Episode Transcript
Available transcripts are automatically generated. Complete accuracy is not guaranteed.
(00:00):
Cette série balado aborde la consommation dedrogues et la sexualité.
Dans cet épisode, il sera également questiond'abus sexuels.
Si vous ou une personne de votre entourageavez besoin de soutien, des hyperliens vers
des ressources d'aide sont disponibles dansle texte de présentation de l'épisode et sur
le site Chemstory.ca.
(00:25):
Vous écoutez Chemstory, une série baladocréée par des personnes ayant une expérience
vécue de chemsex.
Kawish:
Bonjour, je m'appelle Kawish. (00:37):
undefined
Je suis d'origine autochtone de la réserve Betsiamites.
Intervieweur:
Bienvenue à Chemstory. (00:41):
undefined
Pour commencer, peux-tu nous expliquer çavient d'où ton surnom?
Kawish:
Ben ça Kawish, c'est un surnom que... (00:45):
undefined
Ben le monde avait instauré ça ce nom-là, parce qu'ils voulaient m'écoeurer icitte en
ville. Tsé un kawish, normalement c'est unvilain mot que tu dis pour les autochtones.
Tsé c't'une une gagne de sauvages,regarde-moi la gagne de kawishs là-bas, tsé.
C’est les blancs qui nous appellent de même,pis c'est pour nous insulter.
Mais non, le gars y m'crie ça de même :
«Hein mon ostie de Kawish...» «Aïe, j'ai (01:07):
undefined
dit, tu viens de trouver mon nom!» Depuis cetemps-là, c'est tout le temps resté Kawish,
tsé. Pis y a bien des indiens qui me disent : «Tu te fais appeler Kawish, toé?» Aïe, j'ai
dit (01:18):
«Regarde, je m'en vais chez nous, vous
me traitez de blanc.
Pis j'ai dit au moins, eux autres, ils mereconnaissent en tant qu'autochtone, ostie,
pis regarde je suis bien content de porterle nom de Kawish».
Pis j'ai dit (01:25):
«Il y en a pas 50 qui portent
ce nom-là, y en a un seul à Montréal».
Pis crois-moi, quand tu parles de Kawish,tout le monde sait c'est qui.
Parce que j'ai fait, j'ai fait beaucoup pourle monde de la rue là, tsé.
Quand je suis parti de la réserve à l'âge dequatre ans, ma mère m'a placé dans une
famille d'accueil. Je suis rendu assez vieuxpour comprendre c'est quoi qui est arrivé.
C'est que ma mère était pas capable de garder deux enfants.
(01:47):
Elle avait quatorze ans, s'occuper de deuxenfants là, ouais...
Pis elle est bipolaire en plus. Pis, elle aeu ma sœur à treize ans.
Pis moi je suis venu au monde après, mon pèreavait 69 ans.
Un pédophile, ostie, y appellent ça unpédophile.
Mais ils voyaient pas ça de même dans cetemps-là eux-autres, ils voyaient la
sécurité. La sécurité financière étaitbeaucoup plus important que l'amour.
[ricannement] C'est vrai pareil.
(02:09):
Mais dans ces années-là, eux autres lesréserves indiennes, si le bonhomme avait de
l'argent, tout était permis parce quec'était un beau parti.
En famille d'accueil, j'ai eu vraiment detrès bonnes familles d'accueil.
Ça j'ai pas un mot à dire.
Ça a été des gens en or.
Tout allait bien, c'est juste parce que dèsque j'arrivais à l'école, c'était là mon
problème. Règlements...
L'école, ça non.
(02:31):
J'aimais pas l'école déjà en partant.
Pour moi, l'école ça représentait beaucoupplus l'autorité qu'une famille d'accueil.
Mais parce que j'ai tout le temps cherché maplace, pourquoi?
Parce que j'ai jamais eu ma place nullepart.
Ni à l'école, ni dans les famillesd'accueil, ni sur ma réserve.
Regarde... À un moment donné, ils medemandaient : y en a qui me traitaient de
(02:51):
blanc, y en a qui me traitaient d'indien, j'ai dit : «Là, là, décidez-vous!» Pis à la
longue, j'ai compris que j'étais comme un Mini-Weaths, fait que j'ai deux côtés : mon
petit côté givré, pis mon petit côté 100% sérieux.
