February 23, 2024 • 19 mins
Louis-Joseph partage ouvertement ses expériences avec les drogues, notamment le crystal meth. Il relate l'impact de ces drogues sur sa vie, entre autres sur sa santé mentale. Pourquoi alors consommer? Écoutez ce balado pour comprendre pourquoi pas? Pour lui, il faut s'informer sur les drogues avant de les consommer et adopter des pratiques de consommation plus sécuritaires dans le but de réduire les méfaits.
Un balado proposé par Louis-Joseph
Référence : Checkpoint - CACTUS Montréal Le projet Checkpoint permet aux personnes utilisatrices de drogues de fournir leurs substances pour les faire analyser en temps réel, gratuitement et de façon anonyme et confidentielle
Si vous souhaitez obtenir du soutien en lien avec le chemsex, consultez la liste de ressources et de services disponibles sur la page: Ressources / services chemsex. https://qollab.ca/ressources-services-chemsex/
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(00:00):
Cette série balado aborde la consommation de drogues et la sexualité. Si vous ou une personne
de votre entourage avez besoin de soutien, des hyperliens vers des ressources d’aide
sont disponibles dans le texte de présentation de l’épisode et sur le site Chemstory.ca. Vous
(00:22):
écoutez Chemstory, une série balado créée par des personnes ayant une expérience vécue de Chemsex.
Intervieweur (00:29):
Bonjour Louis-Joseph.
Louis-Joseph (00:33):
Bonjour.
Intervieweur (00:34):
T’as accepté de raconter ton histoire de chemsex.
Ça a été quoi tes premières expériences de consommer de la drogue de façon générale?
Louis-Joseph (00:42):
En fait, j’avais jamais consommé de drogues jusqu’à… À 18 ans,
j’ai fumé un joint pis avant ça, bien j’avais eu des relations sexuelles dans un état d’ébriété de
cannabis, pis j’avais pas mal aimé le feeling. Pis après ça, c’est devenu régulier, ça fait qu’à
(01:02):
chaque fois que j’avais des relations sexuelles, ben je faisais du cannabis, mais si
l’autre en consommait pas, ben j’en consommais avant de rencontrer un partenaire. Pis c’est
devenu régulier. Mais du cannabis, j’en ai fumé quasiment tous les jours. On dirait que, plus des
(01:25):
fois il y a des drogues qui après ça, on délaisse pour certaines autres parce que celles-là vient
nous chercher un peu plus que d’autres. Pis ça aujourd’hui, du cannabis, je suis presque plus
capable d’en consommer. Mais à une époque, la vingtaine, j’en consommais tous les jours. Après
ça, ça a été… J’ai expérimenté de l’ecstasy. T’as un partenaire régulier, pis là tu dis : «ah ben,
(01:51):
je veux essayer ça, ça te tente-tu?». Fait que tu veux essayer avec lui pour voir qu’est-ce que ça
va faire. Ça va être extatique comme c’était la première fois. Après ça, c’est le speed. Après ça,
je me souviens qu’on allait, on allait au bar. On finissait la soirée au sauna parce
qu’on avait consommé de l’amphétamine. Après ça, ça a été le crystal meth. Mais le crystal
(02:13):
meth, je comprends pas trop l’effet au début. Mais celle-là, tu te sens juste plus excité,
t’as juste plus envie de sexe, pis tu comprends pas trop le buzz, pis là
t’as… T’es vraiment horny, mais t’arrives pas à avoir d’érection, mais tout ce que tu as envie,
c’est d’avoir du sexe, pis… [rire] celle-là, tu ne la comprends pas trop, mais après ça, ça a été
(02:36):
la kétamine. La kétamine, ça endort un peu, ça rend engourdi, tu te sens un peu buzzé, pis… Le
champignon magique, j’ai essayé quelques fois, mais la seule fois où est-ce que ça a vraiment
embarqué, j’avais fait une ecstasy, fait que ça faisait un drôle de mélange. [rire] Fait que le
(03:00):
crack, ça est une, mais, je l’ai essayé, mais j’ai pas embarqué, mais… L’odeur me dégueulait
tellement. C’est un peu bizarre, mais les gais sont plus sur le crystal meth, les hétéros sont
plus crack. Quand le gars fait les deux, ben c’est parce qu’il est bi. Tu lui demandes
qu’est-ce qu’il consomme pis dépendant de ce qu’il consomme, tu peux savoir son orientation
sexuelle! [exclamation] Du GH… Le GH, ça t’enlève la… ça te rend comme saoul un peu,
(03:27):
mais ça désinhibe pour 1 heure. T’as comme l’impression d’être saoul pour 1 heure,
pis là, t’as plus d’inhibition. Et quand t’es saoul, normalement t’es un peu plus cochon,
t’es un peu plus feeling au lit. Fait que cette drogue-là, j’avais bien accroché, mais j’avais
vu les effets néfastes que ça pouvait faire que d’être accro. J’ai eu l’expérience d’être livreur
(03:52):
pour un dealer. Fait que j’ai rencontré comme les pires scénarios possibles de… qu’est-ce que ça
fait quand… qu’est-ce t’apporte la surconsommation de telle, telle, telle, telle drogue? Parce que tu
savais que la personne consommait telle drogue. Fait que tu voyais comme : OK,
si tu surconsommes du GHB, ça va devenir une consommation régulière qui est un GH à l’heure.
