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February 20, 2024 29 mins

Un jeune Montréalais de 27 ans raconte son parcours de toxicomanie débuté à l'âge de 14 ans. Sa dépendance aux drogues l'a amené à adopter des comportements risqués, dont la prostitution déguisée en party pour financer sa dépendance. Malgré l'impact négatif de ses choix sur sa santé mentale et physique, il poursuit ses habitudes autodestructrices. Finalement, il décide de retourner en thérapie à l'âge de 25 ans, dans un processus de rétablissement, vers une plus grande conscience de soi et respect de ses limites. 

Un balado proposé par Mtl_96 

Avertissement : dans cet épisode, il sera question d’abus sexuel. 

Musique : Dub Techno Oldschool par LogicMoon sur Freesound (CC BY-NC 4.0 DEED) 

Si vous souhaitez obtenir du soutien en lien avec le chemsex, consultez la liste de ressources et de services disponibles sur la page: Ressources / services chemsex. https://qollab.ca/ressources-services-chemsex/

 

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Transcript

Episode Transcript

Available transcripts are automatically generated. Complete accuracy is not guaranteed.
(00:00):
Cette série balado aborde la consommation de drogues et la sexualité. Dans cet épisode,
il sera également question d’abus sexuels. Si vous ou une personne de
votre entourage avez besoin de soutien. Des hyperliens vers des ressources d’aide sont
disponibles dans le texte de présentation de l’épisode et sur le site Chemstory.ca.

(00:25):
Vous écoutez Chemstory, une série balado créée par des
personnes ayant une expérience vécue de chemsex.
Donc, salut à toi qui m’écoutes présentement. Je suis content qu’on prenne un moment pour s’asseoir
ensemble pis que tu puisses écouter mon histoire d’un Montréalais de 27 ans qui a eu des problèmes

(00:50):
de toxicomanie depuis l’âge de quatorze ans. Faque c’est une longue histoire d’amour entre
moi et la consommation. Évidemment, le chemsex arrive plus tard. Pis j’ai envie de partager mon
histoire avec toi parce que… De un, ça va m’aider à tourner la page. Et puis de deux, si je peux
amener quelqu’un à se questionner sur sa vision de la consommation et de ses relations, ben je

(01:15):
serais super heureux. Parce que ben… Si la capote te fait, mets-la. Moi je l’ai mise tout récemment
parce que j’ai réalisé qu’elle me faisait. Mais je l’ai… [exclamation] je l’ai négligée, la capote,
pendant longtemps. Faque ça aussi, ça va faire [exclamation] de mon histoire. C’est pas facile

(01:35):
pour moi de partager ça. C’est intime, mais je pense que ça vaut la peine d’être entendu. J’ai
réalisé aussi, en faisant un travail sur moi, que je ne suis pas tout seul à vivre ce que
j’ai vécu. Pis il va toujours y avoir quelqu’un qui va être là pour me comprendre, m’écouter pis
m’aimer parce que c’est ce que j’avais besoin pour passer à travers mon rétablissement.

(02:01):
Mon histoire avec la consommation, elle a commencé comme je l’ai dit, à quatorze ans.
C’était avec mes amis, c’était dans les parcs. Je fumais des joints, je faisais de l’ecstasy,
j’avais un «semi-chum-ish» et puis on buvait, on fumait. Je faisais ça pas mal,
plusieurs fois semaine avec mes amis. Ça a rapidement pris de l’importance dans ma vie

(02:25):
à cause des difficultés familiales que j’avais à ce moment-là. C’était comme un échappatoire
aux drames familiaux que je vivais. Puis évidemment, quand j’avais quatorze ans, c’est
un peu difficile de se procurer tout ça. Tsé, le mieux que je pouvais faire à quatorze ans, c’était
être emballeur dans une épicerie à temps partiel. Faque, c’est pas avec tout ça que j’allais me

(02:47):
payer les trips que je me payais à ce moment-là. Pis c’est à partir de ce moment-là que j’ai… Y
a quelqu’un qui est venu me parler sur Facebook. Rapidement, cette personne-là a pas pris de temps
à se prononcer sur c’était quoi ses intentions. Moi, évidemment, du haut de mes quatorze ans,
je me pose pas vraiment de questions. Je fais juste prendre l’opportunité, pis rentrer dedans…

(03:11):
Comme j’avais fait avec la première fois que j’ai consommé du pot, pis de l’alcool. J’ai pas
tourné autour du pot, j’ai pas hésité. J’avais entendu que c’était le fun, faque je l’ai fait.
Pis pour cette occasion-là, ben l’homme à qui je parlais en question à ce moment-là,
qui était venu me parler sur Facebook, il m’a proposé d’avoir du sexe avec lui à l’occasion.

