Episode Transcript
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(00:00):
Cette série balado aborde la consommation de drogues et la sexualité.
Dans cet épisode, il sera également question d'agression sexuelle et de suicide.
Si vous ou une personne de votre entourage avez besoin de soutien,
des hyperliens vers des ressources d’aide sont disponibles dans le texte
de présentation de l’épisode et sur le site chemstory.ca
(00:23):
Vous écoutez Chemstory,
une série balado créée par des personnes ayant une expérience vécue de chemsex.
(00:52):
Allo. Salut. Bonsoir! J’espère que tu vas bien. Mon nom c’est Dale et bienvenue à mon épisode
de Chemstory. Je suis au début de la quarantaine et je veux prendre un moment pour vous remercier
d’être là, d’être à l’écoute. Deuxièmement, je vais parler un peu de mes motivations pourquoi
j’ai décidé de faire le projet (01:15):
de pouvoir
enfin avoir une plateforme pour pouvoir mettre
en lumière un pan d’une certaine problématique qui est réelle dans la communauté 2S/LGBTQ+
et dans lequel un pan de mon histoire y est aussi. Fait que je vais prendre un moment pour vous
(01:38):
ouvrir les pages de ce livre-là et de vous montrer l’espèce de dualité que j’ai eue à vivre dans les
périodes de ma consommation et de vie active de chemsex. Euh… Donc, c’est un peu ce qui m’a
motivé. Il y a une partie aussi que je voulais aussi démystifier, puis enlever l’espèce de
(01:58):
préjugé qu’il y a face à ça, parce que chacun a sa propre histoire et j’ai mon histoire aussi. Donc,
à travers les prochaines minutes, je vais vous partager ça avec le plus de transparence possible,
mais aussi le plus de… d’authenticité possible. Donc, je vous souhaite un bon moment présent.
(02:21):
Je vous souhaite une bonne écoute et on commence ça dans les prochains instants.
[musique]
(03:03):
Donc en 2009, il y a un événement qui a eu des répercussions, évidemment,
sur l’approche que j’ai eue envers le chemsex. Cet événement-là s’est passé
en octobre 2009. J’ai été victime d’un viol qui a été quand même assez violent.
Pour vous épargner les détails, ça a pris quand même un certain moment avant que j’aille consulter
(03:27):
parce que j’avais honte. Je m’étais isolé. Ça a pris plusieurs jours avant que je réussisse de
sortir de ma chambre et faire comme OK, faut que j’aille consulter parce que j’ai des blessures,
des lésions qui ne se guérissent pas. Ça m’amène à vous parler de la cause à effet. Donc,
(03:47):
en mars 2010, des résultantes de cet événement-là, ça m’a amené à avoir un résultat de diagnostic
positif au VIH. Et je vous cacherai pas que c’est comme si évidemment, à ce moment-là,
(04:09):
avec le peu d’informations que j’avais, le peu de connaissances face à la chose, c’était comme
si mon monde venait de s’arrêter en plus. Donc, ces deux choses-là ont fait en sorte que ça a
mis le terrain, vraiment… en place à ce qui allait venir ensuite. C’est sûr et certain qu’en tant que
(04:33):
gars gai, j’ai fait mes expériences par-ci et là. J’ai eu de belles soirées arrosées par-ci et là.
Essayer des trucs, ça faisait partie de mon… ça faisait partie de la personne que j’étais à ce
moment-là. Par contre, suite à cette nouvelle-là, évidemment… Ça a été très difficile. Ça a été
(04:59):
vraiment difficile à digérer, ça a été difficile à accepter, puis de garder ça… Puis tu sais, je vous
parlais au début d’une double vie, mais… ça a fait vraiment en sorte que ça a scindé quelque chose.
Ça a fait… Ça a créé vraiment une espèce de masse de gars heureux de jour qui, à l’extrême, a essayé
(05:20):
de le montrer, qu’il était heureux, puis que tout était parfait. Mais en dessous, oh my God!
Vivre avec cette étiquette-là, vivre avec cette blessure-là et avec la honte aussi du viol, puis
de ce qui en est résulté, puis de tout ce qui en est découler ensuite dans les mois qui ont suivi.
