Episode Transcript
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(00:00):
Cette série balado aborde la consommation dedrogues et la sexualité.
Dans cet épisode, il sera également questionde violence physique et psychologique.
Si vous ou une personne de votre entourageavez besoin de soutien, des hyperliens vers
des ressources d’aide sont disponibles dansle texte de présentation de l’épisode et sur
le site chemstory.ca
(00:26):
Vous écoutez Chemstory, une série baladocréée par des personnes ayant une expérience
vécue de chemsex.
Je suis content de faire une balado sur cequi m’a aidé à cesser de prendre de la
drogue. Maintenant, c’est fini, j’en prendsplus.
(00:47):
J’ai pris du crystal meth en 2016 pendantsix mois.
J’ai pensé mourir. J’ai fait des rechutes.
Aujourd’hui, c’est bien fini.
Je veux partager avec vous ce qui m’a étéutile et ce qui m’a nui dans mon
rétablissement. J’aimerais tout vous dire :
d’abord, pourquoi j’ai consommé, comment a (01:01):
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été importante ma médecin de famille, unpsychologue dans le réseau de la santé qui
m’a offert plus que de l’écoute active,approche humaniste, une intervenante du CRDM
pendant un an, mon amoureux, lesintervenantes communautaires du Comité social
(01:27):
Centre-Sud, les gens du groupe impacté.
Aussi, y a eu toutes les personnes qui fontde la course à pied avec moi et de la
méditation qui ont été aussi importants.
J’ai observé que les liens que j’ai tissés àtravers les groupes que je viens de vous
énumérer, les intervenants ont été trèsaidants.
(01:50):
Le psychiatre et auteur Gabor Mate m’apermis de comprendre pourquoi, je vous en
parle. Parmi les auteurs que j’ai lus et queje vous suggère qui m’ont aidé pendant mon
rétablissement, il y a eu d’abord le docteurMarshall Rosenberg, un psychologue américain,
(02:10):
l’approche humaniste.
C’est l’auteur de la communication nonviolente qui est enseignée partout à travers
le monde. Il nous montre l’importanced’exprimer nos besoins et de vivre des
expériences d’empathie avec les autres.
D’autres lectures aidantes, y a eu DurvasulaRamani à propos des troubles de personnalité
(02:35):
narcissiques et Marie-France Hirigoyen.
Les deux auteures nous préviennent de ladangerosité des relations toxiques sur nos
santés et sur notre sécurité.
On fait une description des personnes qu’onappelle : les personnes narcissiques.
(02:56):
Le Français Boris Cyrulnik qui nous enseignesur le lien d’attachement et les traumas et
la manière de se sortir des traumas a ététrès bénéfique.
Ses travaux sont très liés à ceux de GaborMate, mon auteur préféré en ce qui concerne
(03:17):
le traitement des personnes qui souffrent deproblèmes de dépendance.
Les deux auteurs, Cyrulnik et Gabor Mate,pigent dans les recherches scientifiques sur
les troubles qui viennent des liens toxiquesen bas âge que
(03:40):
subissent les petits enfants.
Gabor Mate (03:42):
Mammalian even more so, and most
so the human, because we’re the least
developed, the least mature, with the leastdeveloped brains and the most dependent for
the longest period of time than any creaturein the universe.
So our attachment needs are enormous andthey remain important throughout lifetime
because we have to have attachments to formsocieties, social groups without which we
(04:03):
don’t survive. So attachment is a huge need.
We have to connect, belong, be loved by andlove.
That’s just a basic human need.
Guy (04:13):
Gabor Mate est un psychiatre canadien
de renommée internationale qui a travaillé à
Vancouver dans le East Side, auprès despersonnes qui consomment du crystal meth ou
d’autres drogues dures.
Gabor Mate est un psychiatre qui est unevéritable rockstar de la psychiatrie, reconnu
(04:34):
à travers le monde, très connu au Canadaanglais, mais très surprenamment inconnu au
Québec. Par exemple, au Centre deréadaptation en dépendance de Montréal, de
nombreux intervenants ne savaient pas quiest Gabor Mate.
