Episode Transcript
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(00:00):
Cette série balado aborde la consommation de drogues et la sexualité.
Si vous ou une personne de votre entourage avez besoin de soutien,
des hyperliens vers des ressources d’aide sont disponibles dans le texte
de présentation de l’épisode et sur le site chemstory.ca
Vous écoutez Chemstory,
(00:23):
une série balado créée par des personnes ayant une expérience vécue de chemsex.
Intervieweur (00:29):
Salut Sacha, comment ça va?
Sasha (00:34):
Très bien et toi?
Intervieweur (00:35):
Ça va bien, merci. Je te
remercie de me rencontrer aujourd’hui. Donc,
comme tu le sais, aujourd’hui je vais te poser des questions que tu as préparées hum… Un
peu sur ton expérience avec le chemsex, ta trajectoire, puis on prend ça de là. Donc,
(00:55):
on peut commencer tout de suite peut-être si tu veux m’expliquer un peu comment est-ce que tu
as entendu parler de chemsex la première fois ou qu’est-ce qui t’a amené vers ça?
Sasha (01:05):
Ben grosso modo, c’est que
j’ai toujours voulu expérimenter. Donc,
j’en ai entendu un peu parler. Puis à un moment donné, j’ai voulu vraiment essayer,
donc je suis passé euh… à l’acte.
Intervieweur (01:14):
Est-ce que tu te rappelles où
est-ce que tu en as entendu parler? C’était-tu
comme dans des conversations, sur les applications de rencontres?
Sasha (01:21):
C’est arrivé que je le voyais des
fois un peu sur les applications. Des fois,
il y avait des acronymes. Sinon on pouvait en voir quand même aussi là,
si tu regardais certaines émissions télévisées.
Intervieweur (01:31):
Puis comment c’était
ta première fois de chemsex?
Sasha (01:35):
Ma première fois, ça avait été une assez
bonne expérience. Ça avait été quand même de fumer du euh… crystal meth,
donc ça a été vraiment agréable comme expérience, là pour une première fois.
Intervieweur (01:51):
Puis quelles autres substances
tu consommais dans des contextes de chemsex.
Sasha (01:56):
Au sens large ce que j’ai pris,
ça a été justement la MDMA, le GHB,
la kétamine, le crystal meth euh… la cocaïne.
Intervieweur (02:06):
Puis tu les consommais
sous quelle forme ou de quelle façon?
Sasha (02:11):
Pour le GHB, c’était liquide. Les
autres, y en a certaines que c’était par
comprimés. Pour le crystal meth, vers la fin, ça a été vraiment plus par injection.
Intervieweur (02:18):
Puis avant ça,
c’était comment le crystal?
Sasha (02:21):
C’était seulement par euh… en le fumant.
Intervieweur (02:24):
Puis est-ce que tu te
rappelles plus ou moins quand t’as
commencé à l’injecter? Puis pourquoi est-ce que t’es allé vers cette méthode de consommation là?
Sasha (02:34):
Ben ça a été autour d’août 2015. C’est
la même personne à l’époque qui m’avait aidé
pour mon début, entre guillemets dans le chemsex. Il me l’a proposé hum… comme je le connaissais,
donc je l’ai expérimenté. Ça a été quand même une très belle expérience comme première fois.
Intervieweur (02:51):
OK. Puis avec
cette expérience d’injection,
qu’est-ce que… Qu’est-ce qui te ramenait vers ça? C’est quoi les avantages? Qu’est-ce que t’aimais?
Sasha (03:01):
Un des gros avantages, c’est quand tu le
recevais t’avais comme un gros boost de chaleur,
ça te remontait, t’avais un feeling beaucoup plus heureux. T’avais vraiment…
la perte de toutes les inhibitions, aucune anxiété. T’avais vraiment un
feeling… vraiment horny au boutte, donc toutte se mélange là, ensemble…
Intervieweur (03:18):
Puis qu’est-ce que tu
peux me dire aussi davantage par rapport
à l’interaction avec l’autre personne lorsque tu consommes cette drogue-là?
Sasha (03:26):
La différente différence, c’est
qu’avec euh… après avoir consommé,
c’est euh… la relation peut durer vraiment, assez longtemps, des fois des heures avant
d’en arriver à l’orgasme. Donc, ça donne du plaisir intense pour un très long moment.