(03:36):
En échange, il me donnait soit du pot, de l’alcool ou de l’argent pour que je
m’achète la drogue. À ce moment-là, j’avais pas conscience de ce que je faisais, de la gravité de
ce que je faisais. C’est une travailleuse sociale qui est venue me dire à l’école,
parce que mes parents avaient entendu parler, avaient vu des messages… Tsé j’étais pas très
discret dans ce que je faisais. Je sortais par la fenêtre la nuit pour aller le voir

(03:59):
pour encore une fois avoir la consommation. Faque ça a créé encore plus de drames dans
ma famille. Et puis tous ces comportements-là m’ont amené à de l’inquiétude de mes parents,
pis y a la travailleuse sociale qui est venue me voir à l’école pour me dire :
«Est-ce que tu réalises que ce que tu fais, c’est de la prostitution juvénile?». Faque… Je me mets à

(04:20):
pleurer. Pis non, je comprenais pas que c’était ça. Pis je me rappelle qu’à plusieurs reprises,

je répétais souvent tsé  (04:28):
«J’me vois pas comme une  mauvaise personne». Pis évidemment on m’a répété :
«Mais c’est pas ça le point». C’est pas une question de si t’es une bonne ou une mauvaise

personne, c’est juste  (04:35):
«Est-ce que t’es conscient  de ce que tu fais?» Faque non, je l’étais pas.
Faque ça a amené que j’ai, en ne comprenant pas pis en ayant déjà créé un besoin,
ben j’ai continué à le faire sans ressentir les conséquences jusqu’à ce que mes parents rendus

à quinze ans me disent  (04:56):
«Je pense que là, ça  suffit». Ils n’arrivaient pas à m’arrêter dans
ce que je faisais, pis ça faisait juste prendre de l’ampleur. Pis du moins maintenant, aujourd’hui,
je réalise à quel point ça allait affecter mon futur. Pis mes parents devaient mettre un terme
à ça, fait qu’ils ont décidé de m’envoyer en Centre jeunesse. J’ai passé six mois là-bas,

(05:18):
pis rendu en Centre jeunesse, honnêtement, ça s’est très bien passé parce que je suis
un conformiste faque… Se conformer en Centre jeunesse, c’est pas compliqué pour moi. Faque,
après ce temps en Centre jeunesse là, j’ai continué à consommer en cachette : du pot,
de l’alcool surtout. Puis, ç’a pas été long à partir de mes seize ans, un an plus tard environ,

(05:43):
j’ai fait une thérapie de 6 à 8 mois… Je me rappelle pas, je pense que j’ai fait 7 mois. Pis,
encore une fois, ça a été difficile de prendre conscience de ce que j’avais fait, jusqu’au jour
où j’ai quelqu’un en thérapie qui m’annonce que la personne qui, je vais dire dans ce cas-ci m’avait
abusé pour que j’aie ma drogue et mon alcool quand j’avais quatorze ans… Ben cette personne-là était

(06:10):
rendue en prison. Pis ils avaient monté un dossier, pis ça… Le soulagement que ça
m’avait fait, pis j’ai appelé ma mère, pis j’ai… C’est là que j’ai réalisé, tsé c’est là qu’il y a
eu un déclic dans ma tête que… Tsé c’est pour avoir fait partie de ce que lui avait fait tsé.
Ça m’a fait réaliser la gravité de ce que j’avais fait. Pis ça, c’était vers le milieu de ma

(06:30):
thérapie. Pis même si j’avais réalisé la gravité, j’avais pas encore fait le deuil. Le processus
de deuil, pis de mettre tout ça derrière moi, j’étais pas rendu là. Donc après avoir complété
ma thérapie de six mois, j’ai fait quelques mois sobre à l’extérieur. Pis j’ai recommencé à