Gabor Mate explique que la guérison va venird’une profonde reconnexion avec soi, parce
(04:59):
que chez des personnes qui souffrent dedépendance, on observe que cette connexion a
été perdue à l’enfance chez les personnesdépendantes.
Gabor Mate (05:09):
But we have another need as well,
which is for authenticity.
Authenticity is the capacity, as I saidearlier, to know what we feel, to be in touch
with our bodies and to be able to expresswho we are and manifest whom we are in
activities and in our relationships.
To a child, where the attachment need is notcompatible with the need for authenticity.
(05:31):
In other words, if I’m authentic, my parentswill reject me.
If I feel what I feel and express what Ifeel, and insist on my own truth, my
parents can’t handle it. Guy (05:45):
On accuse une
absence de réciprocité souvent, dans les
1000 premiers jours de la vie du bébé et destraumatismes à une période à l’enfance, où on
ne pouvait pas fuir, où on ne pouvait pas sebattre.
Devant une situation qui nous occasionnaitbeaucoup de souffrance, Gabor Mate a étudié
(06:08):
les recherches scientifiques sur laplasticité du cerveau et le lien
d’attachement tôt dans la vie et le rapportde réciprocité aux parents.
Gabor nous explique le refoulement desémotions et son effet sur le système
immunitaire. Gabor Mate (06:24):
What that tells us
what happened.
What happened was that at some point, wefound out it was too costly for our
attachment relationships to be in touch withour gut feelings.
So then, it becomes the first, not our firstnature, but our second nature to suppress our
feelings, to lose touch with ourselves andto suppress our gut feelings.
(06:46):
And then we pay the cost later on in theform of addictions, mental illness or any
range of physical illnesses.
But it all began with this tragic conflictthat children should never be confronted
with, but are all the time betweenauthenticity, on the one hand, and attachment
on the other. Guy (07:03):
Les personnes ainsi
traumatisées à l’enfance portent un stress
permanent où il y a peu de sécrétiond’endorphines et d’ocytocine,
des hormones qui sont essentielles pourcréer des liens d’attachement.
Si nous changeons notre rapport à nous-mêmeset notre rapport aux autres, nous changeons
(07:30):
l’organisation de notre cerveau qui est trèsmalléable.
Pour Gabor Mate, comme pour MarshallRosenberg, nous sommes dans une société
malade qui ne répond pas aux besoins deshumains.
Notre société provoque de l’isolement et dela souffrance reliée à la satisfaction de nos
(07:52):
besoins fondamentaux qui sont liés aux liensd’attachement.
Les conditions stressantes dans lesquellesnous vivons en société nous amènent à vivre
avec un taux d’endorphine et d’ocytocinebas, parce que nous ne pouvons pas satisfaire
nos besoins d’être en relation de manièresatisfaisante.
(08:15):
Nous sommes souvent mis en position decompétition et nous produisons de la
cortisol, de l’adrénaline, des stresseursqui nuisent à notre santé.
Les personnes qui posent des gestes dedépendance, que ce soit par l’abus de
substances ou autrement, cherchent lesoulagement face à l’inconfort d’être envahi
(08:41):
de cortisol et d’adrénaline.
Gabor Mate nous apprend qu’on peut soulagercette souffrance en se lançant dans le moment
présent. En ce qui me concerne, je porte destraumatismes qui viennent de l’enfance où
j’ai dû refouler ma colère, où j’étais ensituation d’inhibition, constamment dans un
(09:04):
environnement de violence de zéro à l’âge de20 ans.
De la violence psychologique.
Ma colère ne pouvait pas s’exprimer dans monmilieu familial d’aucune façon.
Les traumatismes que j’ai vécus à l’enfanceont fait de moi une personne nerveuse,
anxieuse, pleine d’adrénaline, de cortisol,toujours prêt à fuir mes pensées qui me font
(09:31):
souffrir. Je suis une personne émotive,pleine de peurs et souvent je m’éteins devant
des personnes qui m’intimident.
Moi, je n’ai pas accès à mon agressivité.
Ma mère a été battue par mon grand-pèrependant toute son enfance.
(09:53):
Violemment, elle a été battue.
C’est sa sœur qui me l’a dit, après la mortde ma mère.