Intervieweur (03:42):
OK, puis quel matériel
tu utilisais pour l’injection?
Sasha (03:46):
Dans mon cas, oui, pour
faire les injections propres,
j’utilisais quand même du matériel neuf qui était quand même accessible
et disponible à Montréal. Mais en somme, c’était souvent le garrot,
l’eau, des cups pouvoir faire le mix et surtout des seringues neuves à chaque fois.
Intervieweur (04:04):
Par rapport à la fréquence
du chemsex, qu’est-ce que tu peux me dire
avec le temps? Est-ce que la fréquence elle a changé? Est-ce que ça a augmenté? Est-ce
que ça a diminué? Est-ce que tu sentais un certain moment où est-ce que tu en faisais
trop? Qu’est-ce que tu peux me dire par rapport à… à la fréquence de chemsex?
Sasha (04:26):
Au départ, c’était vraiment
peu fréquent. Genre peut-être une
fois par mois. Un moment donné, tu deviens que, avec l’effet tolérance,
donc t’en prends un petit peu plus, à un moment donné, tu veux ravoir ce feeling-là.
Donc ça vient un peu comme un cercle vicieux à un moment donné, ça a été rendu à quelques
fois à une fois par semaine. Donc oui, ça devient pernicieux, si tu en abuses.
Intervieweur (04:49):
Puis, est-ce que c’est toujours
en groupe ou parfois tu consommais seul?
Sasha (04:54):
Ça arrivait des fois que
ça pouvait être euh… en groupe,
ou à des endroits comme le sauna. Sinon, oui, ça m’arrivait aussi de consommer seul.
Intervieweur (05:03):
Donc plus tôt, tu me parles un peu
des effets positifs du chemsex. Peux-tu me dire un
peu plus des effets négatifs que tu ressentais peut-être durant les sessions de chemsex?
Sasha (05:17):
Les effets négatifs surtout, c’était en
premier lieu, c’est que t’avais des problèmes
érectiles, donc fallait souvent avoir un palliatif comme le viagra, cialis. Pour d’autres personnes,
c’est quand même le trimix avec une injection en piqûre. Sinon le reste, ça serait plus l’aspect de
l’hygiène. Donc, quand tu transpires beaucoup pendant plusieurs heures à un moment donné,
(05:39):
veut veut pas, ton corps a tellement transpiré là, tsé veut dire après une journée complète de
sexe, que tu n’as pas pris la douche, ça faisait devenir, une mauvaise odeur. Ça faisait aussi la
sécheresse buccale, donc t’avais une problématique à un moment donné. Y en a certains qui ont des
problèmes de dentition à force de grincer des dents. Et ensuite aussi, c’est que comme ça
dure des heures, tu deviens aussi fatigué par la suite. Moi quand je faisais du chemsex,
(06:03):
je faisais ça pour longtemps, j’avais toujours soit de l’eau ou de l’eau avec des électrolytes
pour pallier à ça. J’avais aussi pour, au niveau des carences, parce que tu manges
pas pendant euh… durant le chemsex, ça coupe vraiment toute la faim. Mais je gardais quand
même de proche soit du Boost ou du Ensure comme supplément alimentaire. J’utilisais du Biotène là,
(06:26):
c’est quelque chose qui est fait pour hydrater. Il y en a autant au niveau liquide qu’au niveau… un
genre de spray pour la bouche. Donc ça permettait de garder une certaine hygiène de la bouche.
Intervieweur (06:38):
Comment était
justement la période de récupération?
Sasha (06:42):
La période de récupération pouvait
devenir, vers la fin extrêmement long. Ça devenait
aussi long que la période que tu étais sous le high. Donc si vraiment t’as fait ça pendant deux
jours, tu vas pratiquement devoir récupérer pendant plus de deux jours. Durant cette
période-là aussi, tu viens complètement… euh… les batteries sont à off complètement.
Intervieweur (07:02):
Puis c’est quoi que ça
a l’air précisément ces deux jours-là?
Sasha (07:06):
Dans mon cas, je faisais vraiment
des gros sommeils, là. Je dormais assez dur
que un cadran naturel, un cadran normal que j’utilisais pour me
réveiller, je l’entendais même pas tellement j’étais dans un sommeil assez profond.