Parce qu’évidemment je voyais qu’il y avait des choses qui changeaient en moi. Puis il y a eu un
trauma qui a grandi à travers de tout ça. Donc ça a préparé le terrain pour cette fameuse première
(05:48):
soirée où je vais vous dire que le déclic s’est fait. Donc, cette soirée-là… Où est-ce que toutes
les choses se sont mises en place pour faire en sorte que j’accroche à cette… À ce type de mode
de vie là. La personne… La personne blessée que j’étais à ce moment-là a passé vraiment
(06:16):
des soirées très sombres, des soirées vraiment par moi-même. Pas capable de parler à mes amis,
à mes proches et à défaut d’avoir de la facilité à m’ouvrir vers les autres, le seul endroit
où ce que j’ai réussi à trouver un certain… Une certaine discussion qui s’est faite sur
(06:38):
un réseau de rencontres. Je me suis mis à parler avec quelqu’un qui me mentionnait qu’il était VIH
positif, puis qui m’a invité à une soirée chez eux. Puis il m’a invité, il dit : «Regarde,
écoute, viens. On va passer la soirée ensemble, puis tu vas voir, je vais te changer les idées».
Ne sachant plus ou moins à quoi je m’en allais préparer à vivre. Mais tu sais,
(07:02):
j’avais l’impression qu’il allait me comprendre, tu sais. Fait qu’évidemment, arrive chez la
personne et évidemment, les choses se mettent en place… Parle avec la personne, pleure, me dit :
«Dale, tu vas voir, on va passer une belle soirée ensemble. Je vais te faire oublier
justement ce que t’as vécu. Puis je vais prendre soin de toi». Puis il m’amène ces substances-là.
(07:26):
Puis il me fait découvrir évidemment ma drogue de choix qui est à ce moment-là.
Ouin… Ma drogue de choix. Ça a été le début d’une relation qui a duré plusieurs années ça, dans le
fond. Ce cocktail de deux, de drogues là a fait en sorte que pour la première fois
(07:54):
depuis des semaines, mon cerveau ne pensait pas. Ça a fait en sorte que je suis comme
devenu… désirable. Ça m’a mis en place ce sentiment de bien être là, que j’avais
l’impression enfin d’être à la hauteur, tu sais. Puis c’est fou comment une drogue peut
justement te faire croire que c’est ça la chose, tu sais. Mais ça a carrément connecté. Et ça a
(08:18):
été un premier… une première soirée vraiment à finir tard, dans l’excès, dans… Évidemment.
Ouin, une soirée qui a fini tard. Mais qui a fini… Où est-ce que je savais que
(08:39):
les choses avaient changé. Je savais que ça avait été le déclic pour quelque chose
qui allait être vraiment fantastique. En tout cas, c’est ce que je croyais à ce moment-là.
[musique]
(09:01):
Ensuite, pour moi, ça a été évidemment plusieurs essais. Tu sais, j’ai essayé plein de choses :
j’ai découvert les saunas, j’ai découvert les sites de rencontres. C’est sûr et
certain que… Tu sais comme, j’étais une personne… J’essayais, tu sais,
je m’organisais pour ne jamais avoir évidemment de substances sur moi ou à la maison. Puis ça,
(09:23):
ça m’a sauvé pendant un bout de temps. Je ne vous le cacherai pas, là. Mais tu sais,
je finissais toujours par trouver la personne au sauna qui en avait. Puis tu sais, de consommer
avec cette personne-là pour… Fait qu’y avait comme une espèce de cercle de manipulation de…
Qui s’est créée là-dedans. Il y a aussi, tu sais à travers évidemment les applications,
(09:44):
tu découvres des applications qui font en sorte, qui te… Où est-ce que c’est plus facile
de trouver justement ces gens-là qui recherchent des soirées de chemsex, donc de PnP, de «Party n
Play» en anglais où est-ce que tu le sais que tes drogues de choix vont être là. Donc évidemment,
par drogues de choix (10:04):
le crystal meth, le
GHB et j’en passe. Mais tu sais quand même,
je vous dirais que, à ce moment-là, c’est encore très sommaire. Puis c’était très… Tu sais, ça a
fait, ça a été trois ans où est-ce que ça a été on and off... Pas à toutes les fins de semaine,
(10:27):
mais par-ci et là. Par contre, tu essaies toujours de retrouver le même buzz que la première fois,
puis l’espèce de sensation de liberté que j’ai retrouvée quand ce gars-là m’a présenté ça.
Mais, inconsciemment évidemment par la suite, tu associes ce plaisir-là à repousser tes limites.
