y, peut-être Z, ceux qui
sont à Paris ou à Boston ou à Montréal… [Son de téléphone]

(16:39):
Allo, comment ça va? Je sais… Ça fait longtemps qu'on s'est pas parlé.
[rire] [soupir] Comment tu vas?
Est-ce que… t’es-tu fâché?
Qu'on se soit pas parlé tout ce temps là?

(17:00):
[soupir] [soupir] Je sais que, quand jet'ai dit que, quand t'as vu que
je consommais, j'ai coupé les ponts.
Je t’ai pas retenu. [soupir]
Après tout ce que t'as traversé,
c’est quand même le boutte que ça soit moi qui te ramènelà-dedans.

(17:23):
[soupir] Et je veux te dire que, que je t’aime
pis que tu me manques bien bien gros.
On a eu du fun les derniers temps quand tu venais chez nous,
pis qu'on allait sur le bord de la piscine.
[grande inspiration] Je m’ennuie deces belles journées-là.

(17:45):
On avait du fun, on se faisait desmargaritas, on fumait du pot,
en écoutant d'la musique, c’étaitexcellent en regardant le coucher de soleil,
y’a rien de mieux que ça! [soupir][grande pause] Ouais.
Jusqu'à temps que je tombe dans le piègeque t’as réussi à t’extirper…

(18:11):
de. [rire] Comment ça va avec ton chum?
Êtes-vous encore ensemble?
Êtes-vous heureux? Tu voyages-tu encore?
T'as-tu perdu ta job? T’as sûrement perdu tajob… [inspiration].

(18:34):
Je suis désolé, j’aurais aimé ça être là pour toi.
J’imagine que t’es peut-être parti chez ta sœur…
en Californie, je pense? Tu penses-tu encore à moi?
Pourquoi tu m'as jamais rappelé?Pourquoi t'es pas resté mon ami?

(19:06):
[soupir] Je m’ennuie de toi.Bon bien, je vais te laisser aller.
Rappelle-moi… Je t’aime![téléphone raccroche]

(19:37):
[bruit du briquet et inspiration de fumée de crystal]

(19:58):
Vous devez vous demanderpourquoi je cache ma voix…
Ça doit faire étrange à écouter, un robot qui parle.
S’il y avait une video, je serais toutpixelisé.
En fait euh… ça donnerait quoide mettre une vidéo? [rire]

(20:22):
Une photo, ça ferait l’affaire.une photo de dos.
Mais, je suis pas prêt à dévoiler ça.Tu t'imagines, dévoiler ça?
À un des meilleurs amis que oui, ça fait 2 ans.
Je l’avais dit à un de mes amis, je lui en avais parlé.

(20:44):
Quand je lui ai dit que je slammais,j’ai vu le regard de panique dans ses yeux.
Depuis ce temps-là, je le sais qu'il s'endoute, mais je lui ai
dis tout de suite la semaine d’après, que c’était fini, que c’était juste une histoire
de même. Mais non, c’pas vrai.
Mais je suis persuadé qu’ils le savent,qu’ils s'en parlent entre eux.

(21:10):
Qu’ils s’inquiètent pour moi. Donc, c’estpour ça que j’suis pas prêt à le dire…
Pas prêt à devenir le cas de quelqu’un.
J'suis pas prêt... j’ai pas envie d'êtrecelui qu’on essaye d’aider.
J’ai pas besoin d’aide. J’veux juste qu’onme crisse la paix!
J’aimerais ça pouvoir leur dire, j’aimeraisça que ce soit normal… La honte!

(21:35):
Comment qu’ils appellent ça,ostraciser quelqu’un?
Un stéréotype… Et… [soupir] L’exclusion.
T’es plus quelqu’un de normal, t’es renduquelqu’un malade.
Quand on se retrouve approché.

(22:00):
Fait que non… Je ne suis pas prêt à…pas prêt à le dire… Vraiment pas.
[transition vers vraie voix] Mais je me disais que pour vous parler, ce serait pas tellement grave.
Que ça ne changerait pas grand chose.
[soupir]. Bon bien… Bonne soirée tout lemonde.

(22:23):
Moi je vais… là-dessus… aller faire d'autrechose.
C’était «Chronique d’un addict». Musique : The Fires par Otis McDonald.

(22:51):
Ce que vous venez d’entendre est un récit autobiographique romancé,
en grande partie vrai. Je vous remercie de m’avoir laissé vous parler
et surtout, je vous souhaite bonne chance.

(23:45):
C’était un épisode de Chemstory.
Abonnez-vous pour être informé de laparution des prochains épisodes.
Pour en savoir plus sur le projet, pourraconter votre histoire ou pour une liste de
ressources d’aide et de soutien en lien avecle chemsex, visitez Chemstory.ca
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