Ma mère était dépressive et elle a étéhospitalisée tout de suite après ma
naissance. Ça a été très difficile pendantles premiers mois de ma vie.
Je pleurais sans cesse.
Ma tante Gemma essayait de me consoler etn’y arrivait pas.
(10:16):
Ma mère est revenue de ses opérations, elleétait dépressive.
C’était difficile avec moi, il n’y avait pasd’interaction.
Il n’y avait pas de réciprocité entre nous,j’étais sa consolation : la petite fille
(10:36):
qu’elle aurait aimé avoir.
Une petite fille douce qui n’a pasd’agressivité.
Mon grand frère, 6 ans mon aîné, étaitméprisant, violent avec moi.
Une haine qu’il a toujours eue envers moi,qui s’est exprimée librement pendant son
enfance et son adolescence.
(10:59):
Une haine à mon endroit qui a ensuite étéretenue, mal retenue.
Son mépris envers moi, mal dissimulé plustard, ça a fini par me rendre totalement
insupportable. J’ai renié mon frèremaintenant.
Ça a été un grand soulagement, mais ça a étédifficile.
(11:22):
Vous savez, on peut aimer quelqu’un qu’ondéteste, quelqu’un d’ignoble.
Ce qui a fait de moi plus tard, comme jel’ai dit, une personne anxieuse qui s’éteint
devant les personnes qui l’intimident.
Et je suis allé dans tous les groupes quej’ai fréquentés, à peu près de situations de
(11:43):
harcèlement en situation de harcèlement, duharcèlement en milieu de travail notamment.
Je baignais dans la cortisol et l’adrénalinesous le stress et je suis même devenu avocat
pour essayer de me défendre.
Et je peux vous dire qu’au Québec, lajustice pour les personnes victimes de
(12:04):
harcèlement en milieu de travail,particulièrement dans les milieux syndiqués,
ça n’existe pas.
En milieu de travail, les personnes ensituation de responsabilité sont séduites par
les pervers narcissiques.
Les pervers narcissiques identifientrapidement les personnes anxieuses comme moi,
(12:25):
qui ne savent pas se défendre, to stand forthemselves.
À mon dernier emploi au Ministère de laSanté et des Services sociaux du Québec, un
emploi de préposé aux bénéficiaires enCHSLD, ça a été la dernière fois que j’ai
vécu une situation de harcèlementpsychologique en milieu de travail.
(12:46):
Comme le dit Marie-France Hirigoyen, sic’est vraiment du harcèlement en milieu de
travail que vous vivez, vous le saurez enportant plainte, parce que le harcèlement va
aller en augmentant.
J’ai porté plainte et le harcèlement aaugmenté de manière exponentielle.
Comme j’étais avocat de formation etd’expérience, j’avais un dossier très bien
(13:09):
monté avec des enregistrements, des bonnespreuves.
J’ai subi du harcèlement pendant plus de sixans.
Les procédures judiciaires se sont étiréespendant quatre ans.
La centrale syndicale protégeait les bulliesqui m’avaient calomnié et harcelé, parce que
certaines étaient membres du syndicat local.
(13:32):
J’avais dénoncé de la violence envers desbénéficiaires et du racisme envers les
collègues noirs. Comme je n’ai pas étédéfendu du tout par l’avocat de la centrale,
j’ai dû accepter un règlement de 8 000 $.
Au bout de ces années de stress trèsintense, parce que je me suis défendu au lieu
(13:53):
de prendre la fuite, comme j’avaisl’habitude de le faire autrefois, et bien mon
système immunitaire s’est totalementeffondré.
On m’a diagnostiqué un cancer quelques moisaprès que j’eus dénoncé le harcèlement que je
vivais dans des vidéos sur les médiassociaux.
(14:15):
Un cancer de la gorge pour celui qui ne saitpas dire les mots pour se défendre.
Ces années de stress où je vivais dans lacortisol et l’adrénaline ont ruiné ma santé.
Je goûtais rarement au plaisir qu’on lesgens heureux, les amoureux qui sont pleins
(14:37):
d’endorphines, de sérotonine, d’ocytocine.