(04:13):
Pis après ça, quand t’es en manque, ben t’as des tics, pis là tu peux… Tu peux avoir un torticolis,
pis rester comme ça pendant des heures jusqu’à tant que t’en prennes euh… Pis le sevrage est
vraiment difficile du GH. Fait que là, j’ai eu une peur de… À peu près toutes les drogues de rester
(04:33):
accro parce que c’est ça, quand tu commences une drogue, la personne avec qui t’en fais, elle va te
donner les avantages, mais elle te donnera pas les inconvénients. Fait que, au moins j’ai eu
ce travail-là, fait que ça m’a empêché peut-être d’avoir une surconsommation de certaines drogues
en voyant les effets néfastes qui auraient pu en découler de ces consommations-là. Parce que j’en
avais autant que je voulais, mais est-ce que je voulais en consommer autant que je voulais? [rire]
Intervieweur (04:59):
Qu’est-ce que ça t’apporte de prendre des drogues dans un contexte sexuel?
Louis-Joseph (05:03):
Ben moi je dirais que j’étais quelqu’un d’assez timide… Mais quand même
extraverti sexuellement, mais introverti dans la vie. Pis un peu, drogue après drogue, expérience
après expérience, ça m’a un peu désinhibé à… Par rapport au contact physique avec les autres gars
(05:28):
ou c’est ça, la drogue m’a apporté un peu la désinhibition que j’avais pas nécessairement
dans la vie, pour me dégêner. Fait que je consommais des drogues pour être à l’aise
avec l’autre personne, arriver à m’exprimer avec plus de facilité. En même temps, être plus
social. C’est un peu comme fumer la cigarette. Tu te mets à fumer, fait que tu côtoies des
(05:53):
gens qui fument la cigarette. Là, tu consommes du cannabis, fait que là, tu deviens ami avec
ceux qui consomment du cannabis. Tranquillement pas vite, ben tu
changes de drogue, pis t’en rencontres des plus addictives, fait que… Mais tu rencontres quand
même un réseautage que tu fais avec la drogue en question. Pis tu découvres
(06:17):
que ah ben, cette drogue-là, les gens ont des relations sexuelles, fait que… moi,
c’est un peu une addiction, le sexe. Mais en même temps, ben la drogue, ben ça en est une autre,
fait que là… Tu découvres comme ça d’autres drogues, pis tu en fais de
plus en plus, plus régulièrement, pis là, ça fait croître ton réseau social,
mais décroître au niveau de ta carrière, de tes études, de ton avenir, parce que c’est ça,
(06:39):
c’est toujours un cercle vicieux, fait que ça, ça a des avantages et d’un autre côté,
ça a des inconvénients, mais il y a beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages.
Intervieweur (06:49):
Qu’est-ce qui a changé dans ta vie après que tu aies commencé à faire du chemsex?
Louis-Joseph (06:54):
Ça a changé ma personnalité parce que moi, j’étais quelqu’un de très gêné. Pis, j’ai
été amené à faire de l’escorte, parce que veut, veut pas, prendre de la drogue, ça coûte cher.
Quand je consommais du pot, j’avais un conjoint qui en faisait pousser. Quand j’ai commencé à
prendre des drogues plus chimiques, j’avais un partenaire qui en vendait. Mais un jour,
(07:15):
j’ai arrêté de le fréquenter, il a fallu que je me mette à la payer, mais… Je faisais déjà
de l’escorte à la base, mais ça c’est une drogue très chère, fait que… Y a beaucoup de personnes
qui consomment qui font de l’escorte parce que justement, c’est une source facile de financement.
Intervieweur (07:31):
Comment est-ce que la consommation de drogue
est devenue plus régulière pour toi après que tu aies commencé le chemsex?
Louis-Joseph (07:39):
En fait, ça, c’est en allant au sauna. Tu rencontres des gens avec qui t’as des
relations sexuelles. Pis là, j’avais rencontré un soir un gars qui m’avait fait essayer le crystal
meth. Pis celle-là, elle est très addictive. Fait que, visiblement il t’en parle pas nécessairement
(08:00):
que c’est une drogue addictive, pis que tu risques d’en vouloir, pis de recommencer, pis que
ça devient une consommation régulière. Tsé la première fois, j’ai… C’était en décembre
2013. Pis après ça, ça a été deux semaines plus tard, pis après ça, ça a été aux deux semaines,
(08:21):
pis aux semaines. Pis aujourd’hui, quand j’en consomme pas, si une journée j’en consomme pas,
je suis pas capable de sortir du lit pis… C’est tellement rendu addictif. Pis la drogue de 2014,
c’est pas la drogue d’aujourd’hui, parce que dans le temps, c’était un stimulant. Aujourd’hui,
c’est… Ils mettent autre chose pour te rendre plus accro dans la drogue que
(08:45):
la drogue elle-même. Fait que c’est pas le crystal meth que t’as accro,
c’est le fentanyl. Y mettent du fentanyl pour te rendre accro. Ça, le dealer, y parlera pas,
mais euh… Parce que lui, son but c’est de faire un profit sur ton dos, parce
que sinon il ne la couperait pas autant avec autant des substances chimiques.
Intervieweur (09:05):
C’est quoi les conséquences que ça
a eues dans ta vie de faire une consommation régulière de drogue?