Intervieweur (07:19):
Puis comment est-ce
que ces périodes là, justement,
affectaient ta vie? Est-ce que ça affectait ta vie sociale ou ta vie de travail?
Sasha (07:26):
Ça a déjà été le cas. Donc, à un
moment donné, je suis pas rentré travailler.
J’avais quand même appelé, mais je veux dire, j’étais tellement fatigué. D’autres fois aussi,
j’avais pas assez récupéré, mais je devais participer pour ma fête
justement. Mais j’étais quand même à moitié présent, l’autre moitié était endormie dont
j’étais comme semi-présent euh… en famille. J’ai déjà fait une session qui était longue,
(07:50):
puis comme on a continué, continué, j’ai carrément pas été faire la veillée de Noël là… en famille.
Intervieweur (07:57):
Comment est-ce que ça te faisait
sentir lorsque tu manquais des engagements sociaux comme ça?
Sasha (08:03):
Ben c’était surtout après la période
de récupération que tu réalises là que…
Ouin, t’as comme étiré ça un petit peu trop longtemps,
donc c’est sûr qu’avec le temps tu te demandes : ça vaut-tu encore la peine
de vouloir continuer? Donc c’est le côté pernicieux de ce… de cet amusement-là.
Intervieweur (08:22):
Donc, si je comprends bien,
pendant le chemsex, tu vois comme pas le temps
passer? T’es pas trop préoccupé par ces choses-là et c’est par la suite que tu reviens à la réalité,
si on veut. Puis tu te rends compte un peu des conséquences sur ta vie sociale, c’est ça?
Sasha (08:39):
Exactement. T’es comme déconnecté là,
quand tu fais du chemsex. T’es tellement concentré
là-dessus que tout ce qui se passe autour, tu y penses vraiment pas. T’es vraiment dans une bulle,
tu ne vois pas le temps passer, tu vois juste qu’est-ce que t’es en train de faire.
Intervieweur (08:55):
Est-ce
qu’aujourd’hui tu consommes encore
du crystal ou d’autres drogues liées au chemsex?
Sasha (09:01):
Depuis plus de deux ans, non.
Euh… J’ai arrêté parce que les périodes
de récupération devenaient extrêmement longues. Toutefois, rien ne va m’empêcher
peut-être dans l’avenir le faire, mais ça sera beaucoup plus préparé. Je vais préparer aussi,
je vais anticiper aussi la période de récupération. Mais ça va être
(09:23):
aussi vraiment de façon très occasionnelle pour éviter le retour du cercle vicieux.
Intervieweur (09:29):
Hum hum… Est-ce que tu
peux m’en dire justement un peu plus
sur cette période de réalisation là? Quand est-ce que tu es passé de quand
tu consommais à une plus grande fréquence à aujourd’hui arrêter?
Sasha (09:42):
Bah ça venait que tu passais
deux, trois voire quatre jours là-dessus.
Donc à un moment donné. Et aussi la satisfaction et le plaisir n’était plus le même qu’au début.
Mais aussi après, de devoir prendre de repos là, trois ou quatre jours,
ça devenait long. C’est comme un très long hangover que ça donne.
Intervieweur (10:07):
Qu’est-ce que tu veux dire
par… la satisfaction n’était plus la même?
Sasha (10:11):
Je n’avais pas le même plaisir comme au
début. Ça devenait plus… Vouloir consommer le
cristal que le plaisir du chemsex. Donc, y avait comme une séparation entre les deux. Donc, c’est
là que ça devient moins plaisant. Euh… Aussi, ça devenait aussi, comme je te disais tolérant, donc
(10:32):
les quantités de rendues plus grosses. Il y a cet aspect-là aussi qui m’a fait ralentir d’aplomb.
Intervieweur (10:37):
Donc quand tu
étais dans ce cercle vicieux là,
comme tu disais plus tôt, t’avais plus non plus les mêmes avantages,
donc tu faisais plus de chemsex pour les plaisirs sexuels que ça pouvait t’amener,
mais davantage simplement pour consommer, parce que t’avais la volonté de consommer du crystal…
Sasha (10:59):
C’était à peu près ça, oui. Donc
c’était plus ça qui devenait… prédominant.