(06:54):
consommer assez rapidement en buvant, en fumant du pot. Pis c’est à partir de la fin de mes 17 ans,
jusqu’à la journée de mes 18 ans, j’ai décidé de faire un ressourcement parce que je continuais à
voir des hommes en cachette, évidemment à fumer, à boire… Pis c’est là que j’ai rencontré un homme

(07:19):
qui fumait de la meth. Au début, je le savais pas. Je sentais qu’il y avait quelque chose… Je
sentais l’intensité quand j’allais le voir. J’avais pas beaucoup d’expérience, pis tsé,
il poussait beaucoup à ce que je fasse, j’essaie de nouvelles choses. Faque moi, je trouvais ça le
fun, pis excitant, intéressant, pis ça me donnait l’adrénaline que j’avais de besoin. Puis c’est ça,

(07:46):
j’ai fait mon ressourcement de deux semaines. Quand je suis ressorti,
j’ai fait quelques mois abstinent dans les bars, sans boire. En fait, le moment où j’ai
commencé à reconsommer de l’alcool pis du pot dans les bars, au milieu de mes 18 ans environ…
C’est à partir de ce moment-là que j’ai comme recommencé aussi à voir beaucoup d’hommes sur

(08:07):
les sites de rencontres. Je retournais dans des vieilles pantoufles, tranquillement. Pis c’est là
qu’à un moment donné, quand j’ai pris conscience qu’une des personnes que je voyais consommait plus
que de l’alcool pis du pot, pis que… Il pratiquait le chemsex, j’ai décidé que je voulais essayer. Je

me suis dit  (08:27):
«Je me suis rendu jusqu’ici, pis je  suis capable de le faire. Je suis assez fort pour
ça. J’ai travaillé sur moi. Je me suis prouvé à moi-même que j’étais capable d’être sobre,
que j’étais capable d’être en contrôle entre gros guillemets». Pis, c’est ça… Faque j’ai essayé la

(08:48):
première fois de la meth, j’avais 18 ans et demi environ. Puis ça a été le début d’une grande
histoire pour moi, dans le sens où c’est là où les tabous descendaient, où ma limite aussi commençait
à juste tranquillement disparaître. Tsé au début, j’en faisais peut-être une fois par mois, deux

(09:13):
mois, pis ça a vite déboulé quand j’ai commencé à travailler dans les bars, à peu près à 19 ans,
19 ans et demi. Parce qu’il y avait, j’étais entouré constamment aussi de de gens qui passaient
à travers la même chose que moi à ce moment-là, qui soit découvraient la vie du nightlife,
pis des «Party n Play», pis des rencontres entre hommes qui étaient sans fin. [exclamation] Pis

(09:43):
moi, j’avais déjà réservé ce moment-là pour la première personne avec qui j’ai consommé.
Faque pendant longtemps, je m’en suis tenu à consommer avec la même personne dans un
environnement fermé. Oui, je commençais déjà à me faire partager, si je peux dire ça comme ça,
mais ça restait toujours dans le même espace, avec la même personne. Pis ça m’amenait un sentiment de

(10:08):
sécurité à ce moment-là, parce que je voyais quand même que je pouvais aller plus loin. Pis je me
réconfortais en me disant que je ne vais pas là, tsé. Mais évidemment, ça avait pris le bord. Pis
j’ai commencé par moi-même à aller chercher mon adrénaline, pis ma drogue ailleurs, parce que j’ai
jamais eu à payer pour ma drogue. Faque il fallait que je trouve un moyen d’en avoir d’autre quand

(10:32):
j’en voulais. J’allais dans des «Party n Play», des réunions après un shift au café ou au bar,
parce que travaillais dans un café à ce moment-là aussi. J’allais dans des partys où j’allais voir
l’homme en question avec qui j’avais commencé, pis je faisais des allers-retours «on and off». Je me

(10:53):
sentais, je me sentais en contrôle. Encore une fois, à ce moment-là, je prenais pas conscience
que ça pouvait être de la prostitution. Pour moi, j’avais du fun avec des amis
ou des connaissances ou des hommes que je connais pas, mais ça restait dans un contexte
de party faque pour moi, je faisais juste faire le party comme quelqu’un de 19 ans, 20 ans, pis… Tout