Louis-Joseph (09:10):
Ben c’est ça au début, c’est ça, comme je disais, ça permet un certain cercle
social. Mais en même temps, ça vient jouer sur tes valeurs parce qu’au début, ben. Mais
à un moment donné, tu rentres pas travailler tranquillement. Fait que là… Ah ben, c’est pas
grave, ça arrive à tout le monde de «caller» malade. Mais pas rentrer travailler pour aller
(09:32):
au sauna, c’est pas nécessairement quelque chose qui est valeureux [exclamation]. Mais…
Mais tu réussis à te… Tu réussis à te croire parce que bah… T’es pas tout seul à le faire,
mais là, tranquillement, pas vite, ben… Ta vie commence à décroître tsé. Tu rentres pas
travailler, pis à un moment donné oups, ben tu tombes en chômage maladie parce
que t’inventes [exclamation] une dépression pour profiter de faire du chemsex un peu durant l’été.
(09:59):
Pis après ça, ben… Tu perds ta job pis là ben, tu tombes sur le chômage,
mais euh… Je suis retourné travailler, pis après j’ai remonté la pente. J’avais un appartement,
pis à un moment donné, j’ai perdu mon appartement. J’ai quelqu’un qui m’a aidé,
mais tsé à partir de ça, c’est tes références qui sont difficiles à reprendre quand tu t’es fait
(10:22):
mettre dehors ben… t’as pas la référence, fait que là, tu te retrouves un autre emploi, pis là ça
recommence, pis… Mais quand tu le refais une deuxième fois, après ça c’est plus dur. J’ai
descendu encore plus bas, mais t’apprends de tes erreurs. C’est ça parce que j’avais arrêté pendant
trois ans de… La consommation du crystal meth. Pis la deuxième fois que j’ai recommencé la drogue,
(10:42):
ben… Ça a été plus néfaste, parce que j’ai repris le même cercle vicieux, les mêmes
erreurs. Pis là, y est arrivé une maladie mentale. Pendant cinq ans, y est arrivée la psychose. En
fait, comment ça avait commencé, c’est que j’avais l’impression que mon ex allait pas travailler.
(11:03):
Pis lui, y allait faire du chemsex pendant que… y avait pris son été de congé pour aller… Y faisait
accroire à sa mère qu’il allait travailler, mais y allait pas travailler. Pis là, de ça en
est découlé une psychose. Pis je me promenais sur le territoire Montréal-Ottawa. Et j’avais
l’impression que les gens avec qui que… Les gens comme avaient arrêté de me parler un peu partout.
(11:28):
Pis là, ben tu ramasses, veut, veut pas, tu te fais une histoire rocambolesque d’à-peu-près :
tout ce qui t’arrive dans ta vie, tout le monde est contre toi. Pis là, les voix ont commencé. Là,
ça commence par un son, pis là une voix, pis là les voix prennent de l’amplitude, pis là une voix
en devient cinq. Au début, tu leur parles parce que tu ne comprends pas c’est quoi, pis tu crois
(11:53):
quasiment que tu fais de la télépathie, mais… [exclamation] parce que c’est à peu près comme ça
tout le temps, mais… parce que c’est pas normal, t’en as a jamais eu, fait que là tu cherches à
comprendre c’est quoi qui se passe. Pis là après ça ben, c’est de réussir à : OK non, c’est juste
dans ma tête. Pis il faut que tu réussisses à te ramener à la réalité, à… Que ça, c’est à peu près
(12:16):
deux ans, d’arrêter d’y croire, pis d’arriver à un seuil de, tsé les voix escaladent toujours,
fait qu’après ça, c’est les rétrograder. Et après ça, c’est trois ans de travail de réussir à les
ramener au point zéro, de ne plus en avoir là [exclamation] Fait que… C’est quand même tout un
(12:39):
travail. [exclamation] Quand tu commences à avoir des voix, ça peut s’étirer sur une longue période,
mais après ça, pour réussir à les éliminer, ben il faut que tu les ignores. Mais les ignorer,
c’est pas nécessairement quelque chose de facile. Une fois que, si tu réussis à les ignorer ben,
assez longtemps, pis éliminer complètement la psychose ou la schizophrénie. Mais ça, ça
(13:02):
demande un effort, ça demande des trucs. Sur une période de cinq ans, c’est quand même une longue
psychose. Mais, y a des éléments qui s’enlèvent toute seuls de l’histoire, comme y a bien des
gens que tu rencontres, qui ont rien à voir dans cette histoire-là, mais… [exclamation] Parce que
tu fais toute juste mettre dans le même bateau, pis ça devient une histoire sans queue ni tête.
Mais ce qui est juste à la base, sûrement juste une vendetta que quelqu’un qui t’aimait pas, ben
(13:26):
le temps que ça t’absorbe toute ta concentration là-dessus, ça te dérange constamment parce que
t’as juste ça dans la tête, parce que tes voix, y viennent juste te parler de ça. Fait que ça tourne
en rond, pis ça aboutit jamais. [exclamation] Jusqu’à tant qu’au moment que t’enlèves les
voix. Trouver des trucs pour les enlever, ça a été des essais-erreurs. Pis je me suis mis,
je suis parti de mon ancienne belle-mère qui m’a dit : «ben, pratique tes jokes». Fait que je
(13:52):
suis parti de ça, pis je me suis mis à parler tout seul. Pis du fait de parler tout seul,
ben là j’ai faite, ah ben, j’ai plus de place pour parler dans ma tête. Ça fait que, je me
parlais à voix haute. Mais quand tu pratiques des jokes, tu les fais à qui ton humour? Ben tu te le
fais à toi-même. Fait que, je me suis mis à parler tout seul, pis à me faire de l’humour. Pis après
ça, ça a été d’apprendre des textes. Je me suis rendu compte que quand j’apprenais quelque chose
(14:12):
par cœur, ben j’avais plus de concentration. Fait que, je me suis mis à apprendre les grands textes
des grands auteurs, pis à faire de la lecture, moi qui a jamais vraiment… Jamais vraiment aimer
lire. Mais, je me suis mis à faire de la lecture pis à apprendre des textes par cœur. Je me suis
rendu compte que ça allait rechercher ma concentration, pis que ça enlevait les
voix. Pis à un moment donné, ben, hop! Je suis revenu à la réalité. Dans le fond, c’est quoi?