Ce sont des neurotransmetteurs qui sont trèspeu actifs chez moi, étant donné que je suis
souvent dans l’adversité à me faireharceler, mépriser, rejeter… surtout à cause
de mon caractère inhibé, mais aussi parceque j’affirme mon homosexualité.
(15:02):
Je suis un homme non binaire de genreféminin.
Dans la culture dans laquelle nous baignons,je suis identifiée à un genre féminin.
Les moments de paix que j’ai vécus dans mavie me sont souvent venus par l’usage de la
drogue. J’ai consommé du cannabis.
(15:22):
Malheureusement, la fumée a eu un effetnéfaste sur ma gorge.
Et quand j’ai connu le crystal meth, ça aété comme un gros « hug », un gros câlin
chaud. C’était l’équivalent d’être rempli deces neurotransmetteurs, l’ocytocine, de
(15:43):
sérotonine… Ces hormones de la paix, del’amour qu’on ressent quand on est lié à des
gens qu’on aime. Ce qui m’arrivait si peusouvent dans ma vie.
Gabor Mate (15:55):
Maybe every human behaviour,
every human thought, every human emotion,
every human reaction, doesn’t matter what itlooks like on the outside, reflects
a desire to be loved, or to love.
And as much as Rosenberg, who teachesnonviolent communication, said very often, we
(16:21):
make these communications… well, he calls ita tragic communication of a need.
So it doesn’t matter how people behave orspeak, underneath it, there’s some basic
human need. That human need was at somepoint frustrated in early development.
(16:42):
And that person has been all their livestrying to have that need met.
It doesn’t matter how they behaved.
Even if they behaved in the most aggressiveand inhuman, in an obnoxious fashion,
there’s always a reason for it.
So that means when somebody comes for help,and somebody actually comes for help, you
(17:08):
have to be able to see that need and thatreal human being underneath the words and
underneath the behaviour. Guy (17:13):
Après la
consommation de crystal pendant six mois et
toutes ces années de stress en milieu detravail par le harcèlement, mon corps s’est
effondré et j’avais le cancer et jecherchais des solutions.
J’ai passé ma vie, moi, à chercher dessolutions aux problèmes de rejet et de
(17:35):
situations de stress que je vivais.
J’ai été suivie par différents psys,psychanalystes, psychothérapeutes.
Mais là, avec l’échéance de la mort, j’aipoussé davantage mes recherches et j’ai
insisté davantage pour voir des psychiatres.
(17:55):
Les psychiatres ne voulaient pas, parce quej’étais considéré comme un cas de personne
anxieuse qui ne nécessitait pas destraitements lourds comme les psychotiques qui
sont aidés par les psychiatres.
À force d’insister, une psychiatre m’arencontré.
(18:17):
Je lui ai dit que je souffrais d’un chocpost-traumatique.
J’avais toutes les caractéristiques du DSM-4pour un choc post-traumatique, même si ma vie
et mon intégrité n’avaient pas été mis endanger lors d’une agression, comme c’est le
critère numéro un de ce groupe diagnostic.
(18:39):
La psychiatre m’a fait voir un jeunepsychologue qui était merveilleux, à
l’hôpital. C’est très rare au Québec qu’onait accès à un psychologue dans le service de
santé publique. C’était un jeune psychologuenon binaire avec qui j’ai cheminé pendant à
peu près six mois. Au cours de cettepsychothérapie, j’ai bien compris la
(19:03):
profondeur du mal que m’a fait mon frère, etc’est là que je l’ai renié et que je lui ai
fait mes adieux à mon frère.
J’ai eu aussi d’autres aides qui ont ététrès bénéfiques.
Je veux mentionner, au CRDM que j’ai euaccès à une psychothérapeute d’approche
(19:26):
humaniste pendant un an et c’était pendantla période très stressante où je vivais le
harcèlement psychologique en milieu detravail et que je venais juste de cesser de
consommer la consommation de crystal meth.
Mais cette aide-là que j’ai eue au CRDM,avec cette merveilleuse psychothérapeute,
(19:52):
c’est exceptionnel. Une gestionnaire du CRDMme l’a dit : ça ne se peut plus une
psychothérapie avec un support qui puissedurer aussi longtemps.