T’essaies des affaires que t’aurais jamais essayées à jeun. Puis tu sais, ça fait en sorte
(10:48):
aussi que tu acceptes des choses aussi, que tu n’accepterais pas en temps normal, tu sais. Donc
évidemment, beaucoup de plaisir, mais beaucoup aussi de… Ouin, de prise de conscience avec les…
Même en en parlant maintenant, je… Ça me fait constater que ça aurait pu tu sais, c’est ça…
(11:12):
ça aurait pu être plus simple. Par contre, j’y ai trouvé du plaisir à ce moment-là. Donc ça,
ça a fait, ça a fait son petit bout de chemin entre 2010 et 2013, jusqu’à tant qu’évidemment,
je me rende compte que tu sais où est-ce que j’ai eu ma première ouverture sur le fait
que j’avais besoin de mentionner que j’allais pas bien à ma famille, à mes proches. Puis une
(11:35):
fois justement, où est-ce que c’est là que ça m’a amené à faire ma première tentative de suicide,
justement parce que j’arrivais pas à parler de ces événements-là, puis de ces choses-là,
tu sais. Puis même de parler de l’événement qui m’avait amené à avoir le VIH, j’arrivais pas à en
parler. Mais tu sais, j’ai mentionné à ma famille que… Que je l’avais contracté, mais de parler de
(11:56):
la chose, de comment c’est arrivé, j’avais honte, donc j’en ai pas parlé. Donc, c’était
toujours là ça, même si j’ai fait des démarches pour prendre soin de ma santé mentale et tout ça.
Donc évidemment, quelque chose qui n’est pas réglé finit toujours par ressortir à un moment donné.
(12:22):
[musique]
2020 a été une année très difficile pour moi. Je ne vous cacherai pas que…
La pandémie, plus… À force de côtoyer des gens dans les saunas, ça fait en sorte que
tu te ramasses à évidemment te créer un cercle de consommation. Moi, je me suis créé une bulle avec
(12:44):
quelqu’un où est-ce que ç’a n’a pas été super. Ça a fait en sorte que cette relation-là a été
toxique, autant un et l’autre. Mais aussi a fait sortir vraiment des côtés très sombres de moi.
Par le fait évidemment plus que tu consommes, plus que tu essaies de te rebooster et vice versa.
(13:05):
T’essaies des choses, tu pousses tes limites. T’arrives, t’es dans des situations que t’aurais
jamais cru. Et on est en pandémie, donc on n’est pas supposé nécessairement d’être actif. Mais,
par le fait même… bien évidemment, tu le fais pareil. Fait que ça… C’était plaisant les
premières fois, mais à la fin c’était rendu tellement intense, puis tellement toxique.
(13:29):
Les mélanges de drogues aussi, tu sais, ça fait en sorte aussi que ça te… Le plaisir
n’était plus là. Tu sais, à un moment donné, tu deviens vraiment comme une chose qui consomme,
mais une chose qui baise aussi. Puis c’est comme ça que je me suis senti à la fin. Évidemment,
tout ça s’est mis fin, pas dans les bonnes situations, pas dans les bonnes conditions.
(13:50):
J’évite les détails aussi à travers de tout ça, mais ça m’a amené au 16 septembre
2020, où est-ce que j’ai décidé de… officiellement mettre fin à mes jours.
Je le dis candidement maintenant, parce qu’on est à trois ans pratiquement de différence du
(14:12):
moment où est-ce que j’enregistre le podcast. Euh… Ça a été vraiment un gros appel à l’aide.
Puis merci, puis je vais le dire à travers ce podcast-là. J’en shake… Puis tu sais, c’est
pas évident de parler de ça encore, puis d’appeler ta mère à 6 h du matin pour dire,
(14:34):
lui dire que t’as fait une surdose. Tu t’es provoqué une surdose de drogue,
parce que tu voulais mettre fin à tes jours, parce que t’étais plus capable de sentir ces choses-là.
Parce que… cet univers-là était en train de m’écraser. Ça a été vraiment difficile. Ça
a été vraiment difficile. Puis merci, parce que ça fait en sorte que je suis en vie maintenant.
(14:57):
Il me manque cinq jours de ma vie. Il me manque… Il me manque cinq jours de ma vie. Par contre,
quand je me suis réveillé, puis ça a fait en sorte que, en me réveillant,
je savais qu’il fallait que je fasse toutte de différent. Ça a été un appel à l’aide apparemment
aussi, pendant que j’étais en surdose, j’ai… J’ai été quand même lucide pour mentionner
(15:19):
à ma mère que j’avais besoin d’aide, donc ça a été un point tournant, à partir de ce moment-là.
[musique]
(15:56):
Tu sais, les perceptions qu’on a en tant que personne blessée face au trauma qu’on a eu.