(14:35):
[exclamation] C’était quoi au départ qui? C’était juste une niaiserie qui en a fait une montagne,
pis juste à chercher de comprendre le pourquoi, ben ça en a fait une psychose. [exclamation]
Intervieweur (14:46):
Est-ce que la psychose a influencé ta consommation de drogues?
Louis-Joseph (14:49):
Ben, c’est ça, parce que tu cherches à comprendre qu’est-ce qui amène
les voix. Fait que, y a des périodes que je consommais, des périodes où je consommais pas.
Mais sur toute la période, j’avais des voix, mais y a des périodes où que les voix avaient arrêté,
mais comme j’ai eu une expérience qui m’a amené en prison pendant trois jours, ça fait que là,
les voix avaient arrêté. À un moment donné, j’étais allé sur une île privée au milieu de,
(15:18):
au milieu d’un lac, pis c’était tellement beau que là j’avais entendu le silence, pis oups, les
voix avaient arrêté quelques instants, mais elles réapparaissaient toujours, mais… Je cherchais
à comprendre qu’est-ce qui amenait les voix. Pis ben, tu cherches toujours à les éliminer,
mais… Fait que tu fais des tests (15:35):
drogue, pas de drogue, euh… T’en viens quand même à croire que
c’est [exclamation] de la schizophrénie, mais… La schizophrénie pis la psychose,
c’est à peu près la même affaire, c’est juste que une schizophrénie, c’est psychose après psychose,
après psychose, tandis que moi c’était toujours la même histoire, pis ça avait juste pas arrêté,
mais… La psychose, normalement, ça peut être une semaine, un mois, mais normalement,
(16:01):
c’est pas… C’est pas cinq ans là, mais la mienne a été comme exponentielle. Mais une
fois que t’en es sorti, t’en es content! Mais c’est… C’est une expérience. [exclamation]
Intervieweur (16:16):
Dans quel contexte est-ce que tu consommes des drogues aujourd’hui?
Louis-Joseph (16:19):
Avant ça, je le faisais parce que je rencontrais quelqu’un pis ça me désinhibait.
Pis je faisais des clients fait que, fallait que je sois excité. Aujourd’hui, j’ai comme
plus de… J’ai comme un partenaire que je vois régulièrement, mais je le vois une fois par
semaine. Mais, comme un partenaire, ça me suffit comparé à avant où est-ce que j’en avais plein.
Intervieweur (16:39):
Est-ce que t’as des trucs à partager
pour que la consommation soit plus sécuritaire?
Louis-Joseph (16:45):
Ben c’est de s’informer sur les drogues. C’est sûr que quelqu’un qui a une vie
très rangée pis qui en consomme peu régulièrement, pis si c’est une drogue que je ne connais pas,
ben… Ça peut amener des effets négatifs que quelqu’un d’autre a déjà vécus,
(17:05):
mais que lui connaît pas. C’est pour ça que, un peu, j’essaie de donner mon expérience sur c’est
quoi les côtés négatifs de la drogue? Parce que c’est pas nécessairement connu de ceux qui sont…
Qui en ont jamais consommé ou qui en consomme peu, ou euh… Ça peut avoir des aspects plus
intéressants. Mais avant de consommer certaines drogues, il faut savoir les effets néfastes.
(17:28):
Quelles sont les conséquences que peut amener à long terme et à court terme, plutôt que juste de
faire (17:33):
Ah ben oui, je vais essayer, ça va être le fun, mais… [exclamation] C’est comme quelqu’un qui
prend du crack une fois, ben… Le crack, ça peut te rendre super addictif, pis après ça, ben… C’est
vraiment l’enfer pis tu descends rapidement, parce que tu veux en refaire, t’en refais, t’en refais,
t’en refais, tu veux tellement en refaire que tu te ruines. Ta maison est hypothéquée, un peu
comme le jeu. [exclamation] J’en ai entendu des histoires du crack là, fait que… Fait que c’est
(17:58):
ça, pis avant d’essayer une drogue, ben c’est de savoir que, tsé quels sont les effets néfastes qui
peuvent arriver en fonction de la consommation qui pourrait devenir régulière ou… Ben, c’est
un peu dur de combattre l’addiction, mais… Ce qui combat l’addiction, c’est l’abstinence. [rire] Ou
une très grande rigueur, mais… Y en a qui réussissent à avoir tellement de rigueur que,
(18:23):
sont capables de consommer pis de pas voir leur vie s’écrouler,
mais… D’autres qui partent dans le chemsex, pis ça devient un plaisir tellement exaltant
que, sont pas capables de maintenir leur travail, sexe et plaisir, de jongler avec les trois.
Intervieweur (18:45):
Je te laisse le mot de la fin.
Louis-Joseph (18:48):
Ben, toujours bien informer avant de consommer, sur qu’est-ce qu’on consomme,
pis de faire tsé des fois de… Y a tellement d’organismes à Montréal
qui peuvent tester des drogues avant la consommation pour être sûr de ce
que tu consommes parce que des fois, ton dealer, c’est pas nécessairement ton ami.