Intervieweur (11:04):
Puis si je comprends, avec le
temps, t’as pris conscience que ce cercle vicieux
là prenait de plus en plus de place dans ta vie, puis t’as voulu arrêter ou ralentir en tout cas?
Sasha (11:15):
Oui, j’ai mis un
gros lever de pied là-dessus,
donc j’ai arrêté un moment donné. Ensuite, y a eu la pandémie, donc j’ai pas voulu,
ça a comme adonné en même temps, donc ça a permis de pas vouloir en consommer non plus.
Intervieweur (11:32):
Puis après tu disais que
peut-être dans l’avenir, tu reconsommerais,
mais tu ferais les choses un peu différemment,
c’est ça? Tu voudrais éviter de tomber dans ce cercle vicieux là?
Sasha (11:41):
Oui. Disons que si je le fais, je
vais le préparer en soi. Euh… On dit une
semaine de vacances, je vais préparer le temps de récupération. Mais aussi, j’irai pas chercher
une aussi grande quantité non plus pour éviter devoir reconsommer, reconsommer puis reconsommer.
Intervieweur (12:00):
Et la fréquence, donc la
fréquence ne sera plus la même, non plus.
Sasha (12:03):
Non, je veux garder
ça vraiment plus occasionnel.
Genre peut-être une fois aux trois mois.
Intervieweur (12:09):
Aurais-tu des
conseils à donner à ceux qui
voudraient faire du chemsex ou ceux qui en font actuellement?
Sasha (12:16):
Le meilleur conseil, ça serait de le
faire avec quelqu’un de confiance. Pour ceux
qui veulent commencer, c’est… C’est très très très important d’avoir quelqu’un de confiance,
parce que si ça tourne mal, au moins il y a quelqu’un qui est là. Euh… Ceux
qui veulent par exemple commencer pour les injections, c’est vraiment d’avoir du matériel
(12:37):
neuf. Ils pourront aussi se pratiquer avec l’eau stérile, voir comment injecter et ainsi de suite.
Parce que des fois, vouloir s’injecter ça devient difficile si tu passes à travers la veine ou pas.
Intervieweur (12:49):
Donc quand tu dis se
pratiquer, donc simplement s’injecter
de l’eau stérile sans drogue, juste pour pratiquer la technique d’injection, c’est ça?
Sasha (12:57):
C’est exact. J’ai toujours conseillé
d’avoir des boissons énergétiques avec des
électrolytes. Euh… Quand même, deux ou trois bouteilles. Aussi, moi je donnerais
le conseil soit des barres énergétiques ou des suppléments alimentaires comme Boost
ou Ensure. Je dirais surtout de planifier votre «après-plaisir» genre… On va dire… post-chemsex,
(13:24):
voir si t’as le temps. Parce que des fois tu vas faire peut-être un, deux, trois jours,
mais là tu vas arriver le lundi matin, ça va être difficile si tu retournes travailler.
Intervieweur (13:33):
Donc non seulement planifier
le chemsex, mais aussi planifier, tsé, dans
cette planification-là, inclure le… le rétablissement si on veut,
le temps de repos dans cette planification-là, c’est ça?
Sasha (13:46):
Oui, parce que c’est autant
important que la préparation en soi.
Intervieweur (13:52):
Puis finalement, quel message
voudrais-tu partager comme mot de conclusion?
Sasha (13:58):
Faut que ça soit vraiment occasionnel,
vraiment le moins souvent possible et à des
intervalles le plus éloigné pour éviter que ça devienne vraiment une habitude,
que le cercle vicieux commence et ensuite ça soit vraiment rendu une dépendance euh… énorme, là.
Intervieweur (14:18):
Puis ça, tu veux
dire le chemsex en tant que tel,
donc de garder le chemsex occasionnel, c’est ça?
Sasha (14:24):
At large, oui. Parce qu’il y a beaucoup
de substances qui peuvent être le fun ou non,
mais il faut garder ça vraiment comme des plaisirs exceptionnels entre guillemets.
Intervieweur (14:34):
Merci beaucoup Sacha. C’était
bien plaisant de te parler aujourd’hui.
Sasha (14:39):
Merci beaucoup!
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