Puis là, je vais parler ici de mon viol. Mais par la suite, il y a d’autres choses qui sont
sorties aussi. Tu sais, il y a d’autres trucs, il y a d’autres événements qui me sont arrivés dans
le passé par rapport à la famille, des choses comme ça, qui en sont venues aussi à sortir à
travers de tout ça. Bien, ça fait en sorte que ça met des choses en place telles qu’elles devraient
(16:20):
être. Donc, de vivre aussi ces choses-là à jeun, puis de les vivre pas gelé, puis pas de se sauver,
c’est pas facile. Fait qu’évidemment d’être bien entouré, de pratiquer l’abstinence,
pour moi, tu sais d’aller dans des meetings… Moi, j’ai décidé, après la pandémie, évidemment,
ça a été très difficile d’avoir de l’aide. Je vous cacherai pas que, en ce moment,
(16:43):
j’ai mes premières rencontres en psychologie la semaine prochaine, puis ça fait deux ans que
j’ai été approuvé par l’IVAC. Par contre, j’ai pas lâché. J’essaie de trouver d’autres façons
de me tenir actif pour justement garder cette promesse-là que je me suis promise. Tu sais, j’ai
un parrain aussi maintenant qui est là pour moi. Il y a des gens où je me suis créé une bulle qui
(17:06):
est beaucoup plus saine. C’est sûr que quand tu décides de changer des choses, bien, il y a tout
un univers qui tombe. C’est un 10 ans de ma vie où est-ce que j’ai mélangé plaisir et guérir. Euh.
Sexualité et identité. Confiance en soi aussi. Blessures et, même je vais dire destin
(17:35):
et confiance en soi, je te dirais que bien c’est parce que je méritais ça. Non, c’est pas vrai que
tu mérites ça. Il y a personne qui mérite ça. Par contre, tu peux décider de choisir de changer des
choses, de parler. Donc la rigoureuse honnêteté, être bienveillant envers toi-même, avoir de la
bonne volonté, l’authenticité de la bienveillance. Si j’ai un message à
(18:00):
la fin de te dire, c’est sûr et certain que ça peut être plaisant pendant un bout de temps.
Mais, en réalité, est-ce que c’est la vraie chose? Pas nécessairement.
(18:24):
[musique]
Donc, pour finir le podcast, je vais prendre un moment pour vous faire un petit mini bilan
(18:47):
de ce qui est en cours, ce qui est en train de continuer à se travailler de mon côté. Bien,
tu sais, évidemment quand tu décides d’arrêter de consommer, la première chose tu sais pour
moi personnellement, c’est important. J’ai décidé d’arrêter de consommer toutes drogues et
alcools parce que personnellement, je ne peux pas concevoir de continuer et de faire des changements
(19:09):
si je ne prends pas cette action-là pour moi. Donc évidemment, tout ce qui peut altérer mon jugement
ou altérer mes comportements, bien tranquillement pas vite, c’est éliminé de ma vie. Puis chaque
jour, je me fais cette promesse-là. Par contre, je ne sais pas si, tu sais on s’entend,
la vie est longue, donc pour le moment je me promets ça aujourd’hui. Autre chose,
(19:30):
c’est sûr et certain que sur le plan de la sexualité, on parle de chemsex bien, il va
toujours y avoir un suivi là-dessus, tu sais, j’ai besoin d’un thérapeute. J’ai besoin d’en parler,
j’ai besoin de retrouver des repères là-dedans, puis de vraiment de… De vivre une sexualité saine,
c’est mon objectif. Après trois ans, c’est encore en cours, puis je ne vous cacherai
(19:51):
pas que, tu sais c’est pas quelque chose que je me relance dedans instantané… Instantanément,
tu sais. Donc, c’est un enjeu, c’est là. Pour terminer, j’aimerais ça vous remercier
d’avoir pris le temps d’écouter le podcast. Peut-être que ça vous a rejoint, peut-être que
(20:12):
pas. Puis c’est correct. L’objectif de ça, c’est simplement de mettre mon histoire dans l’univers,
puis faire en sorte que ça rejoigne peut-être une personne qui veut apprendre, qui veut
découvrir ou simplement se sentir représentée. N’hésitez pas à contacter le 811, la CAVAC. Il
(20:41):
y a aussi les fraternités anonymes qui sont là. Il y a des listes de meetings partout
sur chaque site web des fraternités anonymes. Gênez-vous pas, allez voir,
il va y avoir un meeting ou un endroit pour vous accueillir si vous vous sentez tout seul.
Sinon, bien, je vous souhaite de l’amour, de la sexualité saine… Puis, de l’amour, ouin. Bye!
(21:13):
[musique]
C’était un épisode de Chemstory. Abonnez-vous pour être informé de la parution des prochains
(21:37):
épisodes. Pour en savoir plus sur le projet, pour raconter votre histoire ou pour une
liste de ressources d’aide et de soutien en lien avec le chemsex, visitez Chemstory.ca