(11:17):
avait l’air normal. Pis j’avais juste du fun, mais en même temps, y avait toujours une arrière-pensée
qui me disait tsé, comme… «J’utilise ces gens-là, pis ces gens-là m’utilisent».
Faque quand j’ai commencé à consommer de la meth, j’ai tout de suite recommencé dans les patterns

(11:40):
d’échange de services. C’est-à-dire que je payais pas pour ma consommation, mais en échange,
je m’offrais. Peu importe c’était quoi le prix, j’étais prêt à offrir mon temps et mon corps.
Pis ça s’est fait par petites tranches. Au début, c’était une fois par mois, deux mois. Tsé c’était,

(12:04):
c’était pas, c’était irrégulier nos rencontres, mais… pis au début, c’était toujours entre moi et
lui, pis éventuellement, ben ça a été moi, lui et un autre. Moi, lui et deux autres. Moi, lui
et.... bref, c’était selon ce que la personne avec qui j’étais avait envie cette journée-là et… À ce

(12:29):
moment-là, y avait quand même toujours une forme de consentement, parce que je connaissais cette
personne-là quand même depuis quelques années. Pis j’avais envie de consommer. Tsé, au fond de moi,
j’avais vraiment, j’avais envie de consommer, d’expérimenter. Mais j’ai jamais eu à dépenser
pour de la consommation. Faque c’était comme de mise à ce moment-là que, c’était comme une entente

(12:54):
non écrite entre moi et lui qu’il me faisait pas payer, mais que je restais… Je restais son objet.
Et puis à un moment donné, ben tsé cette personne-là, on se voyait un petit peu plus
régulièrement. Plus que je travaillais dans les bars, faque j’arrivais souvent saoul, pis j’étais
prêt à me bourrer de stimulants, de meth ou de GHB, ou de dépresseurs, de… Name it, je prenais

(13:22):
tout ce qui passait d’ecstasy, de speed… Faque à un moment donné, c’était plus, c’était plus assez
ou c’était trop pour la personne avec qui j’étais. Faque il fallait que je sois l’objet de quelqu’un
d’autre pour avoir la consommation de quelqu’un d’autre. J’étais pas rendu dans le cercle vicieux,
mais j’étais en train de le former. Pis encore une fois, ça semblait plus sous forme de party avec

(13:48):
d’autres hommes, qu’un échange de services. Je le réalise aujourd’hui, mais à ce moment-là, pour
moi, je faisais juste faire le party avec plein d’hommes, pis… J’avais le sentiment d’être juste
quelqu’un d’invincible, pis de désirable, pis qu’y avait pas.... Y avait pas de limite à ce moment-là
ou presque. Faque j’ai mélangé «Party n Play», travailler dans les bars… J’ai laissé tomber

(14:14):
le café assez rapidement pour juste me concentrer sur travailler dans un bar. Faque à ce moment-là,
ma vie tournait autour de servir des drinks, avoir du fun, rencontrer du nouveau monde, faire
le party. J’étais toujours entouré de musique festive, pis de belles personnes, c’était… À

(14:34):
ce moment-là, ça avait l’air super cute, super le fun. J’étais presque tout le temps souriant, tsé.
J’avais pas, je vivais pas encore l’aspect négatif de la consommation, pis j’avais encore
l’impression d’avoir le contrôle sur qui j’étais, ce que je désirais, ce que j’avais envie, sur quoi
j’avais l’air. J’avais encore ce faux sentiment-là de contrôle. C’est à partir de mes 21 ans que j’ai

(15:03):
vu les conséquences de mon insouciance pis de m’avoir abandonné à plein d’inconnus sans
poser de questions, avec comme seule intention d’avoir de la drogue pis du fun. Ben à 21 ans,
à un moment donné, j’ai passé une semaine à avoir mal au rectum. Je pouvais pas m’asseoir,
j’avais de la misère à marcher. J’ai toujours été une personne assez transparente faque au travail,

je le disais  (15:25):
«Je suis pas capable de m’asseoir  sur mon cul, je ne suis pas capable de marcher,
ça fait mal, tsé. J’ai l’impression qu’y a quelque chose d’enflé, je sais pas c’est quoi». J’avais
déjà eu des ITS dans le passé, je me faisais tester régulièrement. C’est à travers tout ça,
une chose que je peux me dire, c’est que je me suis quand même toujours fait tester. Ça avait
pour moi beaucoup d’importance. Avec le temps, je me doutais que j’étais un danger pour moi-même,
mais je voulais pas l’être pour les autres. Faque la moindre des choses pour moi, c’est de me tester