Lui-même, il sait pas nécessairement ce qu’il vend, fait que… tsé, s’informer, de
(19:09):
vérifier c’est quoi que nos drogues contiennent, pis avoir tous les outils en main dans le fond
pour avoir une consommation plus sécuritaire, pour éviter les effets négatifs de la drogue.
Intervieweur (19:21):
Merci Louis-Joseph.
Louis-Joseph (19:28):
Plaisir!
C’était un épisode de Chemstory. Abonnez-vous pour être informé de la parution
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une liste de ressources d’aide et de soutien en lien avec le chemsex, visitez Chemstory.ca
Cette série balado aborde la consommation de drogues et la sexualité. Si vous ou une personne
de votre entourage avez besoin de soutien, des hyperliens vers des ressources d’aide
sont disponibles dans le texte de présentation de l’épisode et sur le site Chemstory.ca. Vous
(00:22):
écoutez Chemstory, une série balado créée par des personnes ayant une expérience vécue de Chemsex.
Intervieweur (00:29):
Bonjour Louis-Joseph.
Louis-Joseph (00:33):
Bonjour.
Intervieweur (00:34):
T’as accepté de raconter ton histoire de chemsex.
Ça a été quoi tes premières expériences de consommer de la drogue de façon générale?
Louis-Joseph (00:42):
En fait, j’avais jamais consommé de drogues jusqu’à… À 18 ans,
j’ai fumé un joint pis avant ça, bien j’avais eu des relations sexuelles dans un état d’ébriété de
cannabis, pis j’avais pas mal aimé le feeling. Pis après ça, c’est devenu régulier, ça fait qu’à
(01:02):
chaque fois que j’avais des relations sexuelles, ben je faisais du cannabis, mais si
l’autre en consommait pas, ben j’en consommais avant de rencontrer un partenaire. Pis c’est
devenu régulier. Mais du cannabis, j’en ai fumé quasiment tous les jours. On dirait que, plus des
(01:25):
fois il y a des drogues qui après ça, on délaisse pour certaines autres parce que celles-là vient
nous chercher un peu plus que d’autres. Pis ça aujourd’hui, du cannabis, je suis presque plus
capable d’en consommer. Mais à une époque, la vingtaine, j’en consommais tous les jours. Après
ça, ça a été… J’ai expérimenté de l’ecstasy. T’as un partenaire régulier, pis là tu dis : «ah ben,
(01:51):
je veux essayer ça, ça te tente-tu?». Fait que tu veux essayer avec lui pour voir qu’est-ce que ça
va faire. Ça va être extatique comme c’était la première fois. Après ça, c’est le speed. Après ça,
je me souviens qu’on allait, on allait au bar. On finissait la soirée au sauna parce
qu’on avait consommé de l’amphétamine. Après ça, ça a été le crystal meth. Mais le crystal
(02:13):
meth, je comprends pas trop l’effet au début. Mais celle-là, tu te sens juste plus excité,
t’as juste plus envie de sexe, pis tu comprends pas trop le buzz, pis là
t’as… T’es vraiment horny, mais t’arrives pas à avoir d’érection, mais tout ce que tu as envie,
c’est d’avoir du sexe, pis… [rire] celle-là, tu ne la comprends pas trop, mais après ça, ça a été
(02:36):
la kétamine. La kétamine, ça endort un peu, ça rend engourdi, tu te sens un peu buzzé, pis… Le
champignon magique, j’ai essayé quelques fois, mais la seule fois où est-ce que ça a vraiment
embarqué, j’avais fait une ecstasy, fait que ça faisait un drôle de mélange. [rire] Fait que le
(03:00):
crack, ça est une, mais, je l’ai essayé, mais j’ai pas embarqué, mais… L’odeur me dégueulait
tellement. C’est un peu bizarre, mais les gais sont plus sur le crystal meth, les hétéros sont
plus crack. Quand le gars fait les deux, ben c’est parce qu’il est bi. Tu lui demandes
qu’est-ce qu’il consomme pis dépendant de ce qu’il consomme, tu peux savoir son orientation
sexuelle! [exclamation] Du GH… Le GH, ça t’enlève la… ça te rend comme saoul un peu,
(03:27):
mais ça désinhibe pour 1 heure. T’as comme l’impression d’être saoul pour 1 heure,
pis là, t’as plus d’inhibition. Et quand t’es saoul, normalement t’es un peu plus cochon,
t’es un peu plus feeling au lit. Fait que cette drogue-là, j’avais bien accroché, mais j’avais
vu les effets néfastes que ça pouvait faire que d’être accro. J’ai eu l’expérience d’être livreur
(03:52):
pour un dealer. Fait que j’ai rencontré comme les pires scénarios possibles de… qu’est-ce que ça
fait quand… qu’est-ce t’apporte la surconsommation de telle, telle, telle, telle drogue? Parce que tu
savais que la personne consommait telle drogue. Fait que tu voyais comme : OK,
si tu surconsommes du GHB, ça va devenir une consommation régulière qui est un GH à l’heure.
(04:13):
Pis après ça, quand t’es en manque, ben t’as des tics, pis là tu peux… Tu peux avoir un torticolis,
pis rester comme ça pendant des heures jusqu’à tant que t’en prennes euh… Pis le sevrage est
vraiment difficile du GH. Fait que là, j’ai eu une peur de… À peu près toutes les drogues de rester
(04:33):
accro parce que c’est ça, quand tu commences une drogue, la personne avec qui t’en fais, elle va te
donner les avantages, mais elle te donnera pas les inconvénients. Fait que, au moins j’ai eu
ce travail-là, fait que ça m’a empêché peut-être d’avoir une surconsommation de certaines drogues
en voyant les effets néfastes qui auraient pu en découler de ces consommations-là. Parce que j’en
avais autant que je voulais, mais est-ce que je voulais en consommer autant que je voulais? [rire]
Intervieweur (04:59):
Qu’est-ce que ça t’apporte de prendre des drogues dans un contexte sexuel?