[rire] J'ai appris à la longue avecl'humour, c’est ça qui m'a fait que, je m'en
suis vraiment sorti parce que...
Avec la vie que j'ai décidé de faire, y a desfois que c'était pas toujours évident, tsé.
Intervieweur:
Pourrais-tu nous parler de tes premières
expériences avec les drogues? (03:14):
undefined
Kawish:
Les premières années, c'était des petits
joints. (03:18):
undefined
C'était quand même pas si pire, parce quej'ai commencé la poudre quand j'avais...
J'ai travaillé, j'avais seize ans.
Je travaillais dans un moulin à scie.
Donc, quand j'ai eu ma paye, j'ai commencé àme faire entraîner par un chum.
Pis à un moment donné, je travaille denuitte avec lui, pis j'achète pour 100$ de
poudre. Moi je sais pas quossé que ça fait.
(03:38):
Ils mettent toutte la poudre sur le miroir.
Il prend juste une ligne, pis il me laissetoutte le reste.
Moi, je sais pas c'est quoi. Je te sniff toutte ça...
Hé tabarnac mon gars... Je suis arrivé cheznous, je m'endormais pas pantoute, ostie
j'étais pas capable. Pis là, je me dis :
«Crisse, faut que j'aille me coucher, je (03:50):
undefined
travaille cette nuitte moi encore...» Ben,en tout cas, laisse-moi te dire que cette
fois-là, j'ai su c'était quoi de la poudreen ostie.
L'autre il riait, il riait pas à peu prèsmon chum, mais c'est comme ça que j'étais
venu habitué à ces genres de drogues-là.
Pis après ça, j'ai tombé en ville.
(04:12):
Pis c'est là que j'ai commencé à me"crinquer" junkie...
Intervieweur:
Et comment ça s'est passé pour toi, la
découverte de la sexualité? (04:15):
undefined
Kawish:
Ma première expérience sexuelle, j'avais 17
ans. (04:19):
undefined
Fait que je peux dire que c'est vraimenttard. Pis j'étais dans la campagne, ça fait
que c'était une fille.
Elle, elle t'avait une sacrée paire debumper pour son âge en tout cas...
Elle était pas grande, mais c'est...
c’était ma première blonde.
Ma première expérience en plus, on pouvaitpas faire ça chez nos parents, ni dans ma
famille d'accueil tsé, mais la premièreplace on avait été dans une cabane à sucre,
(04:41):
en plein hiver, pas de chauffage, rien.
Un vieux divan de Caravan bleu en plus, jeme souviens de ça!
[rire] On avait fait ça là.
Ah tabarnak! Pis je sais pas si tu sais lapremière fois, ça dure jamais longtemps.
[rire] La sensation que ton pénis, y a jamaissenti vraiment ça la chaleur d'un corps là,
c'est pas pareil tsé. Pis avec les années,on apprend beaucoup plus d'expériences.
(05:03):
Mais sinon, c'était ça ma premièreexpérience pas mal..
Intervieweur:
Pourrais-tu nous parler de comment t'as connu
la sexualité entre hommes? (05:07):
undefined
Kawish:
Tsé, j'avais 17 ans dans ce temps-là. (05:12):
undefined
J'étais quand même beau bonhomme, pis j'étais sur la brosse.
Ça faisait deux jours que j'étais sur la brosse. Pis à un moment donné, je m'endors
sur le divan, pis (05:18):
«Ah oui, c'est qui la
fille qui suce de même?
Ostie que c'est bon».. Pis tu te réveilles, pis tu te demandes c'est qui qui fait la
fellation? Tu dis «Ah ouais!» Je m'ouvre lesyeux, je te vois tu pas: c'est le gai du
village, tout le monde le connaît, tsé.
Moi j'étais sûr que c'était une femme, bien non, je me réveille, ostie...
Paf, c'est un gars! Hé ciboire!
Pis je remarquerai toujours son ostie desourire: y a pas de dents en avant.