(15:48):
avec le mode de vie que j’avais. Faque tout ça pour dire que j’ai dit à mon boss à ce moment-là
du bar que tsé, je pense que j’avais un problème d’ITS, pis il fallait que j’aille consulter.
Il fallait que j’aille à l’urgence, parce que ça ne fonctionnait plus. Mon demi-frère est
allé me porter à l’urgence. Après ça, mon père est venu me rejoindre pour attendre avec moi.
Pis ils savaient pas ce que j’avais, faque ils m’ont envoyé passer une colonoscopie, je pense

(16:13):
le lendemain ou le surlendemain. Pis quand c’était le temps de passer la colonoscopie, on m’a dit :
«Écoutez, finalement, il n’y aura pas de…» Parce qu’ils avaient fait des dépistages. «Y aura pas
de colonoscopie aujourd’hui, parce que vous avez le VIH, l’herpès et la gonorrhée». Faque…
On a la réponse. Il y a eu une colonoscopie par la suite, mais pas cette journée-là. Faque moi,

(16:34):
je me rappelle être en petite jaquette couché, prêt à recevoir la caméra, pis d’apprendre ça,
ça a comme… C’était, c’était… C’était le premier choc qui m’a ramené loin en arrière,
à la travailleuse sociale qui me fait prendre conscience de ce que je
suis en train de faire. Ben ces maladies-là, c’était ma travailleuse sociale qui me dit :

(17:00):
«Est-ce que t’es conscient que tu t’es embarqué dans quelque chose de plus grand que toi?». Pis
ça m’a prouvé que j’avais pas le contrôle sur ce que je faisais du tout. Pis ça m’a désillusionné
assez rapidement. Euh… Évidemment, la première personne que j’ai appelée en sortant de l’hôpital,

(17:20):
c’est ma mère pour juste, pleurer ma vie. Ça m’a arrêté pendant un bon moment.
Ça m’a stoppé, pis ça m’a permis de m’informer sur ce que j’avais. Je réalise aussi que j’étais
ignorant de ce que c’était d’avoir le VIH, de vivre avec ça, de vivre avec l’herpès,

(17:41):
faque ça m’a informé. Après avoir eu l’information que j’avais de besoin,
avoir attendu d’être indétectable, pis d’avoir la médication nécessaire, pis le suivi nécessaire,
j’ai tranquillement recommencé les mêmes habitudes parce que c’était ancré chez moi, pis j’avais pas
tourné la page. J’avais l’impression que c’est tout ce que je connaissais à ce moment-là. Pis

(18:05):
évidemment, j’ai continué à travailler dans les bars. Faque je me suis continué de m’entourer de
gens qui consomment, faque ça… On dirait que ça a dédramatisé la situation. Pis, encore une fois,
ben je l’ai dit à mon entourage, j’ai appelé tout le monde que j’avais à appeler. Tsé au
moins je suis ressorti de tout ça, pis je suis content de savoir que les gens avec qui j’étais,
ben ils s’étaient bien protégé parce que personne l’avait. Faque ça m’a enlevé un

(18:27):
gros poids sur les épaules. Mais j’ai quand même décidé de continuer à faire tout ça,
en sachant ce qui m’était arrivé. Pis c’est là où ça a déboulé encore plus, parce que je
faisais pas juste consommer pour du party, là je consommais pour oublier mon regret. Faque c’était
purement transactionnel. J’avais plus autant de fun, tsé je le faisais plus pour comme, nourrir

(18:55):
mon estime personnelle de façon malsaine, pour me convaincre que je pouvais être encore désirable,
que je pouvais encore vivre la même vie que je menais, malgré ça. Faque j’étais
prêt à redevenir la prostituée de rêve que je pensais être avant d’avoir contracté tout ça.