Elle m’a aussi dit que l’approche humanisten’était plus valorisée et qu’on préfère des
(20:12):
thérapies d’impact plus courtes, moinscoûteuses, basées sur une approche
émotivo-rationnelle où on critique lespensées que porte la personne souffrante.
Alors que l’approche humaniste, où on valideles perceptions, les sentiments, ça m’a fait
(20:34):
vivre un apaisement qui a été trèsbénéfique.
Gabor Mate (20:37):
But there’s still a healing force
inside everybody that attempts to heal.
And so then the question is (20:41):
how do we
promote that inner healing process?
And the biggest aspect, or the mostimportant aspect of the healing process by
far, is the degree of safety that theindividual experiences with you.
And safety is not a question of whetheryou’re threatening them or not.
(21:07):
Safety is actually how well connected theyfeel with you.
So, in this case, love shows up as anunconditional determination to understand
that person, so they can understandthemselves.
And so that means not only do you not judgethem, but you also don’t
(21:30):
allow them to get away with judgingthemselves.
When I say don’t let them get away with it,I don’t mean that you punish them or you
attack them for it, but you point out whenthey’re not being compassionate towards
themselves. So, it’s love in a sense ofholding somebody and understanding them.
Guy (21:47):
Oui, ce lien-là, j’ai pu en bénéficier
de l’approche humaniste et du lien
bienfaisant. Parce que j’ai une travailleusesociale qui a pris le relais à ma clinique
médicale. J’ai la chance d’être dans uneclinique médicale spécialisée auprès d’une
(22:12):
clientèle homosexuelle et toxicomane danscette clinique médicale là, j’ai eu la chance
d’avoir une médecin remarquable qui m’asuivi alors que j’étais en consommation, qui
a pris le relais de mon médecin de famille.
Elle a d’abord agi pour éviter que j’attrapele VIH en me prescrivant de la PrEP.
(22:34):
Surtout, elle savait écouter, malgré le peude temps que notre système de santé lui
alloue pour écouter.
Aussi, elle me faisait confiance.
Elle avait confiance que j’allais cesser deconsommer.
Elle souriait, elle m’accueillait avec del’humour, de l’empathie.
(22:57):
Sa bonté, son ironie, me faisait tellementde bien.
Elle s’appelle docteur Vézina.
Elle nous a quittés d’un cancer, elle aussi.
La médecin qui a pris sa relève à laclinique a eu la très bonne idée de faire
entrer une travailleuse sociale pourl’épauler.
(23:22):
Elle offre, la travailleuse sociale, del’écoute active d’approche humaniste.
Je peux maintenant bénéficier de ceréconfort à travers le lien d’empathie et ça
m’est très bénéfique. C’est ce lien qui mefait goûter encore à l’ocytocine, la
(23:42):
sérotonine que je ressens quand je connecteavec des pensées apaisantes.
Ces endorphines du bonheur, je n’y ai pas eusouvent accès au cours de ma vie.
Les plus belles minutes de ma vie,étrangement, moi, je les ai vécues vers la
(24:04):
fin de la consommation de Crystal et par lasuite, parce que c’est pendant la
consommation que j’ai rencontré l’homme dema vie, mon amoureux.
Les plus belles secondes que je puisseimaginer, c’était le matin, tôt, quand
j’allais le rejoindre dans son lit et que jele prenais en cuillère et qu’on s’apaisait,
(24:28):
qu’on tombait à moitié dans le sommeil etque je ressentais sa chaleur et l’amour.
On ne bougeait pas.
On était en paix.
C’était merveilleux. Le lien, c’était ça untrip d’ocytocine, de sérotonine dont parle le
psychiatre Gabor Mate.
Je voudrais revivre ces moments-là, maisnous ne sommes plus ensemble parce que quand
(24:52):
on a déclaré mon cancer, on m’a aussidéclaré que j’étais porteur du VPH-16, une
ITS cancérigène et très contagieuse.
On ne pouvait plus avoir de relationssexuelles.
Notre relation s’est éteinte.
On se voit encore parfois et malgré sonabsence, je continue à ressentir les
(25:17):
bienfaits de l’ocytocine et de la sérotoninequand je pense à lui.
Je souris, je suis bien.