(05:41):
Il me regarde tout souriant, en voulantdire: «Es-tu satisfait?» Mon tabarnak.
C'est des choses qui...
Ça se fait pas, tsé. Surtout que moi,j'étais bien aux femmes.
J'avais regarde [rire] J'avais les plusbelles femmes sur la réserve, comme je
voulais tsé. Dans le fond, cette fois-là,j'avais pas aimé ça.
Bien... Pas aimé ça, je veux dire...
La façon que c'est arrivé, c'était pas, pasde même que j'aurais aimé ça le découvrir.
(06:04):
Pis à partir de ce moment-là, j'étais"fucké" après ça.
Pis comme je te dis, les premières années,j'avais de la misère à me laisser aller.
Mais, c'est grâce aux drogues que ça m'apermis de me laisser, de me laisser aller
beaucoup plus, moins stresser.
Mais un coup que j'ai tombé avec, comme je tedis, de l'ecstasy, pis ces choses-là, c'était
(06:25):
ben différent parce l'ecstasy, il ouvretoutes tes sensations, toutes tes zones
érogènes. C'est pas la même chose, tu sensbeaucoup plus...
Ça augmente ton plaisir sexuel de 110 %comme on dit.
T'es plus facile d'approche aussi tsé, ça...
La glace, elle brise plus.
Ben, ça fait ressortir ton côté féminin, jete dirais ben.
(06:48):
Pis, c'est là qu'y a beaucoup de chosesbien plus agréables, tsé.
Comme la sensation d'avoir un pénis dans lederrière.
Il y en a qui vont dire (06:54):
«Ah tu fais ça!» Ben
c'est la même affaire qu'une femme qui va
obtenir son désir par le point G, ben nousautres, le point G est en arrière.
Bon, c'est par la prostate qu'un homme estcapable de venir, donc quand tu fais, ça fait
deux, trois fois que tu te le fais toucher, veut veut pas, ton expérience est pas
pareille pantoute. Quand c'est bien fait.
C'est sûr que sur la dope ça m'a, j'ai eubien des ouvertures d'esprit.
(07:17):
C'est comme, je te dirais, les Dilaudid ou bien non les opiacés, eux-autres vont
ralentir quand tu viens.
Tu viens pas tout de suite.
Pis que moi j'étais un éjaculateur précocequand j'étais jeune, ben donc j'ai plus tombé
là-dedans parce que c'était plus ça monstyle.
Intervieweur:
T'as vécu les 30 dernières années de ta vie
dans la rue. (07:33):
undefined
Peux-tu nous raconter comment ça a commencé?
Kawish:
J'avais 18 ans, dans ce temps-là pis j'étais
un peu tête folle. (07:39):
undefined
Fait que, j'avais dépensé mon premier chèqueque j'avais, tsé j'avais toutte dépensé, ben
là. Pis, j'ai commencé à dormir dehors sousun espèce de viaduc là, parce qu'au moins il
mouillait pas, tsé. Pis c'est comme ça quej'ai commencé à être dans rue.
Quand t'es jeune, tu peux dormir sur lebéton, pis toutte, ça dérange pas, on est
(08:00):
faite fort. Pis c'est là que j'ai commencé àaimer la rue, parce que tsé, pour un gars qui
aime pas l'autorité, ben là j'étais choyéparce que y avait rien.
Y avait pas de règles de la société qui medit: «faut que tu te lèves à 8 h, faut que tu
fasses ci, faut que tu fasses ça».
Il n'y avait pas d'affaire qui fauttravailler pour gagner ton pain, tsé.
Je me levais à l'heure que je voulais, pis yavait pas personne qui m'écoeurait, pis...
Y a un gars qui m'a dit à Limoilou, il dit :
«C'est un vrai trip, pis c'est gratuit». (08:20):
undefined
Moi, le mot gratuit déjà m'a séduit.
[rire] J'ai dit (08:26):
«OK, je m'en vais là».
Mais là, il sort ça (08:29):
deux seringues
flambant neuves.
Au moins, elles sont flambant neuves, il me les montrent, pis..