(19:17):
J’étais prêt à retourner aller chercher l’attention pis le toucher de n’importe qui
aurait envie de me le donner, toujours en échange de drogue, évidemment. Faque je prenais encore
une fois tout ce qui me passait sous le nez. Puis plus encore, je passais littéralement toutes mes

(19:39):
journées, mes soirées après mes shifts, à chercher le prochain gars. Évidemment, à un moment donné,
ben le monde est petit, faque tu finis par faire le tour. Et puis les gens commencent
à avoir un peu mon pattern, mais je me suis toujours dit : «j’ai toujours besoin de drogue,
pis y a toujours quelqu’un qui a besoin de quelqu’un». Faque j’avais l’impression que

(19:59):
je pouvais continuer longtemps comme ça. Faque après avoir réglé tout ça, j’étais aussi prêt à
me faire dénigrer, partager, à surdoser de GHB pour pouvoir être le plus disponible possible.
Jusqu’à ce qu’à un moment donné, ben ces gens-là ne voulaient plus de moi. Faque,

(20:23):
je devais trouver d’autres alternatives. Pis c’est rendu vers mes 25 ans, j’ai commencé à
voir des gens aussi qui fumaient du crack. À la fin de mes shifts, j’allais voir des gens qui
étaient en situation d’itinérance, que je voyais qui fumaient. Pis je leur donnais ce que j’avais,

(20:46):
je leur donnais une partie de mon pourboire pour finir ce qu’il y avait dans leur pipe.
Pis je m’assoyais avec eux, pis je consommais, pis je déblatérais sur tout ce que je vivais.
J’ai atteint un point où j’arrivais même plus à retrouver ce que je cherchais. La tension
que j’avais, ça commençait à être que négatif. Je commençais à faire beaucoup de crises d’herpès. Ma

(21:11):
santé mentale était… Je commençais à avoir le sentiment que quand j’allais visiter un gars,
que ce gars-là me jugeait constamment ou qu’il y avait des sous-entendus dans ce qu’il
me disait. Faque je me sentais perdre un peu le contact avec la réalité. C’est à ce moment-là que
je sortais dans les bars pour oublier pis c’est le seul temps où personne ne me posait aucune

(21:35):
question. On faisait juste me laisser danser sur le dancefloor pis vivre ma vie cachée avec
du fond de teint, pis du Clear Eyes, pis des Rum and Coke. À un moment donné, j’ai décidé que ça
suffit. Fallait que je passe à autre chose dans la vie, parce que j’avais perdu ma job dans certains

(21:56):
fast-foods, j’avais plus assez d’heures au bar où je travaillais. Pis en plus, le bar où je décidais
de sortir, c’était où est-ce que je travaillais. Faque je m’étais créé une réputation alentour de
moi, que je pouvais plus vivre dans le déni. Je pouvais plus essayer de passer à côté, l’esquiver

ou me faire accroire que c’était devant moi :  les gens savaient. Et comme j’ai dit, je suis une (22:12):
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personne assez transparente, faque je me cachais pas pour dire que je consommais. Pis le bar où je
travaillais ont longtemps passé par-dessus ça, parce qu’ils avaient espoir que j’allais faire
quelque chose de ma peau à un moment donné, que j’allais passer à autre chose. Ben y a environ

(22:37):
un an de ça, j’ai décidé de texter ma sœur qui travaille à la thérapie que j’ai fait deux fois,
qui est Portage. J’ai décidé de texter ma sœur qui travaillait à Portage, pis je lui ai dit :
«faut que j’y retourne. Faut que j’y retourne parce que… J’arrive même pas à garder une job».
J’avais des projets que j’arrivais pas à faire, à compléter. Pis ma santé physique et mentale

(23:03):
n’était plus là pantoute. C’était juste le chaos constamment. Pis je me voyais tranquillement me
rendre vers la rue pis tout perdre ce que j’avais. Perdre la confiance, je l’avais déjà pu, mais de
perdre le peu qu’il me restait, c’est-à-dire mon logement. Faque j’ai décidé de commencer,

(23:25):
de recommencer la thérapie. J’ai décidé de retourner à Portage pour un autre 6 à
8 mois. Et puis, je l’ai complété. Ça a été… Ça a été tumultueux. Beaucoup, beaucoup de bas. Mais

(23:46):
aujourd’hui, je vis des «ups» régulièrement, faque je suis heureux de ça. Je suis content
parce qu’aujourd’hui, je peux me lever à tous les matins et me dire que je suis fier de moi.
Pis je prends le temps de réaliser par quoi je suis passé. Faque j’étais arrivé à un point où