Louis-Joseph (05:03):
Ben moi je dirais que j’étais quelqu’un d’assez timide… Mais quand même
extraverti sexuellement, mais introverti dans la vie. Pis un peu, drogue après drogue, expérience
après expérience, ça m’a un peu désinhibé à… Par rapport au contact physique avec les autres gars
(05:28):
ou c’est ça, la drogue m’a apporté un peu la désinhibition que j’avais pas nécessairement
dans la vie, pour me dégêner. Fait que je consommais des drogues pour être à l’aise
avec l’autre personne, arriver à m’exprimer avec plus de facilité. En même temps, être plus
social. C’est un peu comme fumer la cigarette. Tu te mets à fumer, fait que tu côtoies des
(05:53):
gens qui fument la cigarette. Là, tu consommes du cannabis, fait que là, tu deviens ami avec
ceux qui consomment du cannabis. Tranquillement pas vite, ben tu
changes de drogue, pis t’en rencontres des plus addictives, fait que… Mais tu rencontres quand
même un réseautage que tu fais avec la drogue en question. Pis tu découvres
(06:17):
que ah ben, cette drogue-là, les gens ont des relations sexuelles, fait que… moi,
c’est un peu une addiction, le sexe. Mais en même temps, ben la drogue, ben ça en est une autre,
fait que là… Tu découvres comme ça d’autres drogues, pis tu en fais de
plus en plus, plus régulièrement, pis là, ça fait croître ton réseau social,
mais décroître au niveau de ta carrière, de tes études, de ton avenir, parce que c’est ça,
(06:39):
c’est toujours un cercle vicieux, fait que ça, ça a des avantages et d’un autre côté,
ça a des inconvénients, mais il y a beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages.
Intervieweur (06:49):
Qu’est-ce qui a changé dans ta vie après que tu aies commencé à faire du chemsex?
Louis-Joseph (06:54):
Ça a changé ma personnalité parce que moi, j’étais quelqu’un de très gêné. Pis, j’ai
été amené à faire de l’escorte, parce que veut, veut pas, prendre de la drogue, ça coûte cher.
Quand je consommais du pot, j’avais un conjoint qui en faisait pousser. Quand j’ai commencé à
prendre des drogues plus chimiques, j’avais un partenaire qui en vendait. Mais un jour,
(07:15):
j’ai arrêté de le fréquenter, il a fallu que je me mette à la payer, mais… Je faisais déjà
de l’escorte à la base, mais ça c’est une drogue très chère, fait que… Y a beaucoup de personnes
qui consomment qui font de l’escorte parce que justement, c’est une source facile de financement.
Intervieweur (07:31):
Comment est-ce que la consommation de drogue
est devenue plus régulière pour toi après que tu aies commencé le chemsex?
Louis-Joseph (07:39):
En fait, ça, c’est en allant au sauna. Tu rencontres des gens avec qui t’as des
relations sexuelles. Pis là, j’avais rencontré un soir un gars qui m’avait fait essayer le crystal
meth. Pis celle-là, elle est très addictive. Fait que, visiblement il t’en parle pas nécessairement
(08:00):
que c’est une drogue addictive, pis que tu risques d’en vouloir, pis de recommencer, pis que
ça devient une consommation régulière. Tsé la première fois, j’ai… C’était en décembre
2013. Pis après ça, ça a été deux semaines plus tard, pis après ça, ça a été aux deux semaines,
(08:21):
pis aux semaines. Pis aujourd’hui, quand j’en consomme pas, si une journée j’en consomme pas,
je suis pas capable de sortir du lit pis… C’est tellement rendu addictif. Pis la drogue de 2014,
c’est pas la drogue d’aujourd’hui, parce que dans le temps, c’était un stimulant. Aujourd’hui,
c’est… Ils mettent autre chose pour te rendre plus accro dans la drogue que
(08:45):
la drogue elle-même. Fait que c’est pas le crystal meth que t’as accro,
c’est le fentanyl. Y mettent du fentanyl pour te rendre accro. Ça, le dealer, y parlera pas,
mais euh… Parce que lui, son but c’est de faire un profit sur ton dos, parce
que sinon il ne la couperait pas autant avec autant des substances chimiques.
Intervieweur (09:05):
C’est quoi les conséquences que ça
a eues dans ta vie de faire une consommation régulière de drogue?
Louis-Joseph (09:10):
Ben c’est ça au début, c’est ça, comme je disais, ça permet un certain cercle
social. Mais en même temps, ça vient jouer sur tes valeurs parce qu’au début, ben. Mais
à un moment donné, tu rentres pas travailler tranquillement. Fait que là… Ah ben, c’est pas
grave, ça arrive à tout le monde de «caller» malade. Mais pas rentrer travailler pour aller
(09:32):
au sauna, c’est pas nécessairement quelque chose qui est valeureux [exclamation]. Mais…
Mais tu réussis à te… Tu réussis à te croire parce que bah… T’es pas tout seul à le faire,
mais là, tranquillement, pas vite, ben… Ta vie commence à décroître tsé. Tu rentres pas
travailler, pis à un moment donné oups, ben tu tombes en chômage maladie parce
que t’inventes [exclamation] une dépression pour profiter de faire du chemsex un peu durant l’été.