. Il me pique ça dans le bras, tsé... Uneinjection de cocaïne, pis la moitié d'un
quart. Je sais pas si tu sais, mais lepremier buzz que t'as là-dessus là: Wow!
C'est pour ça qu'on continue tout le temps les junkies.
Pourquoi? Parce que tu veux récupérer tonpremier buzz que t'as eu.
Mais c'est fini, ça. Tu n'auras plus jamais.
(08:50):
Ça a faite son temps parce que j'ai étéjunkie pendant...
Ben, après ça, j'étais...
Jusqu'à y a pas longtemps, j'ai arrêté là.
Mais sinon j'ai faite, je peux te dire aumoins 25 ans de junk, pis sur la poudre...
Mais à un moment donné, j'ai arrêté la poudreparce que j'étais plus capable à cause des
psychoses toxiques. Pis moi, quand je teparle de psychose toxique, c'est ma pire
(09:11):
phobie. Imagine-toi ce que t'as le pluspeur, bien c'est ça qui apparaît.
Moi j'ai peur des serpents, fait que je voisdes serpents, pis je les entends.
Mais ou ben non à un moment donné, je mesentais comme étouffé, comme un boa
constrictor. J'avais l'impression qu'y avaitun boa sur moi, mais aïe...
On est au Québec, sacrament, y fait assez frette...
y a pas un serpent qui va vivre icitte, tsé!
Pis en tout cas, je sais pas pourquoi, j'aipeur de ça.
(09:31):
Peut-être à cause euh... À cause que je suisreligieux, je suis catholique.
Pis pour moi, le serpent représente le mal,l'enfer, le diable, pis...
C'est peut-être à cause de ça, je le saispas, mais je sais que je déteste ces
bibittes-là, je suis pas capable.
J'en vois à la TV pis je capote.
Le poil y m'dresse sur le boutte des bras, ostie, juste en en voyant à la TV,
(09:53):
imagine-toé. C'était pas agréable à mon casde...
De faire le sexe là-dessus parce que j'avaisla tête bien trop ailleurs, pis je voyais des
serpents partout... Parce que quand j'étais sur la cocaïne, oublie ça!
Je bandais pas. Pis là, j'avais pas deplaisir parce que je voyais des serpents pis
toutte... Ça fait que, c'était pas agréable pour l'autre non plus, tsé, il payait pis
(10:13):
tout ce qu'il voyait, c'est un gars en trainde mâcher de la gomme, là tsé pis, euh...
en tout cas, ou danser pis y a pas de musiquelà [rire].
Intervieweur:
Donc, t'as fait le travail du sexe pour
t'aider à payer ta consommation? (10:20):
undefined
Kawish:
Ouais. Avant ça, c'était payant, ouais. (10:24):
undefined
T'avais des beaux montants, tsé.
Les premières années, quand j'étais jeune,mais c'est vrai que je suis plus aussi jeune
là... Dans ce temps-là, vois-tu, y m'avaitamené chez eux, pis il m'avait offert 160
piastres pour un golden shower. Moi, jesavais pas c'était quoi.
Fait que j'm'en vais chez eux, pis il me dit : «Déshabille-toi, va dans la douche».
J'ai dit tant mieux, au moins y en a un quiaime ça qu'on est propre, ostie.
(10:46):
Parce que j'avais comme l'image toujours d'une graine qui pue, pis tsé les vieux
câlisse de cochon qui se lavent pas, pis queça fait trois, quatre jeunes qui passent pis
tsé... Y sont venus dans leurs shorts, pistoé y faut que tu te mette la bouche là
-dessus. T'es le cinquième là, tsé.
C'est pas très ragoutant en tout cas!
Pis là, y me dit (11:01):
«Mets-toi en p'tit
bonhomme».
Je me mets en p'tit bonhomme... Y me pisse dessus!!! Y dit : «C'est ben beau, rhabille
-toé!». Pis il me donne 160 piastres.
Lui, dans sa tête, c'était, le but c'étaitde...
C'est une façon de dominer la personne.
Moi je domine pis... Fait que, quossé j'ai faite?
Juste pas loin à côté, y avait un sauna.