(24:06):
la prostitution, c’était plus assez. Je ne pouvais plus me permettre de faire ça, parce que j’étais
rendu un danger pour moi-même, pis pour les autres aussi, parce que je prenais plus soin de ma santé,
pis je mettais d’autres personnes à risque si jamais il arrivait quoi que ce soit,
pis j’étais pas conscient de ce que je faisais à ce moment-là. Pis, mentalement je me sentais

(24:29):
constamment jugé. Je savais au fond de moi que ce n’était plus une option. Pis que mes, peu
importe les relations que j’avais, c’était vide de sens. J’avais besoin de me retrouver dans le fond.
J’avais besoin de me retrouver avec moi-même. J’avais besoin… J’avais besoin d’autre chose
parce que sinon y avait plus de raison d’exister. Pis la prostitution n’était plus assez pour ça. Je

(24:53):
pouvais plus me donner sans but, sans limite, sans raison. Je pouvais pas laisser non plus,
laisser des gens m’humilier juste parce que je voyais pas ma propre valeur. Tsé apprendre à me
respecter, c’est quelque chose que je fais encore aujourd’hui. Même si je consomme plus, il faut
que j’apprenne à me respecter, pis il faut que j’apprenne à respecter ma limite pis c’est un

(25:17):
long processus. Aujourd’hui, je peux me coucher la tête tranquille en me disant que je suis rendu
ailleurs, que je suis heureux de m’avoir posé des questions sur le pourquoi du comment. Pis
j’ai décidé d’aller jusqu’au bout des choses. Pis c’est ce qui m’a amené à partager dans le podcast.

(25:41):
Pis j’ai choisi le sujet particulièrement de la prostitution parce que c’est quelque chose qui
m’a pris du temps à réaliser, que je ne faisais pas juste du PnP, mais c’était de la prostitution
déguisée en party. Pis à travers ces années-là, j’ai pensé que j’étais désirable parce que je

(26:03):
disais oui à tout, pis que j’avais de la drogue presque à l’infini. Pis pendant un bon moment,
je me suis satisfait de ça. Pis ben j’ai réalisé avec le temps que j’avais plus le contrôle sur mes
décisions, mes désirs, mes fantasmes, mon corps. Faque si je peux semer une graine dans la tête
d’un autre jeune consommateur de meth ou de GHB, de rester prudent, pis de toujours s’introspecter

(26:27):
sur la nature de tes rencontres, pis des personnes que tu vas voir à travers ta consommation ou tsé

de toujours te poser la question  (26:35):
Pourquoi? Pis  pourquoi est-ce que je vois cette personne-là?
C’est quoi le fond de mes interactions avec les autres dans ma consommation? Parce que les belles
soirées que j’avais avec plein de différents hommes pis d’la musique techno, ben c’était
finalement juste un échange de service malsain, pis un poison pour mon estime personnelle, pis…

(26:58):
Maintenant que je vois ça avec du recul, je me sens plus léger pis je me sens prêt
à le partager avec qui veut bien l’entendre. Je l’ai partagé en thérapie pis je le partage ici,
maintenant avec toi. Pis ça fait du bien. J’espère que tu vas te poser

(27:21):
les bonnes questions. Pis que tu vas trouver tes réponses. Une chose qui m’a fait du bien,
qu’on m’a dit quand j’étais en processus de vouloir changer ma vie de consommation,
c’était qu’il faut que je prenne les choses une étape à la fois, comme on l’a entendu un jour,
à la fois, une étape à la fois. Pis ben ces étapes-là, j’ai passé à travers une par une. Tsé,

(27:48):
c’est correct d’admettre qu’on n’a pas le contrôle pis qu’on n’est pas capable de passer à travers
tout seul tsé pis… La thérapie que j’ai faite m’a aussi mis dans la tête une belle phrase qui est :
«Toi seul peux y arriver, mais tu peux pas y arriver seul». Pis ça aussi, ça a mis de la
lumière dans mon année de sobriété. Parce que pour moi, pour moi c’était vrai. Je peux pas,

(28:15):
je pouvais pas y arriver seul. Je me sentais seul pis c’est ce qui me rongeait, pis… Aujourd’hui,
ben je suis accompagné pis j’y vais une étape à la fois avec des personnes qui me font sentir aimé

pis… C’est ça l’important  (28:27):
de te rappeler que  tu mérites d’être aimé, pis une chose à la fois.
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(28:52):
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