(09:59):
Pis après ça, ben… Tu perds ta job pis là ben, tu tombes sur le chômage,
mais euh… Je suis retourné travailler, pis après j’ai remonté la pente. J’avais un appartement,
pis à un moment donné, j’ai perdu mon appartement. J’ai quelqu’un qui m’a aidé,
mais tsé à partir de ça, c’est tes références qui sont difficiles à reprendre quand tu t’es fait
(10:22):
mettre dehors ben… t’as pas la référence, fait que là, tu te retrouves un autre emploi, pis là ça
recommence, pis… Mais quand tu le refais une deuxième fois, après ça c’est plus dur. J’ai
descendu encore plus bas, mais t’apprends de tes erreurs. C’est ça parce que j’avais arrêté pendant
trois ans de… La consommation du crystal meth. Pis la deuxième fois que j’ai recommencé la drogue,
(10:42):
ben… Ça a été plus néfaste, parce que j’ai repris le même cercle vicieux, les mêmes
erreurs. Pis là, y est arrivé une maladie mentale. Pendant cinq ans, y est arrivée la psychose. En
fait, comment ça avait commencé, c’est que j’avais l’impression que mon ex allait pas travailler.
(11:03):
Pis lui, y allait faire du chemsex pendant que… y avait pris son été de congé pour aller… Y faisait
accroire à sa mère qu’il allait travailler, mais y allait pas travailler. Pis là, de ça en
est découlé une psychose. Pis je me promenais sur le territoire Montréal-Ottawa. Et j’avais
l’impression que les gens avec qui que… Les gens comme avaient arrêté de me parler un peu partout.
(11:28):
Pis là, ben tu ramasses, veut, veut pas, tu te fais une histoire rocambolesque d’à-peu-près :
tout ce qui t’arrive dans ta vie, tout le monde est contre toi. Pis là, les voix ont commencé. Là,
ça commence par un son, pis là une voix, pis là les voix prennent de l’amplitude, pis là une voix
en devient cinq. Au début, tu leur parles parce que tu ne comprends pas c’est quoi, pis tu crois
(11:53):
quasiment que tu fais de la télépathie, mais… [exclamation] parce que c’est à peu près comme ça
tout le temps, mais… parce que c’est pas normal, t’en as a jamais eu, fait que là tu cherches à
comprendre c’est quoi qui se passe. Pis là après ça ben, c’est de réussir à : OK non, c’est juste
dans ma tête. Pis il faut que tu réussisses à te ramener à la réalité, à… Que ça, c’est à peu près
(12:16):
deux ans, d’arrêter d’y croire, pis d’arriver à un seuil de, tsé les voix escaladent toujours,
fait qu’après ça, c’est les rétrograder. Et après ça, c’est trois ans de travail de réussir à les
ramener au point zéro, de ne plus en avoir là [exclamation] Fait que… C’est quand même tout un
(12:39):
travail. [exclamation] Quand tu commences à avoir des voix, ça peut s’étirer sur une longue période,
mais après ça, pour réussir à les éliminer, ben il faut que tu les ignores. Mais les ignorer,
c’est pas nécessairement quelque chose de facile. Une fois que, si tu réussis à les ignorer ben,
assez longtemps, pis éliminer complètement la psychose ou la schizophrénie. Mais ça, ça
(13:02):
demande un effort, ça demande des trucs. Sur une période de cinq ans, c’est quand même une longue
psychose. Mais, y a des éléments qui s’enlèvent toute seuls de l’histoire, comme y a bien des
gens que tu rencontres, qui ont rien à voir dans cette histoire-là, mais… [exclamation] Parce que
tu fais toute juste mettre dans le même bateau, pis ça devient une histoire sans queue ni tête.
Mais ce qui est juste à la base, sûrement juste une vendetta que quelqu’un qui t’aimait pas, ben
(13:26):
le temps que ça t’absorbe toute ta concentration là-dessus, ça te dérange constamment parce que
t’as juste ça dans la tête, parce que tes voix, y viennent juste te parler de ça. Fait que ça tourne
en rond, pis ça aboutit jamais. [exclamation] Jusqu’à tant qu’au moment que t’enlèves les
voix. Trouver des trucs pour les enlever, ça a été des essais-erreurs. Pis je me suis mis,
je suis parti de mon ancienne belle-mère qui m’a dit : «ben, pratique tes jokes». Fait que je
(13:52):
suis parti de ça, pis je me suis mis à parler tout seul. Pis du fait de parler tout seul,
ben là j’ai faite, ah ben, j’ai plus de place pour parler dans ma tête. Ça fait que, je me
parlais à voix haute. Mais quand tu pratiques des jokes, tu les fais à qui ton humour? Ben tu te le
fais à toi-même. Fait que, je me suis mis à parler tout seul, pis à me faire de l’humour. Pis après
ça, ça a été d’apprendre des textes. Je me suis rendu compte que quand j’apprenais quelque chose
(14:12):
par cœur, ben j’avais plus de concentration. Fait que, je me suis mis à apprendre les grands textes
des grands auteurs, pis à faire de la lecture, moi qui a jamais vraiment… Jamais vraiment aimer
lire. Mais, je me suis mis à faire de la lecture pis à apprendre des textes par cœur. Je me suis
rendu compte que ça allait rechercher ma concentration, pis que ça enlevait les
voix. Pis à un moment donné, ben, hop! Je suis revenu à la réalité. Dans le fond, c’est quoi?