Je suis rentré dans le sauna. J'm'en câlissais, je venais de faire 160 piastres.
20 piastres le sauna, y me reste encore 150piastres de poudre à acheter.
(11:23):
Fait que, tsé... Whatever.
C'est parce que, à force d'être dans lamisère, à un moment donné, tu finis par faire
des choses que... J'aurais jamais pensé àl'âge de 17 ans, faire ça.
Parce qu'eux autres, ce qu'ils aiment,c'est...
C'est l'âge. Un petit jeune.
Eux-autres y se sentent vigoureux, tsé. Mêmes'ils bandent pas, y s'en câlisent là tsé!
C'est le fait d'avoir une compagnie à côtéde lui, c'est juste ça.
(11:45):
Pis, même aujourd'hui, c'est rendu que dansle Village, quand tu veux faire des
bonhommes, mettons, l'expression là...
Ils veulent pas payer plus que dix piastres.
Tabarnak! Excuse-moi, mais dix piastres, tuvas pas chier avec ça là.
T'as même pas un paquet de cigarettes aujourd'hui, tsé!
Mais surtout, que rendu comme je te dis, àl'âge que j'ai...
J'ai quand même un certain charme, pis c'estsûr que j'ai pas de dents, fait que ça aide
(12:05):
[rire] Tsé!
Je suis plus aussi attrayant que quandj'avais 20 ans, tsé.
Intervieweur:
Dans tes années où tu vivais dans la rue, c
omment ça se passait pour toi la sexualité? (12:12):
undefined
Kawish:
Ben y avait pas de maison, par contre,
l'intimité je suis capable d'aller la (12:18):
undefined
chercher dans les saunas. Pis, il y avait dessaunas qui étaient ouverts en bas de la
ville. Y était marqué (12:25):
«Entrez par en
arrière».
[rire] La première fois, ostie que je l'ai ri celle-là, man.
J'ai dit (12:30):
«Tabarnak, y osent marquer ça en
plus, man».
J'ai dit voyons donc... Mais tsé, c'estvraiment la porte d'entrée était là, en
arrière, tsé. En tout cas, je te l'avait ri,en ostie celle-là, je l'avais ri longtemps.
Ça tapait à l'oeil [rire] Pis comme je tedis, j'allais là.
J'étais capable de trouver de l'intimité là.
Parce que, les premiers temps, où j'allaismême au sauna des fois, je fermais ma porte
(12:53):
pour pas que personne rentre, parce que...Tsé pour moi dans ma tête, c'était: une fois,
c't'assez. Pis comme je te dis, une autrefois, j'ai...
J'ai essayé d'aller voir à jeun, pis touttevoir quossé que ça allait faire, si comment
j'étais. Pis je me suis ramassé dans unsauna, justement de même.
Moi, j'étais couché sur une table, pis y enavait sept autour de moi.
J'en avais partout, dans toutes lesorifices là tsé.
(13:14):
Pour te dire que si j'avais voulu, j'auraispu être la plus grande salope qu'y a pas.
Mais ça, c'était vraiment pour me persuaderou pour voir jusqu'où je pouvais aller,
jusqu'à quel point que je pouvais aimer ça.
Ben c'est une expérience à vivre.
Tsé, c'est pas pareil, mais c'est différent.
Ça fait comme... Pour un gars qui s'estsenti à part de tout le temps des autres,
(13:34):
ben là, j'étais pas à part, j'étais...J'étais le centre d'attraction, c'est le cas
de le dire. Tsé, c'était moi le buffet àvolonté!
Vraiment sur le coup là, je pensais...
Je pensais pas que ça serait ma tasse de thécomme avec les femmes, en tout cas.
Je me suis aperçu comme je t'ai dit quej'étais aux deux.
Mais oui, je consommais beaucoup par exemple.
C'était surtout pour payer ma consommation,souvent que je faisais ça.
(13:56):
Jusqu'à temps qu'un jour, j'ai décidé...
J'avais rien, aucune promesse d'argent.
J'ai dit (14:01):
je vais aller voir ostie, je vais
bien le savoir.