Quand on a connu un grand amour, vous savez,on n’est plus jamais seul.
Quand je pense à lui et aux bons momentsqu’on a eus ensemble, mon corps se calme.
(25:38):
Un sourire apparaît dans mon visage.
Tous ces liens thérapeutiques m’ont prouvéque Gabor Mate a raison.
Il y a des liaisons qui créent de grandsbonheurs et qui guérissent nos corps.
Je tiens absolument à dire qu’à travers mesrecherches, j’ai aussi rencontré des
(25:58):
psychothérapeutes toxiques.
Au CRDM notamment, un homme narcissique quiniait mes perceptions.
Cet intervenant me faisait taire, mereprochait de carburer à la cortisol.
Il disait que je voyais des perversnarcissiques partout, que j’étais un parano.
(26:21):
J’ai porté plainte contre lui, mais sasuperviseure était séduite par le bonhomme.
L’intervenant était très séduisant enversses collègues et envers les figures de
responsabilité. La superviseure a défendul’intervenant et elle m’a dit que de l’aide
thérapeutique, comme j’en avais eu pendantun an avec l’intervenante humaniste, ça
(26:45):
n’existait plus au CRDM.
C’est important de le dire, et de lesavoir : y a des personnes dans nos
institutions qui se présentent pour offrirde l’aide et qui sont toxiques en réalité et
qui sont soutenues par les gestionnaires.
Le CRDM offre aussi une aide de groupe quiest toxique, fondée sur l’approche des douze
(27:09):
étapes. Le docteur Amnon Jacob Suissa,auteur de « Le Monde des AA ».
Le chercheur a fait une recension de toutesles études scientifiques sur les effets de
ces groupes des douze étapes.
(27:30):
Les méta-analyses démontrent que les groupesdes AA sont des groupes coercitifs qui
n’accordent pas d’aide aux personnes quisouffrent de dépendance.
Les études montrent que ces groupes peuventêtre très nuisibles, et c’est ce que j’ai
vécu, moi, en fréquentant les groupes desdouze étapes.
(27:53):
À l’intérieur des groupes des douze étapes,je me suis trouvé rejeté, isolé.
J’y ai subi beaucoup de souffrance et j’aiobservé que les personnes qui les fréquentent
depuis longtemps et qui affirment êtreabstinentes de toute drogue se présentent
comme des modèles. Elles aiment être là pourbriller, faire la leçon aux autres.
(28:20):
Ces personnes provoquent des blessures auxpersonnes vulnérables.
Ces pseudo-modèles font souffrir lespersonnes vulnérables et leur disent qu’elles
doivent admettre qu’elles sont dépendantes,qu’elles doivent s’en remettre à Dieu,
qu’elles seront toujours des personnesdépendantes, qu’elles ont besoin du programme
(28:46):
pour s’en sortir et qu’elles n’y arriverontpas en dehors du programme, qu’elles n’y
arriveront pas seules. Ces groupess’attaquent à l’estime de soi des
participants. Les participants vivent leurrechute, les rechutes sont tout à fait
normales. Elles vivent leur rechute àl’intérieur de ces groupes-là comme des
(29:07):
expériences d’humiliation où elles doiventaller admettre devant le groupe et s’en
remettre au groupe, déclarer leurimpuissance.
J’ai observé que les groupes de douze étapessont des groupes toxiques et j’ai observé
qu’ils n’ont aucun succès auprès desvictimes du crystal meth.
(29:27):
Les recherches scientifiques montrent que lesuccès réside dans les relations
psychothérapeutiques avec une intervenanted’approche humaniste qui valorise le patient,
lui manifeste de l’empathie et qui val’aider à identifier la souffrance qui est
(29:47):
derrière la consommation et derrière lescomportements de dépendance.
Hormis les relations d’aide qui m’ont étébienfaisantes, je veux aussi vous parler de
l’importance pour moi dans monrétablissement de la course à pied et de la
méditation pleine conscience.
Ce sont deux activités pour moi qui ont étél’occasion de revivre du bien-être, du calme,
(30:13):
de me reconnecter avec mon corps et avec monsouffle et de vivre le bien-être qu’on
ressent quand on déclenche la productiond’ocytocine et de sérotonine.