(14:35):
[exclamation] C’était quoi au départ qui? C’était juste une niaiserie qui en a fait une montagne,
pis juste à chercher de comprendre le pourquoi, ben ça en a fait une psychose. [exclamation]
Intervieweur (14:46):
Est-ce que la psychose a influencé ta consommation de drogues?
Louis-Joseph (14:49):
Ben, c’est ça, parce que tu cherches à comprendre qu’est-ce qui amène
les voix. Fait que, y a des périodes que je consommais, des périodes où je consommais pas.
Mais sur toute la période, j’avais des voix, mais y a des périodes où que les voix avaient arrêté,
mais comme j’ai eu une expérience qui m’a amené en prison pendant trois jours, ça fait que là,
les voix avaient arrêté. À un moment donné, j’étais allé sur une île privée au milieu de,
(15:18):
au milieu d’un lac, pis c’était tellement beau que là j’avais entendu le silence, pis oups, les
voix avaient arrêté quelques instants, mais elles réapparaissaient toujours, mais… Je cherchais
à comprendre qu’est-ce qui amenait les voix. Pis ben, tu cherches toujours à les éliminer,
mais… Fait que tu fais des tests (15:35):
drogue, pas de drogue, euh… T’en viens quand même à croire que
c’est [exclamation] de la schizophrénie, mais… La schizophrénie pis la psychose,
c’est à peu près la même affaire, c’est juste que une schizophrénie, c’est psychose après psychose,
après psychose, tandis que moi c’était toujours la même histoire, pis ça avait juste pas arrêté,
mais… La psychose, normalement, ça peut être une semaine, un mois, mais normalement,
(16:01):
c’est pas… C’est pas cinq ans là, mais la mienne a été comme exponentielle. Mais une
fois que t’en es sorti, t’en es content! Mais c’est… C’est une expérience. [exclamation]
Intervieweur (16:16):
Dans quel contexte est-ce que tu consommes des drogues aujourd’hui?
Louis-Joseph (16:19):
Avant ça, je le faisais parce que je rencontrais quelqu’un pis ça me désinhibait.
Pis je faisais des clients fait que, fallait que je sois excité. Aujourd’hui, j’ai comme
plus de… J’ai comme un partenaire que je vois régulièrement, mais je le vois une fois par
semaine. Mais, comme un partenaire, ça me suffit comparé à avant où est-ce que j’en avais plein.
Intervieweur (16:39):
Est-ce que t’as des trucs à partager
pour que la consommation soit plus sécuritaire?
Louis-Joseph (16:45):
Ben c’est de s’informer sur les drogues. C’est sûr que quelqu’un qui a une vie
très rangée pis qui en consomme peu régulièrement, pis si c’est une drogue que je ne connais pas,
ben… Ça peut amener des effets négatifs que quelqu’un d’autre a déjà vécus,
(17:05):
mais que lui connaît pas. C’est pour ça que, un peu, j’essaie de donner mon expérience sur c’est
quoi les côtés négatifs de la drogue? Parce que c’est pas nécessairement connu de ceux qui sont…
Qui en ont jamais consommé ou qui en consomme peu, ou euh… Ça peut avoir des aspects plus
intéressants. Mais avant de consommer certaines drogues, il faut savoir les effets néfastes.
(17:28):
Quelles sont les conséquences que peut amener à long terme et à court terme, plutôt que juste de
faire (17:33):
Ah ben oui, je vais essayer, ça va être le fun, mais… [exclamation] C’est comme quelqu’un qui
prend du crack une fois, ben… Le crack, ça peut te rendre super addictif, pis après ça, ben… C’est
vraiment l’enfer pis tu descends rapidement, parce que tu veux en refaire, t’en refais, t’en refais,
t’en refais, tu veux tellement en refaire que tu te ruines. Ta maison est hypothéquée, un peu
comme le jeu. [exclamation] J’en ai entendu des histoires du crack là, fait que… Fait que c’est
(17:58):
ça, pis avant d’essayer une drogue, ben c’est de savoir que, tsé quels sont les effets néfastes qui
peuvent arriver en fonction de la consommation qui pourrait devenir régulière ou… Ben, c’est
un peu dur de combattre l’addiction, mais… Ce qui combat l’addiction, c’est l’abstinence. [rire] Ou
une très grande rigueur, mais… Y en a qui réussissent à avoir tellement de rigueur que,
(18:23):
sont capables de consommer pis de pas voir leur vie s’écrouler,
mais… D’autres qui partent dans le chemsex, pis ça devient un plaisir tellement exaltant
que, sont pas capables de maintenir leur travail, sexe et plaisir, de jongler avec les trois.
Intervieweur (18:45):
Je te laisse le mot de la fin.
Louis-Joseph (18:48):
Ben, toujours bien informer avant de consommer, sur qu’est-ce qu’on consomme,
pis de faire tsé des fois de… Y a tellement d’organismes à Montréal
qui peuvent tester des drogues avant la consommation pour être sûr de ce
que tu consommes parce que des fois, ton dealer, c’est pas nécessairement ton ami.
Lui-même, il sait pas nécessairement ce qu’il vend, fait que… tsé, s’informer, de
(19:09):
vérifier c’est quoi que nos drogues contiennent, pis avoir tous les outils en main dans le fond
pour avoir une consommation plus sécuritaire, pour éviter les effets négatifs de la drogue.
Intervieweur (19:21):
Merci Louis-Joseph.
Louis-Joseph (19:28):
Plaisir!
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