Pis par après, c'est là où j'ai vu que...
c'était vraiment plus le plaisir que jerecherchais, que l'argent ou même tsé, la
dope ou quoi que ce soit.
Intervieweur:
Fait que tu nous a dit que t'as complètement
arrêté de consommer. (14:16):
undefined
Kawish:
Ouais. Un moment donné, j’ai tombé dans le
fentanyl, mais le fentanyl, euh... (14:22):
undefined
Après dix overdoses que tu meurs dans la même semaine, là tu dis: «OK, je pense que
c'est pas fait pour moi ça». J'ai étéchanceux parce que j'ai quand même été un
intervenant de rue pis je savais à peu prèscomment faire que quand tu prends des
opiacés, c'est la même chose pour lefentanyl ou ces choses-là.
(14:45):
Pis quand tu consommes, arrange-toitoujours pour consommer à deux,
premièrement. Pis, pas les deux en mêmetemps.
Y en a un qu'il faut qu'il attende au moinsquinze minutes que l'autre lui donne le feu
vert pour être capable de faire soninjection, pour être sûr qu'il est apte à
pouvoir le réanimer.
Pis quand tu vas va consommer ça, toujoursimportant d'avoir une trousse de naloxone
avec soi. Pis ça sauve des viespremièrement, pis ça, je peux te le dire moi
(15:07):
-même, ça m'a sauvé dix fois la vie à date,parce que quand je savais pas où aller
consommer, que j'allais être tout seul, jem'en allais au Cactus.
Au Cactus, c'est des intervenants qualifiésqui savent comment faire pour aider le monde,
parce qu'ils m'ont quand même réanimé cinqfois là, pis regarde...
Ça prouve que ça marche parce que regarde, jesuis encore là pour te parler.
Parce que, même avec le fentanyl,maintenant on peut passer out, pis je me
(15:31):
réveillais j'avais plus jamais d'argent dansles poches!
Parce que la grosse mode, c'est ça (15:34):
ils te
donnent la dose de fentanyl, mais ils savent
que t'as de l'argent, ils vont te fairepasser out, ils vont donner une dose assez
forte pour que tu «nod» tout de suite...
Ils vont fait les poches, pis ils s'en vont,y décâlissent.
Mais sauf qu'avec la dose qu'ils t'ontdonné, c'est une dose pour tuer un cheval,
tsé. Tout ça pour te voler, ça vaut vraimentle...
Le hic, hein?
(15:55):
Non, je trouve pas moi. Pis moi, comme je tedis, je suis mort plusieurs fois.
Tsé parce que...
Non, ça me tentait pas.
Je me dis que, j'ai de quoi de mieux que çaà faire dans ma vie pis que...
Payer pour mourir?
Tabarnak, ça vaut pas la peine, pour le peuque ça donne en plus.
Pis quand c'est pas ça, quand tu te fais pasarnaquer quand tu t'endors, bien tu te fais
(16:18):
vendre d'la scrap...
Ou tu te fais vendre des affaires qui sontmême pas bons.
Ça c'est parce que ça veut dire qu'y ont misn'importe quelles cochonneries là-dedans, pis
c'est même pas du vrai fentanyl.
En tout cas... Avec toutte ceux que j'aivu, pis avec toutte ceux qui sont tombés
proches de moi, non.
J'ai vu plusieurs de mes amis s'en aller.
Je peux pas continuer à rester comme ça,parce que...
(16:38):
Pis j'ai plus l'âge, j'ai plus l'âge devraiment consommer.
Je te l'ai dit, je suis rendu avec del'arthrose, je marche avec une canne, ça non
plus, je peux plus être dans la rue, pisc'est dur consommer dans ce temps-là, avec
ça tsé. Fait que non...
C'est depuis ce temps-là que j'ai décidéd'arrêter tout ça.
Intervieweur:
C'était pour te faire un cadeau pour tes 50
ans! (16:54):
undefined
Kawish:
Exact! Je me suis dit la moitié de ma vie,
j'ai brûlé la chandelle par les deux bouts, (16:57):
undefined
pis j'ai consommé toutte ce qu'y avait àconsommer. Ben j'ai l'autre moitié qu'il me
reste, parce que j'estime qu'une vie,normalement c'est 100 ans.