Là, dans le moment présent, dans cesactivités, loin de mes craintes et de mes
(30:34):
indignations, je m’éloigne de la souffrancequi m’a donné envie de consommer de la
drogue. Mes pensées m’amènent constamment àvivre du stress.
Très souvent, je suis irrité par l’irrespectdes autres, leur opportunisme, leur manque
d’honnêteté. Je suis à l’affût,hypervigilant.
(30:58):
Je sors constamment de ma fenêtre detolérance émotionnelle, comme disent mes
psys. Je deviens tendu, mes mains sontfroides, mes pieds sont froids, moites.
J’ai des tensions aux bras, aux épaules.
Ou alors, je ne dis rien.
Je m’éteins devant une menace.
(31:20):
C’est mon karma. Je cherche à me prémunirdevant une agression et mon anxiété et mes
inhibitions les provoquent, paradoxalement.
C’est surtout la méditation zen Soto qui m’amontré les effets de mes ruminations sur mon
corps. [musique percussion] Des
(31:48):
percussions sur du cuivre ou du bois dansmon centre de méditation zen, rythment ma
présence au Dojo.
Le maillet de bois, le gros gong suspendu,la cloche ousso, les clochettes kinhin
m’invitent à faire zazen.
(32:08):
Dans les grands espaces de silence qu’ellem’offre, j’apprends que je peux laisser
mourir mes pensées.
M’abandonner et ressentir un grand calme,comme si l’univers me donnait un gros
« hug ». Ici, c’est l’univers qui vient mefaire un gros câlin, à défaut des humains…
(32:33):
[pause] Une présence que j’ai appris àignorer me donne de la chaleur et de la
sécurité. [musique et chants]
[effet sonore de pieds].
(32:57):
Il y a une autre activité importante dans mavie qui me sort du stress, de mes tensions
corporelles, c’est la course à pied.
[effet sonore de pieds] Quand je consommaisdu cristal, j’étais des jours en dépression.
Heureusement, mon amoureux m’a initié à lacourse.
(33:19):
L’effet bénéfique sur mon état mental estpresque instantané.
[effet sonore de pieds] Après quelquesminutes, mon corps est chaud, calme.
Je ressens une euphorie.
Je produis moi-même mes propres droguesd’ocytocine et de sérotonine.
[effet sonore de pieds] Une fois parsemaine, c’est sacré, j’adore aller courir
(33:43):
avec mon groupe de course LGBTQ, lesGalopins.
Je cours seul aussi, la semaine.
[effet sonore de pieds] Quand je cours,j’adore être présent, entendre mes pas et
voir la lumière et les paysages.
[effet sonore de pieds] Au rythme dumétronome, je cours à une cadence de 185 ppm,
(34:09):
à différentes vitesses, lentement,rapidement.
[effet sonore de pieds] Ça m’étonne.
On peut aller à différentes vitesses engardant exactement le même rythme, la même
cadence. J’adore jouer comme ça avec letemps, l’espace, la distance.
[effet sonore de pieds]
(34:37):
J’espère très fort que mon partage sur ce quim’a aidé par rapport à ma dépendance vous a
apporté quelque chose.
Je veux terminer sur les beaux mots d’ÉricNoël, un participant de l’équipe de « Ça
prend un village » point com.
Allez voir leurs vidéos.
Éric Noël dit (34:57):
« J’aurais envie que les
gens changent leur regard sur les gens qui
consomment des drogues. Quelqu’un quiconsomme, c’est quelqu’un qui cherche une
solution à un problème qu’il est en train devivre.
Quelqu’un qui consomme, il ne fait pas demal à personne, sauf à lui-même.
C’est lui-même qui est dans son combat faceà sa souffrance ».
(35:18):
Alors soyons indulgents, soyons gentils,soyons à l’écoute, soyons présents pour les
gens qui souffrent dans notre communauté.
C’était un épisode de Chemstory.
Abonnez-vous pour être informé de laparution des prochains épisodes.
(35:39):
Pour en savoir plus sur le projet, pourraconter votre histoire ou pour une liste de
ressources d’aide et de soutien en lien avecle chemsex, visitez Chemstory.ca