Essayer d'aider mon prochain à place [inspiration] dans n'importe quoi, comme
devenir pair aidant ou ces choses-là.
J'essaie de voir la vie dans le futur, pasvivre dans le passé tsé, parce que vivre dans
le passé, tu change rien dans le passé.
(17:20):
T'as juste des remords, pis des regrets,pis de la culpabilité, pis tout ce qui est
néfaste. Tu regardes tout ça, pis tu finispar te vendre l'idée que t'es pas une bonne
personne, pis que tu mérites pas d'êtreaimé.
Ça, c'était des raisons que je me donnaisjeune là.
Ah, c'est parce qu'ils m'aiment pas, parceque je suis rejeté...
(17:41):
Pis dans ma tête, j'aurais jamais pensé unjour vivre avec un homme.
Mais dans ma tête à moi, je me dis (17:45):
l'important c'est que je sois bien avec la
personne. Que ça soit une homme, une femme,c'est pas grave.
Pis si les autres ils voient un trouble là-dessus, bien regarde...
Ceux qui critiqueront mangeront de la marde!
Mais, si y faut que tu commences tout letemps à agir selon les opinions du monde, tu
vas arrêter de faire des choses juste parrapport à ce que le monde te juge.
(18:06):
Ben non, tsé, je veux dire...
C'est la société qui définit c'est quoinormal.
Dans le fond, toutte est normal pour moi, tsé.
Moi à un moment donné ben regarde, c'est moi qui a décidé de...
Que je me câlissait de ce que le monde pensait.
À partir de ce moment là, où est-ce que j'aiagi comme ça...
Tu vas le dire à tout le monde (18:23):
je suis
homosexuel, pis.
Bon, astheure que tout le monde le sait, avez-vous d'autres choses à dire dans mon dos?
Non. Bon, ben regarde tout le monde le sait, bon ben c'est beau crissez-moi la paix.
Passez à un autre appel.
Parle du voisin à place, tsé.
Arrêter de se fier au jugement, pis selaisser plus vivre, c'est comme ça que tu
t'épanouis pis que t'es capable d'acceptercomment que t'es, tsé.
Fait que je dirais aux parents regarde, sivous avez un de vos enfants qui a décidé
(18:46):
d'être gai ou qui est bisexuel, acceptez-leplutôt ostie parce que ça va éviter justement
qu'il finisse dans l'enfer de la drogue,pis toutes ces affaires-là, devenir sans-abri
ou quoi que ce soit. Parce que pour unepersonne, si y a pas de soutien, avec la
société qu'on vit aujourd'hui là, hum...
Pauvre gars, tsé, pauvre fille...
Parce que, ils vont se sentir tellemmentrejetés qu'ils vont finir dans le fond d'une
(19:10):
ruelle comme moi j'ai faite.
Parce qu'ils se sentiront pas à leur placenulle part.
Accepte donc ton enfant tel qu'il est, pis c'est ben mieux de même.
Essaye de le protéger justement pour pas queça lui arrive des affaires de même.
Ça serait beaucoup mieux, pis que la sociétédevrait commencer à en parler ben plus de
bonne heure que ça à l'école, tsé. Si ilscommencent déjà à s'interroger de quelle
orientation qu'ils sont à l'âge de treizeans là, tsé c'est là que la puberté arrive.
(19:33):
C'est là qu'ils devraient commencer à avoirdes cours, pis que la société aujourd'hui
fait que c'est toléré deux hommes, deuxfemmes ensemble, whatever, tsé.
Mais regarde, je dirais éduquer le monde, nosjeunes d'aujourd'hui, comme ça, dans le
futur, on serait...
Y aurait pas le monde qu'on a aujourd'hui.
Intervieweur:
Merci beaucoup Kawish. (19:51):
undefined
C'était un épisode de Chemstory.
Abonnez-vous pour être informé de laparution des prochains épisodes.
Pour en savoir plus sur le projet, pourraconter votre histoire ou pour une liste de
ressources d'aide et de soutien en lien avecle chemsex, visitez Chemstory.
(20:14):
ca